Le président Barack Obama a déclenché vendredi, à regret, des coupes budgétaires de 85 milliards de dollars sur les sept prochains mois. Une rigueur qui pourrait coûter 0,5 point de croissance au pays.

Barack Obama a déclenché vendredi, à regret, des coupes budgétaires de 85 milliards de dollars sur les sept prochains mois. Crédit Kevin Lamarque / Reuters
Interview
Atlantico : Les États-Unis sont toujours coincés entre le "fiscal cliff" (le mur budgétaire) et le "sequester" (des coupes automatiques de budget, de 8% pour la Défense et 5% pour les autres postes). Barack Obama a averti que les coupes budgétaires "stupides" entrant en vigueur vendredi allaient coûter des emplois aux États-Unis et avoir un impact sur l’économie. L’onde de choc de telles mesures peut-elle atteindre l’Europe ?
Alexandra Estiot : Il est évident qu’une désynchronisation marquée entre l’économie américaine et européenne n’est pas soutenable à terme, car cela aurait des conséquences sur l’économie mondiale.
Mais à court terme, considérant le montant des exportations françaises vers les États-Unis, qui n’est au fond pas si conséquent (les Etats-Unis ne représentent que 5,1% des exportations françaises, derrière l’Allemagne, l’Italie la Belgique, l’Espagne et le Royaume-Uni), une fragilisation de l’économie américaine ne nous affecterait pas tant que ça.
De plus, je pense que l’on va revenir sur les baisses de budget qui ont été annoncées aux États-unis. Une nouvelle loi de finance devrait être votée avant le 27 mars qui devrait réduire l’importance des coupes budgétaires et mieux cibler les baisses annoncées.
Enfin, à propos du "sequester", les baisses automatiques de budget donc, représentent 85 milliards de dollars d’ici septembre. Ce n’est pas négligeable bien sûr, mais cela ne représente jamais qu’un demi-point de PIB.
Quel est la situation réelle de l’interdépendance entre les États-unis et la zone euro ?
Elle est importante évidemment. On a bien vu l’impact sur l’Europe de la crise des subprimes, qui s’est déclenchée aux États-unis en 2008-2009.
Inversement, la crise des dettes souveraines européennes en 2010-2011 a affectée les États-unis qui, en partie à cause de l’Europe, n’a pas eu la croissance qu’elle aurait pu espérer.
Cependant, là encore, il faut relativiser. En effet, le montant des échanges commerciaux entre les deux partenaires est certes important, mais il s’agit quand même de deux zones très fermées entre elles.
L’Europe pourrait-elle tirer profit de la faiblesse américaine passagère issue des troubles budgétaires ?
Honnêtement, l’Europe a beaucoup plus à perdre qu’à gagner d’une faiblesse américaine. Nous ne pouvons pas sortir indemne de la défaillance d’une zone économique aussi importante. On l’a bien vu en 2008, l’Amérique a mis un genoux à terre et l’Europe en a pris plein la figure.
D’ailleurs, personnellement je ne crois absolument pas à l’idée d’une guerre économique entre les états. Tout juste y a-t-il une compétition économique entre les différentes entreprises.
Dans cette optique, l’aéronautique européenne pourrait éventuellement y trouver un intérêt, puisque la moitié des réductions de dépenses prévues aux États-unis concerne de département de la Défense qui est le premier client du constructeur Boeing. Mais ce n’est qu’une supposition qui pèse peu face à ce que nous aurions à perdre par ailleurs.
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