Le Jeune Mazina dédie son Poème à toutes les victimes du génocide des tutsi du Rwanda de 1994. Il veut un monde Rwanda meilleur loin de toutes les haines et autres divisionnismes ethniques. Lire ci-dessous.
Note de l’éditeur

Déo Mazina, déclamme son poème au titre évocateur
DEUIL SANS BORNES, MÉMOIRE SANS FRONTIÈRE
"Pour restaurer la dignité de l’humanité"
Avril 1994, avril 2013
Cela fait exactement 19 ans
Que dans ce pays d’Afrique Centrale
Merveilleux, ensoleillé, ensorcelant
Il y eut un événement désolant
"Le génocide des Tutsis".
Toutes les années le nous commémorons
Au mois d’avril nous nous retrouvons
Nous nous souvenons, nous nous rappelons
De tous les nôtres et nous les pleurons
Nous les invoquons, nous les appelons
Victimes du génocide contre les Tutsis
Car, ils ont été tués sans sursis.
Ce mois de lait, devenu mois de sang
Tristes souvenirs que l’on ressent
C’est un appel de plus en plus pressant
Même au mois de mai et au mois de juin
Celui qui nous aime, il nous rejoint
En juillet et en août, pour certains
Rien ne nous arrête, ça c’est certain.
Devant ces os dans les cercueils
Sans parents ni aïeuls
Sans ouate avant linceul
En costumes venus d’ailleurs
Avec amertume dans les cœurs
Pas de bornes pour ce deuil
D’importance sans pareil.
Déterrer, laver et sécher les corps
De ceux qui ont subit ce sort
Les nettoyer et les ré-enterrer
Dans le respect de la dignité
Comme le veut l’humanité
Il faut le faire en toute humilité
Sans faire attention aux difficultés.
Oui, il faut exorciser l’humanité
C’est cela notre responsabilité
Mais c’est lourd pour les victimes
Et c’est contraire aux coutumes
Mais ce geste est ultime
Ne pas le faire c’est un crime
Même si le chagrin nous bitume.
Dire au revoir à ceux qu’on aime
Pas de limites c’est légitime
C’est cela qui nous anime
Il ne faut jamais qu’on sous-estime
Ce besoin le plus intime
Car, ce deuil est sans bornes
Et cette mémoire est sans frontière.
Asservissement volontaire
Ou pression humanitaire ?
Intimité crépusculaire
Ou geste séculaire ?
C’est pour nous très salutaire
Ce lourd fardeau que l’on partage
C’est de là que l’on tire notre courage.
Déni de solitude
Dans un monde d’ingratitude
Dont on ne mesure pas l’amplitude ?
Il faut se soumettre à ces exigences
Et marquer toujours notre présence
Car, c’est une étape de notre croissance
Sur la route de notre existence.
C’est une lutte intestine
Qui nous rappelle nos racines
Mais qui sonne comme une sourdine
Elle se fait comme une tontine
Qu’on récite comme une comptine
Qui est devenue une routine
Même si, pour y arriver on trottine.
Oui, le chemin est long
Et le sentiment est profond
Dans les cœurs, jusqu’au tréfonds
Le fardeau est lourd pour nous abattre
Mais il ne faut pas nous laisser abattre
Le mal est encore là, il faut le combattre
Tôt ou tard, le bien triomphera.
Notre réalité, c’est notre vérité
Parfois assimilée à une perversité
C’est cette réalité qui nous ennuie
Ce chemin de croix que l’on suit
Ce cauchemar qui nous poursuit
Très souvent pendant la nuit
C’est le sommeil qui nous fuit.
C’est ce manque de stabilité
Beaucoup de regrets et de culpabilités
Cette sensation d’insécurité
Cette omniprésence d’irritabilité
Ce problème d’insociabilité
Cette énorme peur d’incompatibilité
Entre la survie et la sécurité.
Ce sentiment de découragement
Cette tendance à l’isolement
Cette susceptibilité à l’énervement
Ce désordre dans les sentiments
Qui provoquent des frottements
Oui, il faut l’accepter cette vérité
Elle est malgré tout notre réalité.
Mais, il faut éviter l’évitement
Préférer les rassemblements
Laisser s’exprimer nos sentiments
Ne pas les nier tout simplement
Rebondir après découragement
C’est ça qu’il faut exactement
Ils sont normaux ces sentiments.
Il ne faut surtout pas les réprimer
Tôt ou tard ils vont se calmer
Tant pis, si on a l’impression
De radoter et d’ennuyer
Ce deuil doit être sans bornes
Et cette mémoire est sans frontière
Pour restaurer la dignité de l’humanité.
Faut-il arrêter de parler de ce malheur ?
Devenu encombrant pour ses auteurs ?
Et les poursuit comme une mauvaise odeur ?
Serions-nous devenus pleurnicheurs ?
Serait-il devenu du bonheur ?
Cueillit sur un arbre de malheur ?
Comme le disent nos détracteurs ?
Non, ce deuil doit être sans bornes
Même aux jours les plus mornes
Lors même du plus grand désarroi
Aux dures matinées sans joies
Avec ou sans sourire narquois
Peu importe, s’il est qualifié de rabat-joie
C’est notre image qu’il nous renvoie.
Ce deuil a son importance
Malgré cette chaleur humaine en carence
Et ces larmes en abondance
Même s’il demande beaucoup de persévérance
Qu’il est construit sur un petit grain d’espérance
Il faut toujours garder cette fréquence
Et surtout rester en transe.
Cette mémoire a son importance
Pour ceux qui ont enduré cette souffrance
Ceux qui sont toujours dans l’ignorance
Et ceux qui détestent l’indifférence
Même ceux qui y voient des redondances
Et ceux qui la regardent avec méfiance
Car, elle est gravée sur le dos de leur absence.
Il y en a qui la trouvent pleine de déboires
Des stériles discours dont la vaine mémoire
Se noie dans l’oubli en ne pensant qu’au pouvoir
Il ne faut surtout pas faire attention
A ceux qui la voient comme une exagération
Ou qui l’assimilent à une subversion
Par ce qu’ils ont peur d’une révolution.
A tous ceux-là, je livre mes impressions
Il faut toujours commémorer
Pour la mémoire de nos morts
Et la survie de ceux qui y ont échappé,
Car ce deuil doit être sans bornes
Et cette mémoire sans frontière
Pour restaurer la dignité de l’humanité.
Il faut continuer sans se lasser
Persévérer sans se laisser
Décourager par ce qui s’est passé
Il faut retenir ce passé
Car, le temps ne cesse de passer
Et les jours ne cessent de trépasser
Cette mémoire risque de s’effacer.
Vérité ou présomption ?
Rêves ou fabulations ?
Espoir ou tribulations ?
Que m’importe votre appellation
C’est celle-là mon interpellation
C’est là que j’attire votre attention
Et j’y crois avec conviction.
Avril 1994, l’humanité est devenue moribonde
C’est le devoir de tout le monde
D’exorciser cette humanité
De restaurer sa dignité
Pour la mémoire de nos morts
La survie de ceux qui y ont échappé
Et la dignité de l’humanité.
Par Déo Mazina
A l’occasion du 19ème Commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda
Bruxelles, le 7 Avril 2013
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