Kwibuka24:Cérémonie de la Mémoire des Tutsi victimes du génocide à l’église de Ntarama

Redigé par rna
Le 17 avril 2018 à 11:04

Dimanche 15 avril 2018, au mémorial du génocide de Ntarama dans le district de Bugesera, il a été organisé une cérémonie dédiée à la mémoire des Tutsi tués à l’église catholique de Ntarama lors du Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. L’événement était dans la perspective de la 24ème commémoration de ce génocide qui a coûté la vie à plus d’un million de vies.

L’événement a commencé par une marche de mémoire des victimes qui a commencé à partir d’un endroit connu comme "Arrêté" vers le mémorial du génocide de Ntarama où une minute de silence a été observée, des fleurs posées sur la tombe pour rendre hommage aux victimes.

Emmanuel Nsanzumuhire, maire du district de Bugesera, a souligné que les Tutsi de Bugesera furent torturés et persécutés par la première et la deuxième républiques, alors que pendant le Génocide en 1994, les assassins n’avaient même pas eu peur de les tuer dans des églises, ce qui explique le fait que deux anciennes églises au Bugesera servent maintenant de sites mémoriaux. Il a exhorté tout le monde à prendre part à la lutte contre l’idéologie du génocide et ceux qui ont des informations sur l’endroit où les corps des victimes du Génocide commis contre les Tutsi ont été déversés à divulguer ces informations afin que ces corps soient enterrés décemment.

Au cours de cet événement commémoratif, Melchiad Mugabo et son collègue ont expliqué aux participants la torture et la persécution des Tutsi subies par les Tutsi depuis 1959 et comment ils furent expulsés vers le Bugesera pour être tués par les serpents et la mouche tsé-tsé.

Marie Louise Umuraza qui avait 20 ans en 1994, par ses témoignages, elle a réitéré sur la sauvagerie du Génocide commis contre les Tutsi à Ntarama, où elle et ses collègues furent époustouflés quand ils se rendirent compte que les tueurs étaient des voisins proches. Elle a raconté les moments difficiles et les épreuves qu’elle a traversés, et a remercié les soldats de l’APR de l’avoir sauvée et arrêté le génocide.

Fred Mufuluke, Gouverneur de la Province de l’Est qui était aussi l’invité principal, a illustré la différence entre le faible et mauvais leadership qui a plongé le Rwanda dans le Génocide commis contre les Tutsi et le bon leadership dont le pays se jouit maintenant, qui cherche à reconstruire l’unité des Rwandais. Il a remercié les rescapés du Génocide d’avoir choisi de pardonner à ceux qui les ont offensés. Il a également exhorté toutes les personnes présentes à sauvegarder les réalisations des pays.

Le Génocide de 1994 à Ntarama

Le 6 avril 1994, dans les heures qui ont suivi le décès du président Habyarimana, les meurtres de Tutsi avaient débuté à Kigali. Le 7 avril, les maisons des Tutsi ont été incendiées à Ntarama, avec une certaine résistance. La milice Interahamwe de Ntarama a appelé à des renforts d’autres milices basées à Bugesera et, lorsqu’elles furent amassées, elles ont attaqué les Tutsi vivant à Ntarama, qui ont fui à l’église de Ntarama le 9 avril.

Comme pour beaucoup de Tutsi à travers le pays, ils croyaient qu’ils seraient en sécurité dans l’enceinte de l’église, parce que lors des massacres précédents, les assaillants avaient respecté les sites religieux.

Le 13 avril 1994, la milice Interahamwe sous la direction de François Karera, alors préfet de l’ancienne préfecture de Kigali rural, a mené un recensement des Tutsi à l’église de Ntarama. À la fin du compte, ils ont dit aux Tutsi qu’ils voulaient qu’ils restent ensemble afin que le gouvernement puisse garantir leur sécurité. Il s’agissait d’une stratégie cohérente avec des mesures prises dans d’autres endroits du Rwanda et avait pour but de rassembler ceux qui se cachaient.

Le 15 avril, les soldats et les miliciens Interahamwe sont retournés à l’église Nyamata et ont commencé une attaque coordonnée et systématique contre environ 5 000 Tutsi qui se trouvaient dans l’église de Ntarama.

Les attaques initiales ont impliqué des soldats et des miliciens Interahamwe armés d’armes à feu et de grenades ; plus tard ce jour-là, les Interahamwe sont entrés dans l’église et ont utilisé des machettes et d’autres armes traditionnelles pour tuer ceux qui étaient encore en vie.

Les attaques ont été particulièrement violentes à l’église de Ntarama, même dans le contexte du Génocide plus vaste qui se déroulait. Certains ont été torturés jusqu’à ce qu’ils meurent, les ventres des femmes enceintes ont été coupés ouverts alors que les Interahamwe disaient qu’ils voulaient voir comment ressemble un bébé Tutsi non encore né.

Dans le bâtiment de l’école du dimanche, les enfants étaient brisés contre les murs ; les tueurs disaient qu’ils ne voulaient pas gaspiller leurs balles.

L’attaque a été menée par François Karera qui commandait les soldats et les Interahamwe ainsi que des groupes de Hutu civils.

Au 30 avril 1994, les attaques avaient tourné vers la rivière Akagera. Beaucoup de Tutsi, y compris ceux qui avaient survécu ou échappé aux attaques de Ntarama, s’étaient cachés dans les marais voisins sous la couverture du papyrus. Les Interahamwe ont fouillé les marais, en utilisant souvent des chiens pour identifier ceux qui se cachaient, et ils tuaient ou noyaient ceux qu’ils trouvaient.

Le Génocide à Bugesera a pris fin le 14 mai 1994 lorsque des soldats du FPR Inkotanyi sont arrivés à Nyamata.

Le site mémorial de Ntarama

Le site mémorial du Génocide de Ntarama est situé dans le district de Bugesera, province de l’Est. L’église de Ntarama a été transformée en un mémorial du Génocide le 14 avril 1995 et est dédiée aux 5 000 personnes qui ont été tuées à l’intérieur de l’église, dans la cuisine des prêtres, dans le bâtiment de l’école du dimanche et dans le jardin de l’église.

L’un des huit sites mémoriaux au niveau national, Ntarama contient des restes humains, des vêtements et des artefacts appartenant à ceux qui y ont été tués, qui restent toujours exposés.


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