Exécution d’un Chinois par l’EI : la riposte de Pékin risque de se faire attendre

Redigé par IGIHE
Le 24 novembre 2015 à 03:37

Le 18 novembre dernier, au lendemain des attentats de Paris, le monde apprenait l’exécution sommaire de deux otages de l’Etat Islamique. Parmi eux, un ressortissant chinois du nom Fan Fan Jinghui. Pour autant, en dépit de la puissance militaire et économique chinoise, L’Empire du Milieu ne compte pas réagir.
Quelle réaction de la Chine au meurtre de son ressortissant en Syrie ?
Le groupe Etat islamique a annoncé mercredi 18 novembre "l’exécution", c’est-à-dire l’assassinat par balles d’un otage (...)


Le 18 novembre dernier, au lendemain des attentats de Paris, le monde apprenait l’exécution sommaire de deux otages de l’Etat Islamique. Parmi eux, un ressortissant chinois du nom Fan Fan Jinghui. Pour autant, en dépit de la puissance militaire et économique chinoise, L’Empire du Milieu ne compte pas réagir.


Quelle réaction de la Chine au meurtre de son ressortissant en Syrie ?

Le groupe Etat islamique a annoncé mercredi 18 novembre "l’exécution", c’est-à-dire l’assassinat par balles d’un otage norvégien, Ole Johan Grimsgaard-Ofstad, de l’Université norvégienne de Sciences et Technologie de Trondheim, et d’un otage chinois, Fan Fan Jinghui, indiqué comme consultant. Les photos publiées, dans le magazine Dabiq de l’organisation terroriste, porteraient l’inscription "exécutés après avoir été abandonnés par les nations et les organisations infidèles" ce qui ajoute aux crimes contre les individus l’insulte contre leurs nations.

La mise en scène est cependant moins outrée qu’un égorgement qui traite la victime comme un animal.

Le contexte, qui a largement occulté l’annonce des deux meurtres, est celui des lendemains du massacre de Paris, le 13 novembre, et des opérations de bombardement qui s’en sont suivies. Le choix d’une victime chinoise, alors que la Chine est traditionnellement opposée à toute intervention dans les affaires intérieures d’un pays, même au nom des droits de l’Homme, est difficile à expliquer.

La Chine a reconnu officiellement la mort de son ressortissant. Pour elle, attachée à la légalité formelle, le gouvernement de la Syrie est celui de Bachar el Assad, et l’Etat islamique ne constitue que l’une des entités rebelles à l’intérieur d’un Etat étranger. Or, pour elle, l’ingérence, même humanitaire, même policière et tournée contre le crime, rappelle de mauvais souvenirs.

Selon elle, les Occidentaux se sont comportés du XVIème au XIXème siècle comme s’ils avaient tous les droits à l’extérieur de l’Europe, et pouvaient ne pas tenir compte des autorités locales existantes. Ils ont pourtant formalisé la non-intervention dans les affaires intérieures, par le traité de Westphalie, mais ont restreint à leur propre sol la portée du traité. Maintenant ils prétendent imposer un droit à l’ingérence qui les arrange moralement dans de nombreux cas, quitte à l’oublier ailleurs.

La Chine n’a pas oublié les humiliations subies alors comme les guerres dites "de l’opium" - rappelons que la participation française en 1839-42 ne visait qu’à libérer des missionnaires prisonniers et torturés et à venger les morts. Elle veut bien participer à des opérations de police internationale, mais à condition d’en tirer bénéfice.

L’occasion s’en est déjà trouvée : alors que la Chine manque d’occasion d’exercer sa marine lors de manœuvres multinationales, elle a eu l’intelligence de participer à la lutte commune contre la piraterie en Somalie. Elle y a gagné le double intérêt d’une opération en vraie grandeur de projection de force navale à longue distance et d’une découverte des modes opérationnels des forces occidentales. Au contraire, elle ne récolterait que des conséquences néfastes à intervenir en Syrie.

Denis Lambert, auteur de ce texte est

« 
Ancien élève de l’Ecole normale supérieure et docteur d’Etat es Sciences, Denis Lambert a longtemps mené des recherches en Physique atomique. Il s’est ensuite intéressé aux conséquences géopolitiques de l’avancement différencié de la Science et de la Technologie selon les pays. Il s’est enfin focalisé sur la géopolitique de l’Asie, si dynamique mais hétérogène. En plus de nombreux articles sur la Défense, il a déjà publié :

"Géopolitique de l’Inde : védisme, laïcité et puissance nucléaire"
, Ellipses (2007),
"Géopolitique de la Chine : du bronze antique au plutonium", Ellipses (2009) »

Avec Atlantico


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