Au Burundi, un ancien chef d’état-major de l’armée burundaise a été tué, ce samedi 15 août, dans une attaque à son domicile du quartier de Kabondo à Bujumbura. Le colonel Jean Bikomagu, un tutsi, était à la tête de l’armée tout au long de la guerre civile (1993-2006) contre la rébellion du CNDD-FDD, aujourd’hui au pouvoir.
Voici un acte criminel délibéré qui entend ethniciser l’insécurité qui prévaut au Burundi avec des conséquences dramatiques qui risquent d’en résulter. C’est une situation qui est similaire aux circonstances qui ont prévalu peu de temps avant le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda.
Selon des témoins et des membres de sa famille, le colonel à la retraite a été assassiné devant chez lui. Alors qu’il sortait de sa voiture, des individus à moto ont ouvert le feu sur lui avant de prendre la fuite. Jean Bikomagu a été mortellement touché et sa fille, qui l’accompagnait, a été blessée. Ses jours ne sont pas en danger.
Le colonel Jean Bikomagu symbolisait les ex-FAB, les forces armées burundaises, dominées par la minorité tutsie, qui se sont battues contre les anciens mouvements rebelles hutus, essentiellement les ex-rebelles du CNDD-FDD, dans les années 90. Le chef d’état-major de ces rebelles sera, quelques temps plus tard, Adolphe Nshimirimana, un proche du président Nkurunziza.
Une risposte proportionnée
Le général Nshimirimana a lui-aussi été assassiné il y a deux semaines, presque jour pour jour, à Bujumbura. Une rumeur persistante dans la capitale burundaise disait que le général ne serait pas enterré avant la mort de quelqu’un de son rang, dans l’autre camp. Le colonel Bikomagu pourrait incarner ce symbole.
« On peut imaginer qu’il s’agit là, [avec cet assassinat] de ce que, au sein du CNDD-FDD, beaucoup ont déjà appelé une riposte proportionnée, un terme qui renvoie à des attaques qui ont été commises en réponse d’autres, avec des profils [de victimes] un peu similaire en terme de réputation et une importance symbolique très grande », commente André Gichaoua, universitaire spécialiste des Grands Lacs.
En 1993, le premier président burundais démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, nomme le colonel Bikomagu chef d’état-major de l’armée. Quelques mois plus tard, le président Ndadaye est assassiné lors d’un coup d’Etat. Certains soupçonnent le colonel Bikomagu d’avoir été mêlé à ce meurtre. Une thèse qui ne fait pas l’unanimité et qu’il a toujours niée.
Et comme le rapelle l’universitaire André Gichaoua, « aucun tribunal n’avait statué sur sa responsabilité dans l’assassinat du président Ndadaye, malgré bien des soupçons et il aurait fallu que la commission Vérité, justice, réconciliation statue mais ce n’était pas encore le cas. »
Avec RFI
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