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Macron, la France et l’Afrique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 juin 2021 à 02:59

Depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 qui a mis un terme à la “guerre froide” et le discours de la Baule, dans lequel Mitterrand conditionnait l’aide de la France aux pays Africains à plus de démocratie ; la France semble peiner à avoir une politique Africaine cohérente.

Chaque Président y va de sa stratégie et sa politique, dont la lisibilité échappe parfois même aux initiés.

Antoine Glaser, journaliste français et auteur de plusieurs livres sur la relation France-Afrique s’interroge en ces termes : « les dirigeants africains sont-ils devenus maitres du jeu dans la relation avec la France ? »

Il faut dire qu’outre le changement de génération, le cadre des relations est passé de la « tutelle » à la mondialisation. Ce qui a fait subir de profondes mutations tant politiques, économiques que culturelles dans les relations inter étatiques.

La mondialisation a exigé à toutes les zones géographiques, une forte capacité d’adaptation afin de réduire au mieux ses risques et bénéficier de ses opportunités.

La France ne semble pas avoir mesuré suffisamment ce grand basculement du monde dont l’Afrique est devenu un acteur important.

En effet, parmi les grands défis mondiaux, la plupart se jouent en Afrique et les Africains l’ont compris, il faut composer avec eux s’agissant entre autre de : changement climatique, la démographie, le terrorisme, la santé, le
développement…

Macron affronte les problèmes avec le continent africain avec une ouverture d’esprit et un langage direct. Son style contraste avec le « réseautage de salon » qui a caractérisé les relations entre la France, les Chefs d’Etats Africains d’une part et quelques intellectuels africains d’autre part, ignorant de fait la population. D’où les opinions publiques devenues très sceptiques contre la France qui est de plus en plus impopulaire en Afrique.

Alors, Macron a multiplié les gestes et les actions. En novembre 2017, en visite au Burkina Faso, il évoque la sortie du « pré- carré » ou la Françafrique. Il s’est engagé à restituer des biens culturels africains aux pays d’origine.

Le 21 janvier 2021, il avait reçu le rapport Stora sur la mémoire de la colonisation en Algérie. Il a confié à l’intellectuel camerounais Achille Mbembe l’organisation d’un sommet franco- africain des sociétés civiles qui se tiendra à Montpellier en novembre 2021.

En février 2021, le sommet de Nouackchott sur le renforcement de l’opération Barkhane au Sahel sur la lutte contre le terrorisme. Il a consenti un effort supplémentaire de six cent hommes qui viennent renforcer les cinq mille déployés dans la zone.

Il a organisé et parrainé un double sommet à Paris le 17 et 18 mai 2021, respectivement sur Le Soudan et sur le financement des économies africaines.

Avant de se rendre à Kigali le 27 et 28 mai 2021 pour acter la normalisation des relations entre la France et le Rwanda, centrées sur « la reconnaissance des responsabilités lourdes et accablantes » contenues dans le rapport Duclert rendu le 26 mars 2021.

Le discours salué et qualifié d’historique au Rwanda s’inscrit dans la stratégie africaine de la politique de Macron. Apres Kigali, il s’est rendu en Afrique du Sud ou il a soutenu la levée des brevets concernant les vaccins contre la Covid 19.

Dans cette mondialisation évoquée ci-haut, la France fait face à la percée de la Chine sur le continent africain. Mais il y a également la Russie et même la Turquie qui marchent sur les plates bandes du défunt « pré-carré » français.

Macron montre, depuis son arrivée à l’Elysée, qu’on peut mener une réflexion commune sur la relation France-Afrique en ayant recours aux éléments factuels historiques ainsi qu’aux évolutions actuelles du monde. Cette démarche courageuse et risquée, exige d’être inscrite dans le temps pour porter ses fruits.


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