Au nord du Burundi, seuls les agriculteurs qui ont des moyens ont accès aux engrais subventionnés par le gouvernement pour la saison agricole. Les plus pauvres se rabattent sur les immondices qu’ils vont ramasser en ville, à la grande satisfaction des citadins
Nsengimana Evariste, un pygmée pauvre ramasse des immondices au quartier de Muremera à Ngozi au nord du Burundi. S’il veut fertiliser son champ, comme le conseillent depuis deux ans les moniteurs agricoles qui sillonnent les collines du pays, il n’a pas d’autre choix. Certes le ministère de l’Agriculture, a, pendant cette première saison agricole,mis à disposition des agriculteurs des engrais chimiques subventionnés à 40%. Mais un sac d’engrais de 25kg coûte néanmoins 27500Fbu (environ 20$).Seuls les gens qui ont des moyens peuvent s’en procurer. "Je ne peux pas avoir de quoi acheter du fumier. J’ai une petite terre qui ne me fournit même pas suffisamment à manger, comprenez donc que je ne trouverais pas à vendre pour payer des fertilisants",explique ce petit paysan.
Pour avoir droit à ces engrais, il fallait payer 5000Fbu (4$) en avance pour les réserver et 22500Fbu (15$) le jour où l’on vient les récupérer. Certains paysans essaient de se regrouper pour acheter ensemble et se partager le sac. Les plus pauvres qui avaient payé l’avance,faute de pouvoir payer le solde,n’ont d’autre choix que de vendre leurs noms aux riches, qui bénéficient ainsi de plus d’engrais subventionnés. Les ordures de la ville sont alors leur seule ressource.
Ville propre
Une aubaine pour les citadins débarrassés des immondices. "Nous ne voyons plus de montagnes de saletés dans nos quartiers",constatent trois chefs de quartier du centre urbain de Ngozi, qui n’a pas de service d’assainissement. Des agriculteurs collectent les ordures des ménages chaque jour. Quand ce ne sont pas eux,ce sont les éleveurs qui prennent les épluchures de bananes, pommes de terre, patates douces, restes de choux… pour nourrir vaches, chèvres et porcs, que, depuis un an, ils n’ont plus le droit de faire brouter dehors.
Les citadins apprécient. Bizimana Stany, l’un d’eux se réjouit que sa parcelle soit devenue saine : "Avant, j’ y creusais des trous pour y enterrer les saletés, je ne le fais plus". "Je ne dépense plus pour le dégagement des immondices. Les uns prennent les restes de denrées épluchées, d’autres, des restes d’aliment cuits dont ils nourrissent les cochons", se satisfait aussi Jean Ciza, un gérant d’hôtel de Kayanza toujours au nord du Burundi, qui payait 20000Fbu chaque semaine une benne qui transportait ces ordures pour les jeter.
Même les sacs en plastique ne polluent plus l’environnent car les collecteurs d’ordures les trient avant de les épandre dans leurs champs. Ils brûlent les sachets pour qu’ils ne polluent pas leurs terres.
SYFIA
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