Le Colloque interafricain d’experts agronomistes et autres agroéconomistes de Kigali est en pleins travaux depuis ce lundi 1er août 2016. Il a attiré beaucoup de banquiers, des assureurs et des chercheurs universitaires venus de plus de 30 pays africains.
La Ministre rwandaise de l’Agriculture, Dr Géraldine Mukeshimana, y a aussi participé ce lundi 1er Août 2016. Elle a prononcé un discours appelant les investisseurs en assurance et en banque à s’intéresser à ce secteur économique africain autrefois oublié.

La Ministre Géraldine Mukeshimana encourage assureurs et banquiers à rabattre les prix de leurs produits et à plonger dans le rural.
Venus de 30 pays africains, plus de deux cents participants à ce colloque se rencontrent à l’Hôtel Marriot de Kigali. Ils se penchent sur la question de financement régulier et conséquent de l’agriculture africaine qui utilise une bien plus grande partie des Africains.
Le colloque est modéré par des experts venus des USA, du Pérou, du Mexique, de l’Inde, du Bangladesh et du Pakistan.
« Le Rwanda a déjà adopté une nouvelle loi d’exonération d’impôts des services d’assurance agricole afin que les assureurs puissent opérer dans la ruralité et de pouvoir sensibiliser les fermiers agricoles à leurs produits (d’assurance) », a dit la Ministre montrant des possibilités d’émergence au Rwanda d’une agriculture de marché basée sur le financement bancaire consistant.
Le Rwanda est en partenariat avec la BAD (Banque Africaine de Développement) pour peaufiner une bonne méthodologie d’octroi de crédit agricole de la sorte qu’une partie de ce crédit soit remboursable, l’autre étant une subvention, un « grant », a-t-elle ajouté, une façon de souligner le fait que le Rwanda se réveille avec force au développement de ce secteur à haut rendement commercial longtemps ignoré.

Saleh Usman Gashua, Secrétaire Général de AFRACA
« L’agriculture en Afrique compte pour 20 et 30 % dans son PIB au moment où les fermiers occupés dans ce secteur sont en moyenne entre 60 et 70% de la population africaine. La BAD observe une triste réalité à ce propos. Seuls 5% d’entre eux ont accès aux services financiers », a constaté Saleh Usman Gashua, Secrétaire Général de AFRACA (African Rural and Agricultural Credit Association).
Du côté des autorités financières rwandaises, on veut faire voir la part belle. La BRD (Banque Rwandaise de Développement) promet de hausser davantage son portefeuille du crédit pour « promouvoir les investissements agricoles ».
« A ce jour, la BRD a octroyé un crédit de 120 milliards de francs dont 40 milliards pour uniquement les crédits agricoles et d’élevage. Dans le plan quinquennal 2016-2020, nous prévoyons que le portefeuille du crédit agricole monte jusqu’à 80 milliards de francs », a déclaré Alex Kanyankole, DG de la BRD montrant que l’Agriculture rwandaise reste néanmoins un parent pauvre du secteur bancaire.

Alex Kanyankole (à doite), patron de BRD : Peu de crédit agricole !
Le déclic semble lointain. Les banquiers opérant au Rwanda rechignent donc à lâcher leurs milliards pour un secteur non encore sécurisé, un secteur où les mentalités culturelles et le conservatisme y relatif ne permet pas l’intensification et une quantification industrielle des activités agricoles rwandaises qui passeraient par une coopérativisation capitaliste momentanée des terres et l’usage des méthodes modernes d’arrosage, irrigation quitte à faire plus de deux saisons culturales annuelles.

Dr Monique Nsanzabaganwa, Vice-Gouverneure de la Banque Nationale (A gauche). Elle sait bien les difficultés qu’éprouvent les petits fermiers rwandais qui trouvent que les crédits leur accordés ne sont pas agricoles, qu’ils doivent nécessairement à des taux d’intérêt sensiblement bas.
« Le crédit bancaire destiné à l’agriculture, mis à part les Umurenge SACCO (Savings and Cooperative Cooperatives) compte pour 6% au moment où il était de 1% il y a dix ans. Pourquoi a-t-il peu de pourcentage par rapport aux autres types de crédits ? Beaucoup de défis à relever ! Cependant, je trouve que la question n’est pas le fait que le crédit agricole n’est pas accessible aux fermiers. Il y a le fait que le fermier n’est pas disposé à demander ce service », a dit Mme Monique Nsanzabaganwa, Vice Gouverneure de la Banque Nationale Rwanda, très humble et peu loquace.
Elle ne veut pas aller plus loin pour montrer que le crédit en question est trop cher en terme d’intérêts bancaires exigés (24 à 17%) au moment où le fermier qui voudrait en acquérir n’est pas suffisamment outillé pour consommer le crédit dans des produits d’agriculture à haut rendement afin de pouvoir honorer le service de la dette.
« Ils nous incitent à prendre un crédit d’un million de francs de BDF (Business Development Fund) et nous promettent de ne rembourser que les ¾ de ce montant. Pourtant, en réalité la chose ne marche pas comme cela. Passés deux ou trois mois à l’octroi de ce crédit, tout commence à être difficile. Le remboursement devient de plus en plus difficile. A la fin c’est ton lopin de terre donné en garantie qui doit être vendu aux enchères », a confié Thérèse Mukashyaka, une fermière de District Rusizi qui se spécialise dans la collecte des bananes pour les mûrir, les brasser, produire et commercer le vin.
Autrement dit, l’impréparation des fermiers au nouveau mode de production de marché est totale. Ces derniers n’ont pas des recettes nouvelles. Ils sont rarement sensibilisés aux nouveaux modes de production surtout que peu de média éducatifs et pédagogiques (radio, TVs, journaux écrits) parviennent dans leur environnement de travail.
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