Si, il a un jour où tous les burundais de la diaspora ont dit et commenté sur le même sujet et en même temps, c’était le 21/04/2014. Les mauvaises nouvelles disant que la banque centrale était en feu, étaient le sujet de discussion de deux heures de tous les burundais que j’ai rencontré sur l’ensemble des médias sociaux.
En tant qu’économiste, les soucis et les inquiétudes ne s’arrêtent pas quand on dit qu’il n’y avait pas le feu. En fait, c’est là où commencent mes plus grandes inquiétudes.
Avez-vous déjà vérifié comment les autres banques centrales sont garanties ? Elles sont parmi les bâtiments les plus sécurisés dans leurs pays. Toutes les autres banques comptent sur elle pour garder leur argent. Et si une banque centrale peut se trouver en danger de feu, c’est une raison pour l’économiste de s’inquiéter.
Pour comprendre pourquoi, permettez-moi d’abord d’expliquer l’importance de la BRB. BRB étant un sigle, signifie la Banque de la République du Burundi. Elle sert à la fois comme banque centrale et Banque nationale. En sa qualité de banque centrale, c’est elle qui détermine la monnaie, sa valeur, les taux d’intérêt, et sert comme banque des banques, donc banque du gouvernement et d’autres banques.
Pour expliquer les choses de manière plus explicite, la banque centrale est la seule banque du pays. Toutes les autres banques hébergent leurs argents dans la banque centrale. Donc, si la banque centrale s’effondrait, l’ensemble du système bancaire burundais s’effondrerait. C’est sans nul doute que la récession aurait lieu, si ce qui s’est passé avec la prise du feu du marché central de Bujumbura arrivait à la Banque Centrale du Burundi. Bien sûr, je ne dis pas que nous ne pouvons pas vivre sans une banque centrale, mais pour que cela fonctionne, une planification minutieuse de cela doit être faite mais l’élimination de la banque centrale sera une tâche difficile, qui, à la suite d’un incendie, serait pratiquement impossible de réparer.
Donc, vous vous demandez peut-être comment l’effondrement de BRB aura une incidence sur tout citoyen burundais. Pour commencer, l’argent que nous payons à tous les employés de la fonction publique passe par BRB. Si elle devait se terminer par le feu, le paiement de fin du mois serait un désastre. Ensuite, il y a la question du budget, où le gouvernement obtiendrait-il de l’argent pour couvrir toutes les dépenses dont il a besoin pour fonctionner comme l’électricité et autres besoins ? Alors, vous pouvez vous dire que cela ne vous affecterait pas parce que vous n’êtes pas des salariés du gouvernement, mais vous avez tort. Imaginez un pays qui ne paie pas ses travailleurs, un homme d’affaires veut vendre ses étoffes, mais ses clients manqueront d’argent pour en acheter. Eh bien, comme le prédit la loi de l’offre et de la demande, vous pouvez acheter ce que vous voulait mais vous ne pouvez pas payer, et si la demande bascule vers le bas, l’offre demeure constante, ce qui conduit à la baisse des prix, donc, à la faillite de l’homme d’affaire. Cela peut être un peu comblé en demandant aux banques locales et internationales de prêter de l’argent au Burundi, l’augmentation de la dette nationale, étant une autre catastrophe. Malheureusement, on aura plus de la BRB pour imprimer des billets. Cela va aussi affecter la monnaie locale car seule la BRB peut déterminer notre monnaie ; la chose la plus probable serait l’inflation du franc burundais dans affaires international, ce qui est aussi un cauchemar.
Je pourrais aussi aborder la question sur la façon dont cela affecterait l’intérêt bancaire et le coût du chômage, mais je vais sauter que pour une question d’importance plus pertinente que d’autres, les investisseurs. Maintenant, nous avons déterminé ce qui se passerait s’il n’y a pas d’argent à la banque centrale. Si les investisseurs peuvent apporter leurs argent pour investir au Burundi, cela permettrait de réduire les problèmes. Cependant, le travail du Burundi pour encourager les investisseurs à venir dans le pays reste à discuter. Et si la banque centrale d’un pays est aussi précaire que ce que nous avons vu hier, alors aucun investisseur raisonnable ne pourrait envoyer son argent.
Si le feu se mettrait à consommer la banque ou même la moitié de la banque, nous entrons dans une crise économique sans précédent, qui, en tant que burundais, je ne veux même pas discuter. En plus de ne pas payer les employés du gouvernement, nous n’aurions pas réussi à garder les bâtiments du gouvernement sans entrer dans une très grosse dette. En fait, nous ne sommes même pas sûrs que nous pourrions convaincre les gens à nous prêter de l’argent sans espoir d’où nous trouver cet argent pour les rembourser. L’autre voie pour le gouvernement serait de nous taxer pour obtenir l’argent dont il a besoin pour fonctionner. Mais nous avons déjà vu que le paiement sera un problème délicat : Taxer quelqu’un qui n’a rien serait situation sans issue.
Si vous pensez que vous avez vu un désastre économique, celui-ci serait le pire que vous pouvez l’imaginer. Mais pourquoi suis-je toujours préoccupé alors qu’il n’y a pas eu de feu ? Voici mes deux raisons :
1. Ce qui s’est passé le 21/04/2014 peut se reproduire, mais pour la prochaine fois, il pourrait être réel. Si les détecteurs de fumée ont détecté une fumée mal orientée, alors des cendres chaudes peuvent faire la même chose, ou pire encore des flammes. Si cela arrive, alors le vrai feu s’ensuivrait et il pourrait être désastreux. Ce qui s’est passé devrait servir de leçon au gouvernement et l’amener à introduire un système approprié et sûr d’éliminer les anciens billets sans mettre en danger l’ensemble de l’économie nationale.
2. Les investisseurs ont vu la fragilité de notre système bancaire, par conséquent, ils ont réalisé que leur argent n’est pas rassuré avec notre système bancaire. Maintenant, même les quelques banques travaillant avec notre Banque des banques doivent revoir leurs décisions et prendre des mesures conséquentes, oublions donc des nouvelles à venir. Bref, sans mécanisme bancaire de confiance, personne ne risquerait son argent durement acquis, en l’amenant dans notre pays. Maintenant il est temps pour notre gouvernement de se rebaptiser et donner des garanties aux investisseurs que leur argent sera sécurisé. N’ayant pas beaucoup à exporter, notre commerce international n’est susceptible de se développer sans l’exportation et celle-ci ne fonctionnera pas si notre monnaie est dans un danger d’incendie. Les investisseurs vont veiller sur la façon dont le gouvernement va protéger son économie.
En résumer, si la BRB serait réellement sur le feu, nous perdrions la grande partie de notre argent alors que chaque banque centrale dispose d’une quantité limitée de billets à imprimer. Sans ajouter les autres dommages qui pourraient se produire, l’argent perdu dans l’incendie serait disparu pour toujours comme des cendres dans l’océan.
Avec l’incendie de la banque centrale, le gouvernement ne serait pas en mesure de payer les travailleurs et les autres services. Les travailleurs n’étant pas rémunéré, ils ne seront pas en mesure de payer leurs besoins sur le marché ce qui réduirait par conséquent la demande. Le taux de chômage s’élèverait donc à la suite du manque de l’argent pour payer les gens. Les investisseurs vont fuir car l’économie ne serait plus sûre. En bref, nous serions damnés et c’est une bonne raison pour la diaspora burundaise d’être inquiète .
Ben Nina ,
BA , BA , Msc , Mth ,
Spécialiste en économie et consultant sur les questions africaines.
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