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Jean d’Ormesson : sa face obscure et négationniste.

Redigé par Albert Herszkowicz
Le 8 décembre 2017 à 08:02


Je confesse que je n’ai pas lu les livres du "héros national" Jean d’Ormesson. A chaque fois que j’ai feuilleté un, il m’est tombé des mains. De plus ses minauderies télévisuelles et sa roublardise m’ont dissuadé de persister. Il sera donc ici question de ses positions dans des domaines aussi tragiques que les génocides : celui des Tutsi au Rwanda en 1994 et celui des Arméniens.

Jean d’Ormesson s’est rendu au Rwanda eu juillet 1994 et a repris les éléments de langage de l’armée française, en y ajoutant quelques horreurs "littéraires " de son cru.
Trois articles abjects sont publiés par "l’envoyé spécial au Rwanda", Jean d’Ormesson les 19, 20 et 21 juillet 1994 dans Le Figaro, alors que le journal comptait dans ses rangs,, entre autres, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, qui a révélé l’ampleur du génocide et le rôle de l’armée française dans l’aide aux génocidaires.

C’est donc sponsorisé par Le Figaro et l’armée française que l’académicien est parti au Rwanda en juillet 1994, escorté de sa « nounou », le lieutenant-colonel Bolelli , afin de ne pas "manquer" le dernier génocide du XXème siècle : l’extermination des Tutsi du Rwanda.

Personne ne saura comment il a pu convaincre Le Figaro de rejoindre au Rwanda comme « envoyé spécial » alors que les trois grands reporters chevronnés du journal , Patrick de St Exupéry, François Luizet et Renaud Girard se trouvaient déjà sur place. Peut-être Mitterand et Hubert Védrine, qui déversaient les mêmes horreurs, sont-ils intervenus dans ce sens.

A 69 ans Jean d’Ormesson découvrait le Rwanda. Il en a rapporté trois articles publiés les 19, 20 et 21 juillet 1994 dans Le Figaro. L’académicien n’épargne pas à ses lecteurs toutes les inepties criminelles sur les Rwandais et sur le Rwanda que vraisemblablement le service d’information de l’armée française (SIRPA) lui avait obligeamment fourni :

Il écrit : « les Tutsis parlent anglais ( et pas français comme les Hutu NDLR)) et swahili. Les Tutsis seraient grands, élégants, rapides, organisés. Les Hutus seraient petits et moins bien physiquement. Il n’est pas impossible que les Tutsis aient des origines nilotiques (c’est le coeur de la propagande génocidaire selon laquelle les Tutsi seraient des "étrangers égyptiens", comme les Rohingyas seraient des immigrés du Bangladesh NDLR ). Ils rappellent à certains égards le type égyptien. On a pu dire que les Tutsis jouaient le rôle des Israéliens et les Hutus, celui des Palestiniens. On a même avancé, avec un peu trop de subtilité, que les Hutus ne veulent pas tuer - mais qu’ils tuent ; et que les Tutsis veulent tuer - mais qu’ils se contrôlent. (c’est nous qui soulignons NDLR)

« Un pas de plus et on passe à la conviction que le FPR (Front populaire révolutionnaire qui stoppa le génocide) , mélange de fascisme, de marxisme et de Khmers rouges, est tout simplement l’ennemi. »

« S’il faut tirer une leçon du Rwanda, c’est que les hommes sont tous coupables et qu’ils sont tous innocents. »

Jean d’Ormesson , apparemment tout excité par son expérience de premier touriste du génocide, a ajouté l’insulte et la cruauté à la platitude , en écrivant ceci :

« Sortez vos mouchoirs :il va y avoir des larmes. Ames sensibles s’abstenir : le sang va couler à flot sous les coups de machette. »

« Partout, dans les villes,dans les villages, dans les collines, dans la forêt et dans les vallées, le long des rives ravissantes du lac Kivu, le sang a coulé à flots - et coule sans doute encore. Ce sont des massacres grandioses dans des paysages sublimes. »

On comprend dès lors que François Mitterrand a fait appel à d’Ormesson pour le fameux "dernier petit-déjeuner à l’Elysée" et pour la transmission de son dernier crachat sur le "lobby juif " Jean d’Ormesson écrit à ce sujet : " Beaucoup reprochent au Président les liens qui l’unissent à ce personnage (René Bousquet) qui a joué un rôle important dans la collaboration avec l’Allemagne hitlérienne, François Mitterrand m’écoute sans irritation apparente. Et il me regarde. ’Vous constatez là, me dit-il, l’influence puissante et nocive du lobby juif en France’. Il y a un grand silence"."

On comprend aussi pourquoi Jean-Luc Mélenchon, défenseur de la mémoire de Mitterrand y compris dans les aspects les plus sordides et criminels, dont la non-reconnaissance de la responsabilité des autorités françaises dans la rafle du Vel d’Hiv et et la politique au Rwanda , à a tenu à manifester son amour de d’Ormesson chez qui il se rendait régulièrement.

En fait d’Ormesson était un récidiviste de la banalisation des génocides. Quelques années plus tôt, en 1989, il a fait un voyage en Anatolie, coaché par les autorités turques.

Suite à son compte-rendu complaisant et son silence sur les traces du génocide, le cinéaste d’origine arménienne Henri Verneuil l’avait vivement interpellé dans Libération ; voici le début de sa tribune :

" ...Cher Monsieur d’Ormesson, puisqu’il s’agit de vous, j’ai lu votre évocation avec tristesse car, malgré votre talent, on y décelait une sorte de remerciement à un office du tourisme qui sait si bien recevoir… « avec sa jolie ville d’Antalya, son cadre d’Aspendos, ses monuments de Sidé et ses ruines fascinantes de Termessos »

Il n’y a rien de plus normal que de parcourir un pays, de l’aimer et convier ses contemporains à tenter l’expérience.

Mais on ne peut pas traverser Verdun en évoquant la conquête de Clovis en 50 ou le royaume d’Austrasie sans citer les 700000 morts (des deux côtés) de la Première Guerre mondiale. Il me parait difficile de parler de Dachau en limitant le propos à son château ou à son église du XVIIe siècle.

Dans cette « Anatolie inépuisable », en quelques jours vous avez vu défiler des millénaires, vous avez retrouvé la « Turquie profonde » ou la ville austère de Konya sans jamais rencontrer l’ombre de ces pyramides de têtes coupées qui jalonnaient votre itinéraire enchanté.

Sur ces routes, vastes ossuaires d’un million et demi de cadavres d’Arméniens sans sépulture, vous avez traversé un charnier de l’Histoire avec ces mélancolies des écrivains d’autrefois qui s’en allaient sur leurs caravelles gavées d’un Orient immuable et naïf..."

Nous n’avons pas connaissance d’une réponse de d’Ormesson à cette mise en cause directe et publique.

Ainsi le "gentil et charmant " d’Ormesson était un négateur de la gravité des génocides et crimes contre l’humanité. Il utilisait son prestige afin de répercuter la parole des bourreaux.

Avec Mediapart


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