Confidences d’un homosexuel rwandais

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Le 22 juillet 2011 à 11:40

Par Yves Nyirinkwaya
Le teint foncé, le regard doux, un pantalon en stretch, un t-shirt moulant en V, Gaston* arbore aussi cette coiffure à la mode appelée « crête », en vogue chez les footballeurs. Des piercings ; deux dans l’oreille gauche, un dans le lobe inférieur, un autre dans le lobe supérieur, ainsi qu’un autre dans sa lèvre inférieure.
Notre interlocuteur est « Gay », mais cependant comme il est Rwandais il ne peut pas se permettre de le crier sur les toits, il a quand même accepté de faire (...)

Par Yves Nyirinkwaya

Le teint foncé, le regard doux, un pantalon en stretch, un t-shirt moulant en V, Gaston* arbore aussi cette coiffure à la mode appelée « crête », en vogue chez les footballeurs. Des piercings ; deux dans l’oreille gauche, un dans le lobe inférieur, un autre dans le lobe supérieur, ainsi qu’un autre dans sa lèvre inférieure.

Notre interlocuteur est « Gay », mais cependant comme il est Rwandais il ne peut pas se permettre de le crier sur les toits, il a quand même accepté de faire quelques confidences à Igihe.com sur la situation dans laquelle il vit. A condition de respecter son anonymat.

« Déjà au primaire, je préférais la compagnie des filles de ma classe, je sautais à la corde, et j’étais plus attiré par les jeux de filles plutôt qu’aller jouer au ballon avec les autres garçons de ma classe », a-t-il commencé.

Cela a fait de lui un marginal pour les garçons de sa classe, et bientôt pour toute son école. Tout le long de toutes ses études primaires.

« Et pourtant je n’avais pas encore eu conscience de mes déviances sexuelles au niveau du primaire », continue-t-il, le sourire aux lèvres.

Il affirme que c’est à partir de la quatrième année secondaire qu’il a commencé à éprouver de l’attirance pour les garçons, et qu’il a failli en venir aux mains avec le premier garçon à qui il a voulu faire des avances, après s`être fait traiter de fou.

« Là, je me suis vraiment rendu compte que j’étais différent des autres garçons », a-t-il avoué. Une année après, n’en pouvant plus, il a abandonné ses études.

Depuis lors il a commencé à se constituer un style vestimentaire différent des autres. Cela lui a valu le mépris de ses voisins de quartier. Durant ses sorties en boite de nuit, les autres jeunes, garçons et filles sans distinction, lui manifestaient du dédain, et s’éloignaient dès qu’il s’approchait d’eux sur la piste danse.

« Sous l’influence d’une amie, je suis partie avec elle en Ouganda, et là j’ai rencontré un vieil homme blanc qui est jusqu’à présent mon compagnon », a renchérit Gaston.

Au Rwanda, et dans la plupart des pays de la sous région, voire même dans toute l’Afrique, il est bien connu que les règles morales ; c’est à dire les coutumes africaines et les religions, ne tolèrent pas ce genre de comportement, vu que les peuples africains sont solidement ancrés dans leurs cultures respectives.

Mais aussi au point de vue de la légalité, certains des pays de la sous région ont établis des lois pénalisant les relations sexuelles même consentantes entre les personnes du même sexe. Le Burundi et l`Ouganda, deux pays voisins du Rwanda sont particulièrement connus pour leur intolérance à l’encontre des homosexuels et lesbiennes.

En évoquant la situation des homosexuels et des lesbiennes dans les Grands Lacs lors du 13ème treizième session des Droits de l`Homme de l’ONU, Naome Ruzindana, activiste rwandaise des droits de l’homme, a fait état des sévices perpétrées envers ces minorités sexuelles ainsi que toutes les autres personnes qui militaient pour les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).

Elle a expliqué que le Rwanda qui, depuis longtemps, a écarté le concept de la discrimination basé sur l`ethnisme, la « race », ou la religion, a rejeté le projet de loi homophobe que le parlement avait proposé dans sa perspective de révision du code pénal qui visait l`incrimination de l`homosexualité.

En rejetant l’incrimination de l’homosexualité, le ministre de la justice, Tharcisse Karugarama, avait dit que l’orientation sexuelle relève de l’ordre du privé. Ces propos, bien qu’ils ne soient qu’une simple déclaration du gouvernement [rwandais], ils ont le mérite de clarifier la position du Rwanda sur le sujet.

*Gaston est un nom d’emprunt, le vrai nom a été changé pour assurer l’anonymat de la personne ayant consenti à parler de sa situation d’homosexuel

Photo : Ombre de deux personnes "gays"


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