Depuis le 30 juin, les Rwandais exilés n’ont plus le statut de réfugiés selon la clause de cessation du HCR. Selon cet organe des Nations-Unies, environ 100 000 personnes sont concernées. Et les conditions de leur retour au Rwanda sont réunies. Il s’agit majoritairement des exilés hutus qui ont fui le Rwanda à partir de mai 1994 après le génocide. Aujourd’hui, ils sont répartis dans de nombreux pays africains. La ministre rwandaise chargée des réfugiés et de la gestion des catastrophes a donc entrepris une tournée dans les pays de la région pour convaincre les réfugiés qui s’y trouvent de revenir dans leur pays.
RFI : Séraphine Mukantabana bonjour, pourquoi encouragez-vous les exilés à rentrer au pays ?
Parce que les raisons qui ont prévalu à leur état de réfugiés ont cessé d’exister. Actuellement le Rwanda est calme, il y a la sécurité, il y a la paix.
Mais vous savez que beaucoup de ces exilés ont peur de rentrer au Rwanda, ils ont peur de l’amalgame avec les anciens génocidaires et donc ils ont peur de faire l’objet de représailles ou d’être arrêtés...
Je tiens à vous dire que personne n’est arrêté, le système de justice qui est là est un système équitable. Quelqu’un qui n’a rien à se reprocher, qu’il passe devant les juridictions s’il a été accusé en son absence, et il est acquitté. Je sais aussi que la plupart des Rwandais qui sont en exil ne sont pas des génocidaires et donc j’en appelle à leur confiance : s’ils n’ont rien à se reprocher, ils rentrent au Rwanda. Ceux qui sont encore en exil, je peux les rassurer.
Il y a aussi le problème foncier, ceux qui rentrent trouvent parfois leurs maisons ou leurs terres occupées par d’autres. Comment faites-vous pour régler ces litiges fonciers ?
Les mesures ont été prises, pour que toute personne qui rentre et dont les biens sont illégalement occupés, puisse rentrer en possession de ses biens. Maintenant ceux qui n’en ont jamais eu, parce que nous savons aussi qu’il y a des gens qui risquent de rentrer et qui n’ont pratiquement rien, ils n’ont pas de terres, ils n’ont pas de maisons ; le gouvernement aussi a pris des mesures pour assurer un domicile fixe et donner un lopin de terre, si ce sont des agriculteurs, pour qu’ils puissent vivre comme les autres Rwandais.
Combien d’exilés espérez-vous voir revenir dans les prochains mois ?
Nous nous attendons et nous nous préparons en fonction de 70 000 réfugiés qui sont dans des conditions un peu plus difficiles en Afrique. Mais nous savons aussi que dans certains pays, là où nous avons été -comme la Zambie-, il y a d’anciens réfugiés qui ont opté pour l’intégration locale ; à Brazzaville aussi, il y en a qui ont demandé l’intégration locale ; et nous sommes prêts à faciliter ceux des réfugiés qui vont choisir l’intégration locale comme solution durable.
Parmi les pays qui accueillent des réfugiés rwandais il y a la République démocratique du Congo et la RDC a refusé de reconnaître les conclusions du HCR. Kinshasa reconnaît toujours aux Rwandais présents sur son territoire le statut de réfugiés. Pourquoi ?
C’est vrai qu’avant Kinshasa avait une attitude, mais Kinshasa a fait un pas et il a avancé, il a adhéré aux conclusions des autres Etats de reconnaître la clause de cessation. Je pense que la nuance que Kinshasa met c’est qu’il dit qu’il ne va pas adhérer à une application mécanique de cette clause. Pour Kinshasa, il n’était pas question que, mécaniquement, au 30 juin, le statut de réfugié cesse. Compte-tenu de l’étendue de leur territoire et que certains réfugiés peuvent se trouver dans les zones de combats. Kinshasa avait demandé qu’on lui accorde trois mois pour qu’il prenne le temps de faire un enregistrement. C’est après cet enregistrement que Kinshasa va prononcer la clause de cessation.
Pourquoi ? Quelles sont ses craintes ?
Les craintes c’est peut-être de se retrouver avec un groupe de gens qu’on pensait qu’il n’était plus là alors qu’il est toujours là, de façon illégale et je pense que Kinshasa a tout intérêt, effectivement, à avoir des gens contrôlés sur son territoire.
En mars, des combattants du mouvement rebelle congolais du « M23 » se sont réfugiés au Rwanda, après les affrontements avec la branche de Sultani Makenga. Où en est leur démobilisation ?
Le groupe des ex-M23 qui est entré sur notre territoire au mois de mars a été démobilisé, il a été désarmé, il a été cantonné. Mais je pense aussi que le cantonnement va devoir finir. Nous sommes en train de voir avec la communauté internationale, parce qu’elle doit s’impliquer aussi, quelle pourrait être l’issue, ici, pour ce groupe. Nous pouvons les mettre dans un camp à part, nous pouvons les réintégrer dans les camps de réfugiés comme les autres ; de toutes les façons, ils sont considérés comme des demandeurs d’asile, ce ne sont pas des prisonniers. C’est quand même une situation plus particulière pour laquelle nous attendons le concours et la contribution des Nations unies pour pouvoir prendre une décision idoine.
Vous-mêmes vous avez quitté le Rwanda en 1994 pour la République démocratique du Congo, puis pour Brazzaville. Pourquoi avez-vous accepté de rentrer au Rwanda ?
Si je suis rentrée au Rwanda c’est que j’ai trouvé que les raisons qui m’ont poussée à l’exil n’étaient plus justifiables. J’avais fui, comme les autres, la situation d’insécurité qui prévalait en 1994. Au fur et à mesure, j’ai eu des informations du Rwanda et j’ai pu me rassurer : les conditions étaient réunies pour mon retour et pour ma sécurité.
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