Francophonie : Que veut-dire « Tigiste » ?

Redigé par Elvis Nibomari
Le 21 mars 2014 à 05:09

La célébration de la francophonie à Kigali ce 20 mars fut l’occasion de revoir la relation entre deux langues : le Français et le Kinyarwanda. Le professeur James Rwamfizi nous rappelle que la relation centenaire entre les deux langues commence en 1900 dès l’arrivée des Pères Blancs composés de Français alsaciens qui maintiennent le Français dans leurs enseignements malgré que le Rwanda est une colonie allemande. Finalement les nouveaux colons belges et francophones ne changeront pas cette langue. Au (...)

La célébration de la francophonie à Kigali ce 20 mars fut l’occasion de revoir la relation entre deux langues : le Français et le Kinyarwanda. Le professeur James Rwamfizi nous rappelle que la relation centenaire entre les deux langues commence en 1900 dès l’arrivée des Pères Blancs composés de Français alsaciens qui maintiennent le Français dans leurs enseignements malgré que le Rwanda est une colonie allemande. Finalement les nouveaux colons belges et francophones ne changeront pas cette langue. Au fil du temps, les intellectuels rwandais adopteront cette langue pour le prestige et l’avancement professionnelle et se permettront quelque créativité

Voici quelque uns de ces rares mots francisés typiquement made in Rwanda.

Tigiste  : Ce mot sera souligné sur votre page Word si vous travailler en Français, mais il est bel et bien un terme connu du public francophone mais aussi des non francophones. Le mot dérive de TIG (Travaux d’Intérêt Général). Il s’agit des travaux que les condamnés exécutent en quelque sorte pour servir leur peine. Après ces travaux, ils se voient du coup octroyé une liberté conditionnelle. Alors que le Rwanda d’après génocide regorgeait de tant de prisonniers, nombre d’entre eux ont exécuté ces travaux « le TIG ». Celui ou celle qui fait le TIG est donc appelé (e) tigiste, pendant les travaux il ou elle porte un uniforme bleu.

Le ziboulateur : derive du verbe en kinyarwanda « Kuzibura » (percer ou décapsuler). C’est un terme du bar, lorsqu’on en a pris un verre de trop on s’amuse et la barrière linguistique éclate. Ainsi le terme fut adopté de façon générale à Kigali pour faire référence au décapsulateur des bouteilles de bière ou de boites de conserves. Mesdames ne soyez pas surprises si votre monsieur vous interpelle « Eh Jeanne, amène-moi le ziboulateur ! »

Au Bersch : le terme a une origine quelque peu imprécise. Mais, une version plus originale date de la colonisation belge au Rwanda et au Burundi. A côté des quartiers belges, il y a aussi des quartiers indigènes ou vivent des Rwandais ou des Burundais « évolués ». Ne voulant pas dire quartier indigène, les évolués appellent leur quartier, quartier belge aussi, avec simplicité cela devient Le Belge. Neanmoins, pour éviter de s’attire la colère des colons ils adoptent le terme avec un accent local. Le Belge devient « Ibereshi » et francisé encore une fois il devient « le Bersch ». Actuellement, au Bersch a perdu son terrain, les plus jeunes n’ont aucune idée de cette vie et cette histoire de colonisation si cela n’a rien n’avoir avec l’examen. Mais, à Kigali et à Bujumbura, les plus âgés connaissent où c’est exactement, au Bersch.

Matabicher : c’est donner un pourboire pour un bon service. L’origine du mot est un mélange de langue dont le Swahili. Si votre copain te demande de matabicher la serveuse sachez qu’il a apprécié le service ou même la personne, qui sait ?

Ambianceur : c’est pas sorcier, il s’agit de quelqu’un qui aime l’ambiance. Le mot est souligné en Français informatique, mais la fête et l’ambiance sont tellement le quotidien de certains jeunes à Kigali et à Bujumbura qu’il est presque impossible de les appeler autrement à part « ambianceurs ». Si Jimmy par exemple est ambianceur, cela veut dire qu’il ne sort pas le samedi uniquement. Pour lui chaque jour est le weekend, et chaque maison où il entre est une discothèque. On boit, on chante et on danse, enfin on s’éclate, voilà tout !

Il existe d’autres exemples de mots made in Rwanda qui viennent enrichir la langue française. Dans certains livres d’auteurs Français les danseurs Intore ne se traduit pas tout comme les nouveaux concepts comme « Umuganda ». Alors laisse-moi finir mon umuganda d’aujourd’hui par ici.

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