Il y a une décennie, des agriculteurs visionnaires, tels qu’Andrea Passanisi, ont vu dans le réchauffement climatique une aubaine inattendue.

Inspiré par un voyage au Brésil, Passanisi a troqué sa robe d’avocat contre une salopette d’agriculteur, plantant de l’avocatier à l’ananas, inaugurant ainsi un secteur florissant sous le soleil méditerranéen.

Aujourd’hui, la scène agricole de la Sicile rivalise avec les tropiques, où avocats, mangues, goyaves et autres fruits exotiques prospèrent entre les eaux bleues de la Méditerranée et l’Etna majestueux.

Avec 43 agriculteurs en herbe et des centaines d’hectares dévolus, le marché tropical s’élève tel un phénix, désormais dénommé “Made in Etna”.

Septembre marque l’effervescence de la récolte des mangues, suivie de près par celle des avocats et des goyaves. Le climat favorable, terres volcaniques fertiles et microclimat chaud, épouse bien les exigences de ces cultures exotiques.

Mais l’épée de Damoclès du changement climatique continue de planer. Les quatre dernières années ont été les plus chaudes en deux siècles en Italie.

L’année 2023 prévoit une élévation de la température moyenne de 0,67°C au-dessus de la moyenne historique sur les sept premiers mois.

Toutefois, cet éveil tropical n’est pas sans risques. Andrea Passanisi met en garde contre les aléas climatiques, notamment les froids tardifs qui peuvent compromettre la floraison.

En outre, le coût élevé et le rendement moindre par rapport aux agrumes traditionnels restent des défis économiques à surmonter.

Non loin, Carla Cassaniti, une agronome retournée à ses racines siciliennes, cueille les fruits de son labeur sous l’ombre des manguiers robustes. Optimiste, elle considère ce tournant agricole comme un pas vers une empreinte carbone réduite, en évitant le long voyage transatlantique des produits exotiques.

La nature, semble-t-il, offre en Sicile une réponse ensoleillée aux défis climatiques, avec un zeste d’exotisme.