Les immeubles montant à Kigali sont loin d’être des chevaux blancs, a semblé dire le président Paul Kagame ce lundi 10 août 2015 alors qu’il inaugurait une grande bâtisse d’un investisseur immobilier de Kigali, M. Bertin Makuza en plein centre-ville de Kigali.

Le Président a fait un discours de circonstance réveillant des investisseurs rwandais qui ont peur de jeter leur argent dans les gravats.

"Votre Excellence, pour investir dans l’immobilier, il faut s’assurer si l’occupation de ces immeubles atteindra au moins 80%. Je ne pense pas que cela soit possible", a dit le Président citant le riche Makuza qu’ il, lui comme à d’autres possesseurs de capitaux, encourageait à construire grand et smart tôt dans les débuts des années 2000.

"Vous pouvez construire dans la parcelle occupée par les Postes, le savez-vous ? Et les institutions étatiques ou privées vont occuper vos espaces", a dit Kagame reprenant une séquence d’entretien qu’il a eu avec les commerçants rwandais qui avaient une sorte de crainte religieuse des parcelles occupées par des batiments vétustes des institutions gouvernementales. Il les montrait, a-t-il dit, qu’il souhaitait voir beaucoup de commerçants de Kigali et autres Rwandais de la diaspora venir construire des gratte-ciel et transformer la Ville de Kigali et d’autres villes de l’intérieur du Rwanda.

Bousculer les mentalités

Kagame veut bousculer davantage la classe des commerçants rwandais. Pour lui, ces derniers ne devraient avoir des limites que celles liées à l’importance de leurs caisses quand il s’agit d’entreprendre des actions de création de richesses sociales.

Pour lui, il faut tout bousculer et avoir la rage de réussir en créant des conditions urbaines décentes qui conviennent aux Rwandais.

"Autrefois l’univers du citoyen rwandais, de son enfant et celui de toute sa famille se limitait à une habitation où la place centrale était occupée par un foyer ardent avec une marmite dessus chauffée pour la cuisson au bois mort. Le plafond devenait de la suie bien noire. Et l’univers du citoyen s’arrêtait là. Il n’imaginait pas d’autre développement possible.

Les autorités des régimes précédents ont privé les citoyens d’une autre vision radieuse de l’univers et de la création de beaucoup de richesses sociales qualitativement capables de changer sa façon de vivre.

D’autres, comme moi et beaucoup de compatriotes, étaient maintenus dans l’exil pour ne pas avoir son mot à dire sur le cours de l’histoire sociale de notre pays. Pour l’immédiat, Nous devons participer à la transformation socio économique de notre patrie pour faire la différence", a dit Kagame visionnaire encourageant la classe des commerçants rwandais ou étrangers résidant à Kigali à n’avoir que le ciel pour limite dans la transformation de la Ville comme le pionnier Makuza qui vient d’enfouir plus de 40 millions de dollars, soit plus de 29 milliards de francs dans un gros immeuble flambant neuf.

" Ne t’en fais pas ; si immédiatement demain tu n’as que 10% d’occupation de ton immeuble, dans un mois cela atteindra 40%. A la fin de l’année, ce sera au moins 80% et ainsi de suite. Tout dépendra de la qualité du service que tu offriras", a, ainsi de cette façon, encore une fois encouragé d’autres promoteurs immobiliers qui étaient nombreux à la cérémonie et qui comprennent qu’avec la bourse de Kigali, un immeuble comme celui-ci peut y être côté et être doté de fonds immenses pour son achèvement.

L’industrie rwandaise en piteux état

La transformation de Kigali est lancée. Kagame veut que ce soit plutôt le Rwandais qui subisse des changements profonds dans sa manière de penser et d’agir. Il encourage les possesseurs de capitaux dans l’immobilier commercial. Soit ! Mais il faudrait que cette volonté politique qu’il affiche de faire de Kigali un second Manhattan devrait également être déployée pour attirer des investisseurs industriels qui transforment les produits tropicaux rwandais en des marchandises pouvant traverser les mers prêtes à être immédiatement consommées.

Ce pari, une fois gagné, est le seul qui l’élèvera dans le panthéon d’illustres hommes d’Etat comme ce Lee Kwan Yew singapourien qui auront opéré une révolution de mentalités de leurs peuples.