Génocide : Femmes violées et torturées ; Des blessures encore vives dans le Bugesera

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 8 avril 2016 à 02:12

Le Village Mandela à 25 kilomètres de Kigali offre un spectacle désolant de femmes torturées portant de hideuses coups de machettes sur le visage, aux épaules, à la tête. Des mains où des doigts ont été coupés sous une torture atroce. Le Village pour rescapés dit Mandela est sur la bifurcation de la route principale menant à Nyamata et celle en direction du Mémorial de génocide de Ntarama logé dans une ancienne église où des milliers de Tutsi ont été massacrés en 1994.
"Nous ne savons pas nous départir (...)

Le Village Mandela à 25 kilomètres de Kigali offre un spectacle désolant de femmes torturées portant de hideuses coups de machettes sur le visage, aux épaules, à la tête. Des mains où des doigts ont été coupés sous une torture atroce. Le Village pour rescapés dit Mandela est sur la bifurcation de la route principale menant à Nyamata et celle en direction du Mémorial de génocide de Ntarama logé dans une ancienne église où des milliers de Tutsi ont été massacrés en 1994.

"Nous ne savons pas nous départir des mauvaises scènes que nous avons subies en 1994. Et puis, nous souhaitons soutien matériel et en matière de santé. Bref nous souhaitons voir réparés nos droits", a confié en pleurs Kankera, 62 ans, vieille femme esseulée et handicapée n’ayant plus d’enfant. Elle comme ses camarades portent des stigmates des tristes viols qu’ils ont vécus. Les conséquences sont terribles.

Une séance de commémoration du 22ème anniversaire du génocide à Ntarama dans le Bugesera
"Les maisons dans lesquelles nous vivons ont des tôles si usagées et trouées qu’elles laissent passer l’eau de pluie au point qu’il n’y a aucun espace où s’abriter quand il pleut.
Mais que faire, nous avons beau crier, aucun soutien n’arrive", a s’est plainte Mukabirasa, 43 ans, handicapée du génocide.

Dans un autre village de Gatoro pour veuves et filles rescapée du Génocide, la femme Françoise Ingabire, 39 ans, se plaint elle aussi du fait que la pluie de décembre 2015 a emporté la toiture de sa maison.

"Nous avons crié mais personne n’est venu à notre secours. Les seules déclarations faites à notre sujet par les autorités de district à qui nous nous sommes confié est que cette toiture emportée est facilement replaçable par nos soins", a dit Françoise montrant qu’il manque des Associations de rescapés pour faire leur plaidoirie.

Des tôles de maisons de rescapés emportées par la tornade. Des veuves demandent leur remplacement.

"Nous devrons recouvrer nos droits bafouées en 1994, ce n’est qu’avec cela que nous pourrons nous soigner parfaitement et subvenir à nos besoin", a insisté Kankera souhaitant vivement qu’un fonds de réparation des droits des survivants du génocide soit initié par l’Etat Rwandais.

"Nous avons subi des tortures de la part des tueurs qui venaient de loin, nous ne les connaissions pas. Ici ces tueurs venaient de Rulindo (Nord du pays), de Musenyi, Gicaca. D’autres venaient de Kigali à bord des bus. Impossible de les reconnaître. Ceux d’ici faisaient les indics", a dit Mukarwego, une autre femme qui a été sauvagement violée durant ces pénibles temps. Elle voulait montrer que la possibilité de plaider pour des réparations ne peut que se faire contre l’Etat rwandais.

Ces veuves questionnent les associations de survivants du génocide. Elles semblent les accuser d’absentéisme. Elles voudraient qu’elles les accompagnent dans leurs efforts de lutte pour la survie, mieux, pour leur prodiguer d’amples conseils qui redonnent confiance de vivre.

Pourtant tel n’est pas l’avis des jeunes orphelins du génocide du Village Ruzacimana sur la route Nyarusange avec leurs 38 habitations regroupées. Eux, ils sont habités par un dynamisme sans pareil, une véritable lutte dans la jungle économique.

Le jeune Rukangira, à gauche, et ses voisins : Ils veulent lutter à armes égales dans la vie économiques
"Nous vivons généralement à trois ou quatre dans chaque maison. Tenez ! Moi je vis avec mes deux petits frères. Ils sont aux études et vient passer des vacances ici. Je leur ai demandé la permission de me marier dans notre habitation. Ils ont accepté et vivent dans une chambre pour permettre à notre couple de se sentir libre. Je sais que la maison est pour la famille. Elle n’est pas mienne. Ils le savent aussi", a dit Rukangira Augustin, 34ans, marié et père d’un enfant.

"Ici tout va bien. Nous n’attendons rien d’autre qui vienne de l’extérieur. Le toit, ça va. Nous avons grandi et sommes à même de lutter pour la vie", a-t-il ajouté disant que 60% des jeunes de ce Village ont été formés aux divers métiers, d’autres sont devenus des policiers, militaires et autres.


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