Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a plaidé mercredi en faveur du déploiement au Burundi d’une « force de protection » capable de protéger les populations civiles des violences croissantes dans ce petit pays d’Afrique centrale en rappelant ses consignes de départ adressées aux Belges tant que les conditions le permettent.
« Que le Conseil de sécurité prenne les mesures qui s’imposent », a-t-il affirmé en commission des relations extérieures de la Chambre lors d’un « échange de vues » avec les députés.
M. Reynders (MR) a indiqué avoir eu plusieurs conversations téléphoniques au cours des derniers jours avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a été chargé de préparer diverses options.
Le 12 novembre, le Conseil de sécurité a adopté une résolution autorisant l’ONU à déployer éventuellement des Casques bleus.
Mais pour l’instant l’ONU n’envisage que de mettre en place une petite équipe autour de son émissaire au Burundi, Jamal Benomar, afin de promouvoir un dialogue politique entre le régime du président Pierre Nkurunziza et l’opposition, qui conteste sa réélection en juillet pour un troisième mandat de cinq ans.
« C’est aux Nations unies d’agir », a souligné mercredi le chef de la diplomatie belge, qui a dit espérer que « des opérations vont pouvoir effectivement intervenir » au Burundi, en évoquant la possibilité de déployer des troupes de la région ou de prélever des Casques bleus présents en République démocratique du Congo (RDC) voisine au sein de la mission de l’ONU (Monusco).
« La répression aurait pu faire des centaines victimes », a prudemment avancé M. Reynders en expliquant aux députés les difficultés d’établir un bilan précis du nombre de morts dans les affrontements qui opposent des rebelles armés aux forces de l’ordre. « Il ne s’agit pas d’un conflit ethnique », a-t-il ajouté tout en mettant en cause les forces de sécurité pour des « exécutions sommaires » au risque de faire « glisser (le pays) vers la une guerre civile ».
Depuis le début des troubles en avril, des centaines de personnes ont été tuées et plus de 200.000 personnes ont quitté le pays, selon l’ONU.
Rien que depuis vendredi dernier, près de 90 personnes – mais bien davantage, jusqu’à 200, selon des sources officieuses – ont été tuées lors et après des attaques coordonnées contre trois camps militaires au Burundi, selon un bilan de l’armée faisant état du décès de 79 « ennemis » et de huit soldats et policiers.
Les violences, attribuées à la police, aux partisans du pouvoir ou à ses adversaires qui se sont armés, laissent craindre un retour de violences à grande échelle dans un pays à l’histoire post-coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi et qui a subi une guerre civile ayant fait 300.000 morts entre 1993 et 2006.
M. Reynders a rappelé que la Belgique souhaitait une enquête indépendante sur les violences du week-end dernier, tout en plaidant en faveur du déploiement de davantage d’observateurs de l’Union africaine (UA) – une centaine, contre quinze actuellement.
Le ministre a souligné que la détérioration de la situation sécuritaire avait aussi des conséquences pour les ressortissants belges dans un contexte de « communications agressives » faite à l’encontre de la Belgique, ancienne puissance tutélaire, par le gouvernement de Bujumbura et le parti présidentiel Cndd-Fdd.
Les Affaires étrangères déconseillent depuis mardi « tous les voyages » vers le Burundi et suggèrent aux quelque 400 Belges qui y séjournent de « quitter le pays tant que les conditions normales le permettent ».
Mais « un rapatriement, on y pense », a admis M. Reynders, en faisant état de contacts entre son département et la Défense.
Avec AFP
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