En Belgique, IGIHE.com s’est entretenu avec Monsieur Déo MAZINA sur ses recherches concernant les problèmes de dos.
Pour commencer il s’est présenté :
Moi, je m’appelle Déogratias Mazina, je suis chercheur à la faculté de Médecine de l’Université de Liège et à l’Observatoire de la Santé et du Social, service d’étude de la Commission Communautaire Commune de Bruxelles-Capital, en Belgique.
Je suis également Consultant International au Ministère de la Santé au Rwanda, où je suis chargé d’élaborer le Protocole sur l’Intégration des activités de Planification Familiale dans tous les services de Lutte contre le VIH/SIDA. Je suis aussi visiteur à l’Institut Nationale de Santé Publique au Burundi.
Quand on regarde les pays développés, on remarque que les problèmes de dos (lombalgies) prennent une ampleur importante et commencent à devenir une épidémie. Avec les autres troubles musculo-squelettiques, il est devenu la première cause d’invalidité chez les gens qui travaillent. A l’origine de ce problème, on peut mentionner le changement de leur mode de vie qui a changé et les pousse à devenir plus sédentaires. Leur mode de vie actuel les encourage à ne plus bouger beaucoup et à rester assis pendant longtemps dans un même endroit, et quand ils ont besoin de se déplacer, ils se déplacent en voiture. Sans compter la part du stress qui est à son comble pour le moment et la technologie qui entraine l’utilisation de plus en plus fréquente des grosses machines, etc.
Quand on voit comment le Rwanda se développe rapidement, on est tenté de dire que cela ne tardera pas à nous arriver, c’est pourquoi je tenais à ce qu’on le sache bien à temps et qu’on prenne les mesures préventives à temps.
Ce que je pourrais ajouter aussi, c’est que, étant un expert en Santé Publique, je ne fais pas uniquement la recherche sur les problèmes de dos, mais aussi sur d’autres maladies comme le VIH/SIDA et le Cancer du Sein.
IGIHE.com : Vous avez publié récemment un article sur les résultats de votre recherche sur les problèmes de dos, pourriez-vous nous en dire quelque chose ?
Déo Mazina : Je m’imagine que vous voulez parlez de mon article qui a été publié dernièrement aux Etats Unis d’Amérique, dans la revue "American Journal of Industrial Medicine" fin janvier de cette année 2012. Il concerne les problèmes du dos, et surtout le problème d’absentéisme au travail pour liés à ce problème.
Plus particulièrement, cette recherche a été une occasion pour moi de réaliser que de telles recherches pourraient être bénéfiques pour le Rwanda et les Rwandais, en ces moments où ce pays est en train de se développer d’une façon extraordinaire.
IGIHE.com : Pourriez-vous nous dire en peu de mots les principaux résultats que vous avez trouvés dans cette recherche ?
Déo Mazina : Les résultats que nous avons tirés de cette recherche sont nombreux, je ne saurais pas les présenter tous ici, mais je peux vous donner certains d’entre eux :
Nous avons constaté que les problèmes de dos augment actuellement d’une façon inquiétante, surtout dans les pays économiquement avancés de façon qu’ils (les problèmes de dos) commencent à devenir problématiques. On les appelle d’ailleurs actuellement "le mal du siècle".
Nous avons constaté que dans la majorité des cas, cela est dû au mode de vie qui a changé et fait que beaucoup de gens ne font plus des travaux qui demandent de la force ou qui leur demande de bouger. Ils restent assis toute la journée, parfois avec le dos courbé par ce qu’ils ne savent pas comment soigner leurs sièges, et quand ils veulent se déplacer, ils utilisent les voitures, ce qui entraine chez beaucoup d’entre eux un excès de poids par ce qu’ils ne dépensent pas leur énergie ; En plus de cela vient s’ajouter la technologie qui les poussent à travailler avec les grosses machines qui abiment le dos, sans compter le stress qu’engendre le système actuel d’organisation du travail.
Nous avons constaté que les problèmes de dos constituent la première cause d’invalidité dans la majorité des pays économiquement avancés et la plupart de ces employés arrêtent définitivement leur travail et deviennent invalides pour le reste de leur vie ;
Nous avons constaté que ce n’est pas bénéfique de rester en repos médical plus de 2 semaines, car à partir de la troisième semaine, plus on reste immobilisé, plus on augmente le risque de guérir.
Nous avons constaté que beaucoup de médecin on tendance à vouloir opérer rapidement le dos, alors que dans la majorité des cas, ces problèmes devraient se résoudre automatiquement.
Comment expliquer cette maladie ?
Ce qu’est c’est : La maladie du dos, appelé communément en français "Lombalgie ou Lumbago" et en anglais "Low Back Pain" est une maladie qui se traduit par une douleur intense au niveau du bas du dos, plus exactement entre la 5ème vertèbre lombaire (L5) et la première vertèbre sacrée (S1) et son entourage. Cette douleur pour irradier en suivant le nerf sciatique et provoquer une forte douleur dans la jambe et une difficulté à bouger celle-ci. On l’appelle alors "Lombosciatalgie".
La lombalgie est tellement fréquente que quand vous poser la question à une personne au hasard, on trouve qu’une personne sur 2 (environ 50 %) a déjà eu ce problème gravement ou pas selon la personne. Ce chiffre peut augmenter rapidement selon la profession des personnes que vous interrogez.
Cette maladie est normalement connue au Rwanda sans toute fois inquiéter les gens par ce que dans la plupart des cas elle guéri sans traitement, de façon que certains s’amuse à raconter qu’elle peut être soignée des relations sexuelles avec certains types de personnes !!
L’exemple pertinent est la douleur au dos que certains éprouvent quand ils apprennent une mauvaise nouvelle. Quand elle dure longtemps (parfois plus d’1 ou 3 mois), on commence à parler de lombalgie chronique.
Comme en va le voir en bas, il y a des fois où elle est plus grave qu’on ne l’imagine (à cause de son origine), car il y a des formes qui sont liées à des maladies graves comme la fracture du dos, la tuberculose, le cancer etc.
La cause : Selon l’origine, cette maladie peut-être classée en 2 catégories :
Il y a la lombalgie grave qui résulte d’une maladie grave au niveau de la colonne vertébrale comme la fracture, la tuberculose, le cancer, etc. On l’appelle alors la "lombalgie spécifique". Heureusement, sa prévalence ne dépasse pas 0,5 à 1 %.
Il y a la lombalgie qu’on appelle "commune" qui est moins grave mais qui la plus fréquente. Elle peut survenir sans une raison quelconque ou résulter d’un faux mouvement, une mauvaise position, le stress, etc. C’est cette forme que connaissent la majorité des rwandais. Parfois elle s’accompagne d’un déplacement des disques intervertébraux, et on parle alors d’"hernie discale".
Dans la plupart des cas, cette forme de lombalgie guéri spontanément en peu de temps et sans autre traitement : 90 % des gens guérissent dans les 2 semaines.
Chez certains (environ 10 %) elle dure longtemps et elle peut se transformer en une sorte d’invalidité. C’est ce chiffre que nous avons trouvé qui augment d’une façon inquiétante dans les pays économiquement avancés.
Quels sont ses signes ? Comme je l’ai dit en haut, ses signes ne sont autres que la douleur intense au niveau du dos, tellement que celui qui en souffre peut se sentir comme si le dos était coupé en deux. Cette douleur peut irradier dans la jambe et empêcher à la personne de se lever ou de bouger. Pas de fièvre ou autre signe grave s’il n’y a pas d’autre maladie grave derrière. Quand c’est associé à une fièvre ou un autre signe, il fau consulter rapidement le médecin, qui doit lui aussi se presser à chercher la cause.
Quelles sont les personnes à risque :
Les personnes dont le travail demande de passer de longues heures en position assise ou debout ;
Il y a aussi, les travailleurs appelés à soulever ou à tirer de lourdes charges ;
Les travailleurs qui doivent fréquemment se pencher vers l’avant ou effectuer des torsions latérales du torse ;
Les femmes enceintes, parce qu’elles supportent un poids supplémentaire de 9 kg à 12 kg et que leurs hormones commandent un relâchement des tissus musculaires (principalement à la région pelvienne pour faciliter l’accouchement, mais aussi près de la colonne vertébrale).
Quelles sont les conséquences ?
- Souvent cette douleur oblige à celui qui en souffre à arrêter son travail ;
- Il ya aussi les dépenses de santé (pour l’individu ou pour l’Etat) liées à la consultation, aux examens médicaux, parfois compliqués comme le scanner, au traitement, parfois lourd et de longue durée comme la chirurgie ou la kiné, etc.
- L’arrêt de travail peut se transformer en invalidité obligeant la personne à arrêter son travail pour de bon.
Quelle prévention ?
Il y a plusieurs sortes de mesure pour prévenir la lombalgie, certaines d’entre elle sont :
- Ne pas rester longtemps dans une même position et essayer de bouger le plus souvent possible ;
- Faire du sport (certains sont mieux indiqués que d’autres) ;
- S’assoir sur une chaise qui empêche le dos de se courber : le dos bien droit, le regard vers l’avant, les épaules vers l’arrière ;
- Dormir sur un lit dure, et si on en a les moyens sur un matelas ergonomique qui respecte le plan de la colonne vertébrale ;
- Ne prendre les médicaments que quand il y a la douleur
- Eviter un repos prolongé de plus de 2 semaines, et essayer de bouger progressivement, même si la douleur est encore là ;
- Diminuer son poids quand on en a en excès en essayant de dépenser son énergie (marcher, faire du sport, etc. ;
- Eviter le travail qui vous oblige faire beaucoup de mouvement de torsion
- Diminuer le poids qu’on soulève et les diviser en plusieurs colis ;
- S’il faut soulever un objet lourd, s’accroupir en fléchissant les genoux tout en maintenant le dos bien droit, et se relever en dépliant les jambes tout en tenant l’objet près du corps ;
- Favoriser le travail en équipe, etc.
Pour celui qui aurait envie de lire la totalité de mon article, telle qu’elle est publié par "American Journal of Industrial Medicine", il peut le trouver sur le lien suivant : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/...
IGIHE.com : Je vous remercie pour cet entretien
Déo Mazina : C’est moi qui vous remercie de m’avoir consacré votre temps.
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