Inhumation de Zedi Feruzi : une procession funèbre aux allures de manif

Redigé par IWACU
Le 26 mai 2015 à 06:59

par Abbas Mbazumutima
Le président du parti Upd-Zigamibanga assassiné ce samedi soir avec son garde du corps a été inhumé ce dimanche 24 mai au cimetière musulman situé au quartier industriel. La colère se lisait sur tous les visages des milliers de gens venus accompagner le disparu à sa dernière demeure.
Le cercueil passant tout près de la Permanence du Cndd-Fdd
Le boulevard Mgr Buconyori était noir de monde. Des musulmans et des musulmanes venus de tous les quartiers de la capitale Bujumbura (...)


par Abbas Mbazumutima


Le président du parti Upd-Zigamibanga assassiné ce samedi soir avec son garde du corps a été inhumé ce dimanche 24 mai au cimetière musulman situé au quartier industriel. La colère se lisait sur tous les visages des milliers de gens venus accompagner le disparu à sa dernière demeure.


Le cercueil passant tout près de la Permanence du Cndd-Fdd

Le boulevard Mgr Buconyori était noir de monde. Des musulmans et des musulmanes venus de tous les quartiers de la capitale Bujumbura s’étaient donnés rendez au domicile de Zedi Feruzi situé à Ngagara au quartier IV, c’est à une centaine de mètres du Palais des congrès de Kigobe. Plusieurs partisans du ’’Mouvement Arusha’’ animé par les partis l’opposition et de la campagne baptisée ’’ Halte au troisième Mandat’’ pilotée par les organisations de la société civile burundaise étaient sur place pour prendre part aux cérémonies d’inhumation du président du parti Upd-Zigamibanga.

Des barricades constituées de quelques pierres avaient été érigées par des jeunes gens pour limiter l’accès à ce lieu. Tous les véhicules n’étaient pas autorisés à se garer devant le domicile de ce disparu. Des pick-up de la police et de l’armée n’étaient pas les bienvenus, plusieurs d’entre eux n’ont pas été permis à s’engager sur ce boulevard. Ils ont dû rebrousser chemin sous des cris de colère. Quelques jeunes gens, très actifs, n’hésitaient pas à ramasser des pierres, prêts à intervenir au moindre mouvement suspect. La peur se lisait encore sur les visages.
L’émotion était encore trop grande, les femmes pour la plupart en burqa avaient des yeux tout rouges, quelques fois, elles poussaient des gémissements qui étaient vite étouffés par des ’’takbirates’’, ces cris pour dire qu’Allah est grand et qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah.

Chez les hommes, c’était la consternation, les quelques échanges tournaient autour de l’avenir des pourparlers entre des représentants du gouvernement, des partis d’opposition et des organisations de la société civile burundaise. « Tout tombe à l’eau. Les escadrons de la mort sont à l’œuvre. Et ce genre d’acte ignoble, condamnable hypothèque les quelques contacts entamés avec le gouvernement pour voir ensemble les voies de sortie. Le tout butait déjà sur la question de fond : le troisième mandat. Maintenant tout est fini », a lancé Frédéric Bamvuginyumvira, vice-président du parti Sahwanya Frodebu présent à ces cérémonies.

L’ex deuxième-vice président de la République, Marina Barampama, l’actuelle secrétaire générale de l’Upd, s’est dite attristée par cet assassinat : « Si aujourd’hui, on commence à liquider les leaders de l’opposition qu’en sera-t-il du simple citoyen ? C’est la descente aux enfers. » Elle appelle le gouvernement à se ressaisir et à tout faire pour que la violence cesse. « Le nœud du problème, c’est ce troisième mandat, il faut que le président y renonce. »

L’imam avait des larmes dans la voix lors de la prière dédiée au défunt. Quand le cercueil est passé devant les femmes, qui ne sont pas autorisées d’aller au cimetière selon la tradition islamique, elles se sont mises à sangloter, à invoquer le Tout Puissant. Certaines femmes pleuraient à chaudes larmes maudissant les commanditaires et les exécutants de leur idole. Mais à chaque fois, les formules islamiques consacrées ’’Allah Akbar’’ (Dieu est grand) et ’’La illaha ila Allah’’ (Il n’y a d’autre divinité qu’Allah), étaient scandés à l’unisson par d’autres femmes pour noyer ces cris de douleurs. C’était leur façon de dire adieu à leur leader.

Des pancartes contre le troisième mandat devant le cercueil

Des pancartes contre le troisième mandat devant le cercueil

Ce sont des taxi-motos et des jeunes portant des pancartes de fortune mais aux messages incisifs, hostiles au président Nkurunziza, qui ont ouvert la procession funèbre. La décision a été prise d’aller au cimetière à pied. Les hommes se relayaient pour porter le cercueil. Il était couvert d’un drapeau national et celui du parti Upd-Zigamibanga.

Du Bld Mgr Buconyori, le cortège s’est dirigé vers la Place des Nations Unies communément appelé ’’rond point Ngagara’’, c’est en face de la Permanence nationale du Cndd-Fdd. Quelques jeunes gens se sont momentanément arrêtés, juste le temps de montrer leurs pancartes aux policiers postés à l’entrée de cet édifice et proférer quelques mots désobligeants. Ils ont également agressé verbalement des militaires qui étaient dans les parages avant de poursuivre leur route vers le cimetière.

Au lieu de prendre la route passant en face de l’ancienne usine textile Cotebu, il a été décidé de contourner pour passer en face du marché communément appelé ’’Chez Siyoni’’ et de se diriger vers la route menant vers l’aéroport pour enfin remonter jusqu’à ce cimetière. A l’entrée, d’autres personnes attendaient. « Nous voulons montrer à tout le monde que cet assassinat est une provocation et un coup fatal à toute tentative de négociation », a lancé un jeune homme portant une pancarte.

La tombe était déjà creusée quand le cercueil est arrivé. Le sermon était court et entrecoupé d’invocations d’Allah. Et c’est aux cris d’’’Allah Akbar’’ et de ’’La illaha ila Allah’’ que le corps de Zedi Feruzi a été inhumé.


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