La CPI joue son avenir dans les procès des leaders Kenyans

Redigé par Jean Jill Mazuru
Le 11 septembre 2013 à 05:40

La comparution de William Ruto ce 10/9/2013 est particulière à un double titre. D’abord, parce que c’était la première fois que la Cour Pénale Internationale, CPI siégeait devant un accusé de la trempe du vice-président en exercice d’un pays ! Parce qu’il faut bien rappeler que Laurent Gbagbo, un autre célèbre pensionnaire de la CPI y avait été conduit après son renversement.
Le second signe qui confère à cette comparution sa singularité, c’est le contexte de pression que le parlement kényan exerce sur les (...)

La comparution de William Ruto ce 10/9/2013 est particulière à un double titre. D’abord, parce que c’était la première fois que la Cour Pénale Internationale, CPI siégeait devant un accusé de la trempe du vice-président en exercice d’un pays ! Parce qu’il faut bien rappeler que Laurent Gbagbo, un autre célèbre pensionnaire de la CPI y avait été conduit après son renversement.

Le second signe qui confère à cette comparution sa singularité, c’est le contexte de pression que le parlement kényan exerce sur les juges de la CPI, en ayant récemment adopté une résolution permettant à leur pays de quitter le statut de Rome.
Du coup, Fatou Bensouda, la procureur de la CPI et ses collègues étaient confrontés à un énorme défi. Défi d’autant grand qu’ils ont le devoir de surmonter tous ces écueils pour rendre justice et lire, rien que le droit international.

Pour revenir sur le cas William Ruto, celui-ci aurait bien pu ne pas se rendre à la Haye. Au vu de la venue de Ruto aux Pays Bas, il est plus probable que son célèbre co-accusé, l’actuel président Uhuru Kenyatta, lui aussi, réponde à sa convocation prévue au 12 novembre prochain.
Mais une si grande "humilité" de la part de ces deux personnalités mérite des juges de la CPI toute la responsabilité requise. Justice doit être rendue et la vérité établie. Si Uhuru Kenyatta et son vice-président sont coupables des chefs d’accusation brandis à leur encontre, ils devront subir les rigueurs de la loi. Car, en plus de la justice qui sera ainsi rendue au millier de victimes des violences postélectorales de 2007, le futur verdict pourrait servir de jurisprudence aux autres personnalités qui pourraient être animées par des intentions machiavéliques.

Par contre, s’ils sont innocentés, ils mériteraient qu’on le leur reconnaisse. Leur humble démarche plaide en leur faveur. Le bureau du procureur doit en particulier s’atteler à disposer d’un dossier d’accusation solide, au lieu d’inventer des théories de l’intimidation ou du chantage que les accusés exerceraient sur les témoins. Bien que cela ne soit aucunement exclu, les accusés démontrent néanmoins largement la preuve de leur bonne foi en se présentant à La Haye. L’importance pédagogique que revêt cette attitude justifie que les juges agissent de manière à rassurer ceux qui craignent d’entreprendre le même chemin. N’est-ce pas Mr Omar el-Béchir ?
La CPI, qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, a ouvert des enquêtes dans huit pays, tous africains.
Depuis sa mise en place en 2003, cette cour est décriée par une certaine opinion, l’accusant de n’enquêter que sur des pays africains, alors que les crimes de guerre et crimes contre l’humanité sont commis aussi bien en Afrique que dans d’autres continents du monde. Ce qui lui vaut des critiques, notamment de l’Union africaine, qui l’accuse de mener « une sorte de chasse raciale », son action étant par ailleurs aussi qualifiée de « deux poids, deux mesures. »


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