La tragédie des Tutsi du Burundi a assez duré. Les Barundi épris de paix ont décidé de faire des manifestations pacifiques au Palais de Verre de New York et au Siège de l’Union Européenne. L’honorable Rose Hakizimana, exilée au Canada, s’est prêtée au micro de IGIHE pour décrire un calvaire des Tutsi du Burundi qui n’en finit pas. Elle répond librement au micro lui tendu

IGIHE : Comment appréciez-vous la situation sociopolitique burundaise actuelle ? Confirmez-vous qu’il y a des signes de génocide des Tutsi au Burundi ?
Rose Hakizimana :
Pour comprendre la situation socio politique actuelle, il faut remonter les années antérieures pour montrer que des tentatatives d’épuration ethnique ont été tentées contre les Tutsi au Burundi. Déjà en 1965, un groupe de hauts gradés militaires hutus traverse le Tanganika pour se retrouver en RDC d’où il revient bien équipé avec l’idée de renverser la royauté et le Gouvernement du Premier Ministre Biha. Le gros des forces armées est composé de Hutu. 150 militaires tutsi du Camp Base de Bujumbura sont attirés dans un piège pour être immédiatement massacrés. Seuls deux Gaspard Kivuto et Arcade Ahishakiye auront la vie sauve.
Curieusement cette situation de crime contre l’humanité n’est pas médiatisée. L’opinion publique est tenue hors de ces événements jusqu’à la prise du pouvoir par le Capitaine Michel Micombero en 1966.
La récidive de 1972

Témoins de l’histoire du génocide des Tutsi du Burundi de 1972 à droite, Zénon Nicayenzi, à gauche Tharcisse Ntakibirora et au Centre M.R. Hakizimana en conférence à Toronto/Canada, 03 mai 2014.
Les Hutu organisent une autre tentative de génocide des Tutsi en 1972. Pour ce faire, ils organisent des soirées dansantes dans tous les chefs-lieux de province. Un Commandant Burasekuye est censé donner le signal des tueries à 22.00 dans la soirée festive. Comme par chance, il donnera le signal à 20.00 alors que la plupart des fêtards sont juste entrain de regagner les salles de fêtes. Ils remarquent que leurs collègues sont entrain de se faire égorger par les Hutu. L’alerte est donnée mais entretemps le principal aide de camp du Président Michel Micombero tombe dans une embuscade et meurt, sauvant ainsi son Président qui, sur un appel téléphonique, ne se rendra pas à la soirée organisée dans une garnison de la ville et plutôt commencera les opérations militaires contre les mutins.
IGIHE : Pourquoi l’opinion internationale a décidé du contraire, que ce sont les Hutu qui ont connu le génocide au Burundi ?
Rose Hakizimana : La réponse du régime de Micombero a été disproportionnée. Une répression s’est abattue sur les hutus organisateurs des massacres des Tutsi. Puis il y a eu une négligence dans la communication. Le silence ! Les autorités burundaises se sont tues sur les massacres des Tutsi qui ont précédé la répression des militaires et intellectuels Bahutu.
Ce silence a continué avec en 1988 les massacres des Tutsi des communes Ntega et Marangara à la frontière Nord Est avec le Rwanda. Le pouvoir de Buyoya s’est tu sur les quelques 50.000 Tutsi qui ont été génocidés par leurs voisins avant de se réfugier au Rwanda.
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Ce silence négligent s’est réédité en 1993 avec un génocide des Tutsi qui a suivi l’assassinat du Président démocratiquement élu Melchior Ndadaye.
Avec 2015, c’est le génocide des Tutsi du Burundi qui continue. Il est attesté par les propos incendiaires de Gélase Ndabirabe, Porte-parole du parti au Pouvoir CNDD-FDD, par ceux de Victor Burikukiye "Nous n’avons pas pu vous éliminer comme il fallait. Le moment viendra", a-t-il dit au cours d’une de ses sorties publiques. Le Président du Sénat burundais Révérien Ndikuriyo a quant à lui été, on ne peut plus, explicite en s’adressant aux masses de citoyens leur demandant : "Travaillez (pour dire : tuez-les), vous rentrerez en possession de leurs propriétés et parcelles".
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Ceci étant, plus de 1500 jeunes Tutsi ont été assassinés. Et cela continue à Bujumbura, dans les quartiers dits contestataires, à Ijenda sur les contreforts de la ville vers le sud, dans le Mugamba et Burundi dans le prolongement du Sud du Burundi.
IGIHE : Comment procède-t-on le génocide au Burundi actuel ?
R.H : Actuellement on ne fait plus un génocide de masse comme cela a commencé en mai 2015 avec la contestation contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Les jeunesses Imbonerakure du parti au pouvoir viennent enlever 2, 3 ou 5 personnes. Elles ne réapparaîtront plus. On a beau crier, rien n’y fait. C’est un voyage sans retour qu’ils font.

IGIHE : Comment avez-vous réagi à l’initiative de la France aux Nations Unies de voter une résolution d’envoie des Policiers des Nations Unies au Burundi ?
R.H : Nous protestons contre ce coup de la France qui ne veut pas que l’Union Africaine dépêche un contingent militaire de 5.000 hommes pour stopper ce génocide. Cette France s’est toujours cachée derrière tout ce qui se passe au Burundi. Remarquez qu’elle n’a jamais pris une position officielle sur les très graves crimes contre l’humanité qui se commettent par le régime de Pierre Nkurunziza. Avec l’envoi d’une trentaine de policiers des Nations Unies, cette France ne fait que protéger le régime de Pierre Nkurunziza. C’est la France qui finance le génocide au Burundi. Cela se sait. Elle veut fait la même chose comme au Rwanda dans la période qui a précédé le génocide des Tutsi du Rwanda. La chose est déjà faite au Burundi. Des cargaisons d’armes entrent et ne transitent pas dans les arsenaux des camps militaires du pays. Elles sont distribuées dans la population. Cette situation explosive qui dépasse les militaires burundais doit être gérée par une armée panafricaine.

IGIHE : Avez-vous arrêté des stratégies contre de telles résolutions ?
R.H : Nous sommes entrain de nous organiser pour faire des manifestations permanentes au siège des Nations Unies à New York et à Bruxelles devant la Commission de l’Union Européenne. Nous ferons des sit-in permanents tout le temps qu’il faudra jusqu’à ce que notre voix sera entendue. Puissions-nous y mourir, nous ne lâcherons pas.
Les Barundi exilés aux USA et Canada se retrouveront pour cette action à New York. Ceux qui sont en Europe se retrouveront à Bruxelles. L’objectif à atteindre c’est de faire comprendre que l’ONU protège, par ses résolutions, un régime criminel qui tue ses citoyens. C’est aussi une façon de demander à la Communauté internationale de faire pression sur le gouvernement burundais pour qu’il accepte des pourparlers et un dialogue inclusif avec son opposition.
Bref nous obligerons la Communauté internationale à voler au secours des citoyens burundais génocidés.
IGIHE : Que fruit attendez-vous de vos négociations avec le régime burundais ?
R.H : Un dialogue franc. Nous allons d’abord exiger que la justice fasse son travail. Les génocidaires devront être jugés. Ensuite, un dialogue franc va se mettre en place. Il y va de l’avenir du Burundi. Pour que le génocide des Tutsi ne se répète plus, la franchise avec laquelle les négociations auront été menées fera en sorte que l’alternance au pouvoir se fera d’une façon transparente avec tour à tour une personnalité proposée par un camp ou l’autre et agréée par toute l’arène politique avant d’être soumise au suffrage universel.
Ces assemblées des Barundi seront composées des délégués du MORENA (Mouvement pour la Renaissance du Burundi), du Mouvement des Femmes Burundaises, du Mouvement des Jeunes Burundais, du MSD (Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie) et du CNARED (Conseil National pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et de l’Etat de droit).
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