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Face aux braconniers, la survie du parc de la Garamba, en RDC, tient du miracle permanent.

Redigé par IGIHE
Le 18 février 2016 à 10:57

Avec l’insécurité chronique, les conflits régionaux, un terrain difficile et l’isolement, la préservation du parc national de la Garamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, représente un défi immense, peut-être plus que nulle part ailleurs sur le continent africain.
"La simple survie de la Garamba est un miracle absolu", n’hésite pas à dire Chris Thouless, de l’organisation de défense de la nature Save the Elephants. "C’est l’une des parties les plus troublées d’Afrique".
La région (...)

Avec l’insécurité chronique, les conflits régionaux, un terrain difficile et l’isolement, la préservation du parc national de la Garamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, représente un défi immense, peut-être plus que nulle part ailleurs sur le continent africain.

"La simple survie de la Garamba est un miracle absolu", n’hésite pas à dire Chris Thouless, de l’organisation de défense de la nature Save the Elephants. "C’est l’une des parties les plus troublées d’Afrique".

La région est au confluent de nombreux conflits : au nord, le Soudan du Sud a plongé dans la guerre civile en 2013 ; la Centrafrique voisine connaît depuis presque trois ans des violences inter-communautaires ; et l’est de la RDC reste gangrené par les groupes armés.

L’enjeu est simple : il y a quarante ans, le parc abritait près de 500 rhinocéros blancs du Nord, 23.000 éléphants et 350 girafes. Aujourd’hui, les rhinocéros ont disparu et il reste moins de 1.500 éléphants et seulement 38 girafes.

La première fois que Pete Morkel a visité la Garamba pour placer des colliers traceurs sur les rhinocéros, dans les années 1990, la Garamba était bien différente. "C’était très facile de voir des rhinocéros et il y avait beaucoup plus d’éléphants, d’hippopotames... juste beaucoup plus de tout", explique ce vétérinaire namibien, âgé de 55 ans.

En février, il est revenu dans le parc pour équiper du même dispositif des éléphants et des girafes, après leur avoir administré un somnifère à l’aide d’une fléchette tirée depuis un hélicoptère.

Huit girafes et 28 éléphants sont déjà équipés, permettant aux défenseurs de l’environnement et aux gardes du parc de suivre leur moindre mouvement.

La population de girafes de Kordofan, les dernières vivant en RDC, est particulièrement en danger et des unités de protection spéciales sont chargées d’en assurer la survie.

 ’Un coin tellement improbable’ -

Mais pour les rhinocéros, il était déjà trop tard quand African Parks, une organisation sud-africaine de défense de la nature, a commencé en 2005 à cogérer le parc avec les autorités congolaises.

En 1980, la Garamba est entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, avec pour objectif de protéger les rhinocéros. Mais l’inscription n’a pas suffi à les sauver. La bataille se porte maintenant sur les autres espèces.

"La Garamba est l’un des parcs nationaux les plus durs d’Afrique aujourd’hui", estime son directeur Erik Mararv, 30 ans, qui dispose de gardes, de soldats, d’un hélicoptère et d’un avion pour surveiller les 12.400 km2 de forêts et de savane. "C’est un endroit si particulier, dans un coin tellement improbable".

Le ciel de la Garamba apparaît sans limites, dressé au-dessus d’une savane ondoyante, composée d’herbe à éléphants roussie, semblable aux piquants d’un porc-épic, et d’arbres à saucisses éparpillés, d’où pendillent des fruits charnus.

Le paysage est desséché, seulement traversé de quelques rivières sinueuses et tavelé de vieilles fourmilières.

La Garamba a été créée en 1938, ce qui en fait le deuxième plus vieux parc d’Afrique, après celui des Virunga, un peu plus au sud.

Quelques vieilles photos en noir et blanc d’un programme de domestication des éléphants sont tout ce qu’il reste de l’époque. Elles montrent des occidentaux coiffés d’un casque colonial, assis sur une charrue tirée par un éléphant, ou sur des chevaux richement parés au milieu d’éléphants et de gens parfaitement alignés, comme pour la cérémonie de couronnement de Babar.

Aujourd’hui, la présence humaine dans le parc de la Garamba est minimale, comme celle des voitures. Les animaux sont donc nerveux. Un éléphant s’enfuit d’un pas lourd dans un nuage de poussière ; les antilopes pointent leurs oreilles et s’arrêtent, avant de bondir dans la brousse.

 Les éléphants tués à un rythme intenable -

Les touristes n’existent pas ici. Mais Erik Mararv espère changer cela d’ici 2017 pour rendre le parc viable à long terme. Il imagine un camp mobile de toiles de tentes pour faire complément au lodge de la rivière Dungu.

Le coût de gestion du parc est de 3 millions de dollars (2,7 millions d’euros), largement financés par l’Union européenne. Alors Mararv cherche d’autres sources de financement et pense à construire un barrage hydroélectrique sur l’une des nombreuses rivières de la région, toutes des affluents du monumental Congo, pour vendre l’électricité aux compagnies minières des environs.

Mais pour que ce rêve se réalise, il faut assurer la sécurité du parc. Même si 2015 a été une année difficile, elle a tout de même vu une évolution positive par rapport à la précédente.

"Il y a une amélioration énorme de la sécurité dans la Garamba, mais les éléphants sont tout de même tués à un rythme intenable", souligne Chris Thouless.

Il gère un fond (Elephant Crisis Fund), créé par une donation de l’acteur américain Leonardo DiCaprio en 2014, qui finance la protection des éléphants menacés, dont ceux de la Garamba.

Malgré la tourmente des années précédentes et le péril qui continue de planer sur les animaux, les autorités du parc espèrent - et veulent croire - qu’une page est en passe d’être tournée.

"Aujourd’hui, je suis optimiste pour la Garamba", note Pete Morkel. "Il y a de la discipline et de la détermination. C’est un parc qui fonctionne".

Avec africatime.com


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