ÉDITORIAL • Nous n’irons pas tous au paradis

Redigé par Courrier international |Eric Chol |
Le 11 avril 2013 à 09:46

L’époque paraît déjà lointaine, et les acteurs ont aujourd’hui disparu. C’était en novembre 2008, à Washington. George W. Bush, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, mais aussi Hu Jintao, Luiz Inácio da Silva Lula et Dominique Strauss-Kahn se sont réunis de toute urgence dans la capitale fédérale pour tenter d’enrayer la tempête financière déclenchée quelques mois plus tôt par la crise des subprimes.
Avec un mot d’ordre : haro sur les paradis fiscaux. Depuis, les sommets du G20 se sont enchaînés, les (...)

L’époque paraît déjà lointaine, et les acteurs ont aujourd’hui disparu. C’était en novembre 2008, à Washington. George W. Bush, Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi, mais aussi Hu Jintao, Luiz Inácio da Silva Lula et Dominique Strauss-Kahn se sont réunis de toute urgence dans la capitale fédérale pour tenter d’enrayer la tempête financière déclenchée quelques mois plus tôt par la crise des subprimes.

Avec un mot d’ordre : haro sur les paradis fiscaux. Depuis, les sommets du G20 se sont enchaînés, les accusations se sont précisées, des listes noires ou grises ont été publiées, mais sans résultat : à lire les révélations de l’Offshore Leaks, parues dans la presse internationale, l’économie et la morale font toujours aussi mauvais ménage.

Le contournement du fisc reste le jeu préféré des multinationales avec pour effet, notamment, un manque à gagner de 1 000 milliards d’euros pour l’Europe, selon une estimation très prudente de la Commission européenne.

En 1937, le président américain Franklin D. Roosevelt a bien essayé de s’attaquer à l’évasion fiscale. Mais que faire face à un gruyère juridique dans lequel se nichent les grandes fortunes et les entreprises ?

A défaut de poursuites judiciaires, le Congrès américain, à l’époque, livra en pâture quelques noms lors de ses auditions : la famille DuPont, l’acteur Charles Laughton, le violoniste Fritz Kreisler, des cadres dirigeants de General Motors ou d’US Steel…

Cet Offshore Leaks avant l’heure soulignait la faute morale. Mais, comme le reconnaissait Henry Morgenthau, secrétaire au Trésor, dans une note adressée le 21 mai 1937 au président américain, “les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent une civilisation au rabais.*”

* Cité dans Les Batailles de l’impôt, consentement et résistances de 1989 à nos jours, Nicolas Delalande (éd. du Seuil, 2011).


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