Des états financiers confortables des banques commerciales au gré de forts taux d’intérêts insupportables pour les fermiers

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 24 septembre 2018 à 10:58

Les Banques commerciales du Rwanda affichent des états financiers très suffisants. De gros profits en milliards de francs dégagés. Mais qu’est-ce qui fait une vie financière d’une banque si ce ne sont des crédits qu’elle octroie à ses clients ? Pour le cas des banques commerciales opérant au Rwanda, ces gros profits sont réalisés grâce aux gros taux d’intérêts, 18 à 19%, qu’elles décident unilatéralement à la grande satisfaction des export-importateurs des biens et services économiques.

Force est de constater que ces banques commerciales ne sont intéressées que par des fonds de commerce entrant dans le commerce général ; lesquels fonds cherchent à couvrir leurs importations ou exportations quitte à régler de lourds montants leur avancés par ces banques dans les meilleurs délais.

M. John Rwangombwa, le Patron de la BNR ; il a les clés en main pour un réaménagement et redirection des flux monétaires pour faire de la campagne un autre centre d'intérêt et de la productivité compétitive rwandaise et d'asseoir l'économie rwandaise sur des bases solides. Un taux directeur de la BNR à sérieusement revoir à la baisse.

Pourtant on peut se demander si ces banques commerciales locales ne participent pas ainsi à rendre l’économie rwandaise artificielle non assise sur des structures et infrastructures solides et durables.

"Les banques commerciales rwandaises devraient financer comme il faut l’industrie naissante rwandaise. Force est de constater que les opérateurs industriels cherchent souvent des emprunts à long terme accompagnés de délais de grâce. Or les banques rwandaises, la plupart d’entre eux n’ont pas assez de liquidités. Elles sont obligées de demander des fonds à la banque centrale, la BNR qui, elle aussi fixe ses décaissements à un taux directeur élevé, 6.25%. Résultat ? Pour gagner, les banques commerciales calculent des frais occasionnés par l’emprunteur sur base de ces 6.25% agrandis d’intérêts et risques qu’elles doivent escompter", a dit un économiste qui suit de près les tendances économiques et financières rwandaises montrant que la BNR ne peut pas exiger aux banques commerciales locales de baisser leurs taux d’intérêt quand son taux directeur est aussi élevé.

Quoiqu’il en soit, ce ne sont pas ces banques qui payeront la cherté des emprunts demandés à la banque centrale.

En effet au cours de semestre Janvier -Juin 2018, "les banques KCB, I&M Bank, Equity Bank et Banque de Kigali, ont à elles seules réalisé 21 milliards de francs, soit environ 24 millions USD", rapporte The East frican du 8 au 14 septembre 2018 ajoutant qu’à elle seule, la géante Banque de Kigali a réalisé 13.4 milliards de francs (15.6 Millions USD).

Des résultats faramineux
"Les crédits octroyés entrent pour la grande partie de notre profit", a déclaré Hannington Manara, le Directeur d’Equity Bank, fier de voir sa banque très sollicitée par une grande clientèle faite essentiellement de petits et grands commerçants et de fonctionnaires moyens en quête de crédits.

Il est tout aussi intéressant de voir comment la florisante Banque de Kigali tire ses profits essentiels de l’octroi de crédits à 258 000 petits et 26 000 gros clients dans le premier trimestre de 2017.

Le Président Paul Kagame souligne une volonté politique de déclencher une guerre totale contre la pauvreté ; refondre et repenser le secteur agricole qui emploie plus de 72% de la population rwandaise ; bousculer des mentalités culturales peu productives de petits fermiers rwandais qui utilisent largement la houe et la serpette au 21ème siècle. Il faut que les banques commerciales leur souhaitent la bienvenue avec des taux bancaires alléchants et pouvoir hypothéquer leurs titres de propriété. Tous en ont sauf des non nationaux.

Sans contredit, la BK s’avère un gros vecteur des flux financiers dans la plupart des secteurs économiques. Mais voilà, les petits fermiers agricoles ne voient pas les portes de cette banque s’ouvrir comme il faut.
Tout pourra se faire au moment où la politique des taux d’intérêt aura été revue à la baisse et qu’il apparaîtra un type de crédit longtemps oublié au Rwanda, le Crédit Agricole.

"Nous attendons avec impatience voir les banques commerciales réduire leurs taux d’intérêt de crédits octroyés et que ces banques nous permettent de payer à la récolte et autre production laitière, à la maturité de nos lapins", disent les fermiers de Gikundamvura en Secteur Ruhuha en District de Bugesera qui sont approchés par des prospecteurs en quête de pili pili (piment), d’avocats, et autres viandes de lapin à exporter.

L'heure est-elle au redimensionnement en grand des lopins de terre où les propriétaires décident d'eux-mêmes du type d'association coopérative, sociétaire temporaire, définitive... de ces petites propriétés pour accroître leur capacité à affronter les conditions bancaires sévères d'octroi de crédit et mécaniser leurs cultures ? Les autorités administrantes comprennent-elles qu'elles doivent mettre fin à des constructions anarchiques d'habitations dans des espaces agricoles ?

A l’heure actuelle où les mentalités commencent à évoluer, il est grand temps que les cercles décisionnels nationaux se penchent sur des questions dans le détail relatives aux conditions favorables à une production de plus en plus commerciale des centaines de milliers de petits fermiers rwandais.


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