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Eléphants, rhinocéros, lions : au Rwanda, la renaissance du parc de l’Akagera

Redigé par Le Monde
Le 15 décembre 2019 à 09:47

Situé dans l’est du pays, Le Parc Akagera a dû relever plusieurs défis : après le génocide, sa superficie avait été réduite et sa population animale décimée.

Le cœur d’Amour s’est soudain arrêté de battre. « Reculez lentement le véhicule, chuchote le guide. Sur la droite, près des grands arbres, il y a un éléphant. » Depuis un moment, Amour plissait les yeux comme s’il voulait percer la végétation particulièrement dense dans cette partie du parc. Il avait répété plusieurs fois que la zone était réputée pour abriter des pachydermes, mais il n’en avait pas encore vu malgré la taille imposante de l’animal.

A présent, le géant est là, à une cinquantaine de mètres. Au fond d’une clairière, sa silhouette se détache parfaitement des arbres. Une impression de sérénité règne autour de lui. A quelques centaines de mètres, un buffle se repose sur les rives d’un lac. Plus loin, un groupe de cinq girafes traverse majestueusement la savane.

36 000 visiteurs en 2016
Situé dans l’est du Rwanda, à une centaine de kilomètres de la capitale Kigali, le parc de l’Akagera a été créé en 1934. « Il compte aujourd’hui plus d’une centaine d’éléphants, se félicite Jes Gruner, son directeur. Mais il pourrait en accueillir le double ou le triple. » Depuis 2010, le parc est géré dans le cadre d’un partenariat public-privé établi entre le Rwanda Development Board (RDB), partenaire gouvernemental, et African Parks, une organisation sans but lucratif qui assure la réhabilitation de parcs nationaux et d’aires protégées dans plusieurs pays africains (Tchad, Malawi, RDC, Zambie, Congo…)

Si l’existence de l’Akagera, qui longe la frontière avec la Tanzanie, n’a jamais été menacée, le parc a dû faire face à plusieurs défis. Sa superficie, initialement de 2 700 km², a été réduite à 1 100 km² après le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, afin de permettre aux réfugiés de Tanzanie et d’Ouganda de récupérer des terres cultivables. Sa population animale a été sérieusement décimée. Les lions, par exemple, avaient tous été empoisonnés par des éleveurs de bétail et la plupart des autres espèces sauvages étaient braconnées. « Après vingt ans d’absence, quinze lions, en provenance d’Afrique du Sud, ont été réintroduits dans le parc en 2015, explique Jes Gruner. Et le braconnage a considérablement diminué grâce notamment à des brigades canines et à une stricte application de la loi par les autorités. »

Les résultats ne se sont pas fait attendre. En 2016, le parc, qui accueillait 15 000 personnes en 2010, a reçu 36 000 visiteurs. L’année 2017 devrait connaître une croissance identique. Au printemps, 17 rhinocéros noirs – une espèce dont on ne compte plus que 900 individus dans le monde – ont été réintroduits dans l’est du Rwanda après dix ans d’absence.

Ce retour est capital pour l’avenir du parc, car il lui permet de présenter à ceux qui le visitent les fameux « Big Five » (lion, éléphant, rhinocéros, buffle et léopard) si chers aux amateurs de safaris. Quelques mois après leur arrivée, les pachydermes – qui peuvent peser jusqu’à trois tonnes et dont toutes les espèces sont menacées – se portent bien. Ils se sont bien adaptés aux conditions de l’Akagera et ont trouvé leur place au milieu des 1 500 hippopotames, des 3 000 buffles, des centaines d’antilopes et des milliers de babouins et d’impalas. « En comparaison à d’autres parcs africains, l’Akagera est assez petit, indique Jes Gruner. Il y a une énorme densité d’animaux sur une assez petite surface. C’est ce qui fait notre force ! »

1 500 dollars pour voir les gorilles
Le développement de l’Akagera s’inscrit dans une politique de développement du tourisme au Rwanda, qui a accueilli 1,2 million de visiteurs en 2016. Comme l’ont fait l’île Maurice il y a une dizaine d’années et la Namibie plus récemment, ce petit pays de la région des Grands Lacs, qui compte près de 12 millions d’habitants, mise aujourd’hui sur le tourisme de luxe.

En mai, le prix d’entrée dans le Parc national des volcans, qui abrite les célèbres gorilles de montagne, a été augmenté à 1 500 dollars (1 300 euros). En RDC, le permis de visite aux gorilles coûte 400 dollars et il est de 600 dollars en Ouganda… « Il s’agit d’une activité exceptionnelle qui doit être limitée à un petit nombre », explique Clare Akamanzi, directrice générale du RDB.

Cette hausse inquiète les hôtels de milieu de gamme situé aux abords du parc, qui craignent de voir une diminution des touristes étrangers et que celle-ci affecte aussi l’Akagera. « Les gorilles de montagne ont largement contribué au développement du tourisme au Rwanda et restent un élément très important, analyse Jes Gruner. Il est encore trop tôt pour savoir quel sera l’impact de cette hausse sur l’Akagera, où 54 % des visiteurs sont rwandais. »

Qu’ils viennent d’Afrique ou d’ailleurs, les touristes embarquent généralement en fin d’après-midi sur des pirogues pour naviguer sur le lac Ilhema, à l’est du parc. A l’heure où le soleil se couche, les crocodiles quittent les berges en quête de nourriture, pendant que les hippopotames se regroupent. Dans un silence assourdissant, le soleil embrase le ciel.

Article publie en 2017


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