Une crise politique au sein de l’UPRONA qui ne laisse indifférent le gouvernement du Burundi. Certains trouvent que la Contitution est violée et les autres non. Mais ce qui est sûr, "tout ce qui se passe au présent a souvent un lien avec le passé et peut influencer l’avenir".
Un peu sur le Burundi
Surnommée « la Suisse d’Afrique » de par la beauté de son paysage, le Burundi est un petit pays de l’Afrique central qui s’étend sur une superficie de 27 834 kilomètres carrée où cohabitent environ 9 millions de burundais.
Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, les burundais ont une seule langue maternelle le « kirundi ». Indépendant depuis le 1 Juillet 1962, la colonisation a laissé un héritage d’ethnicité et les traces restent même après 52 ans.
Des crises politiques se sont enregistrées depuis l’Indépendance. Des guerres ont toujours suivi ces crises. Les plus indélébiles dans les mémoires des burundais sont ceux de 1972 et 1993 qui ont emporté des milliers vies humaines. La base des conflits ayant toujours été l’ethnie, conflits entre Hutu et Tutsi. Le plus long drame de tous ces cauchemars du Burundi aura été le génocide de 1993, une série horrible qui a éclaté après l’assassinat du premier président démocratiquement élu, S.E Melchior Ndadaye. Un président qui était de l’ethnie Hutu.
Des années noires ont suivi cet assassinat emportant des milliers de vies de burundais. Un soupir de soulagement est intervenu après la signature des Accords d’Arusha du 28 août 2000. A l’époque, le CNDD-FDD(parti au pouvoir actuellement) était encore un mouvement qui avait les armes en main, tout comme le FNL qui, en ces temps-là, portait toujours le nom de PALIPEHUTU FNL. Ces mouvements avaient respectivement comme leader, Pierre Nkurunziza et Agathon Rwasa.

Le 15 Novembre 2003, le CNDD-FDD signe les accords de paix avec le pouvoir de transition dirigé par Domitien Ndayizeye. Devenu parti politique reconnu par l’État burundais, le CNDD-FDD reçoit des postes au gouvernement et c’était parti pour une course politique. Suite à la restauration de la paix sur la grande étendue du Burundi, le CNDD-FDD, hier au maquis, remporte largement les élections communales du 5 Juin 2005. Avec 62,5% des voix, le CNDD-FDD vient en premier suivi du FRODEBU (20,5 %) et l’Uprona (5,3 %).
La concurrence entre le FRODEBU et l’UPRONA ne se prononce plus, un nouveau concurrent, le CNDD-FDD est venu et a cassé les tendances et le duel. Cette victoire met fin à une guerre qui aura duré plus de 10 ans.
Le dernier mouvement rebelle, le PALIPEHUTU FNL, qui n’avait pas encore déposé les armes signe à son tour les accords de cessez-le feu le 15 Mai 2005 à Dar es Salaam et devient parti politique portant le nom de FNL, l’autre vocable est enlevé suite aux critères d’admission des partis politiques au Burundi. Le leader des FNL, Agathon Rwasa entre publiquement à Bujumbura au grand soulagement des burundais, surtout ceux de Bujumbura Rural qui était le fief du FNL.

ENTREE VERITABLE EN POLITIQUE DU CNDD-FDD C’EST EN 2005
Le parti CNDD-FDD se lance véritablement en politique en 2005 avec la victoire des élections législatives du 4 juillet et sénatoriales du 29 juillet 2005. Par suffrage indirect, le parlement élit Pierre NKURUNZIZA le 19 août comme président de la République et devient officiellement président du Burundi 7 jours après.
Après 5 ans, d’autres élections se sont tenues à commencer par les élections communales. Des élections dans lesquelles le CNDD-FDD a eu 2/3 des voix et les partis de l’opposition ont crié haut et fort aux fraudes électorales. Ces partis politiques se sont retirés de la suite du processus électoral. Mais, le parti UPRONA ne s’est pas retiré et a pu cavalier au côté du CNDD-FDD. Certains partis politiques qui n’ont pas adhéré aux résultats des élections communales se sont mis en coalition de l’opposition dénommée « Alliance des Démocrates pour le Changement » dit ADC Ikibiri.
Depuis ce retrait de l’ADC Ikibiri dans la course électorale de 2010, le gouvernement a été dominé par les membres du parti CNDD-FDD mais aussi à ces côtés l’UPRONA qui ne s’est jamais déclaré comme faisant parti de l’opposition et le FRODEBU Nyakuri qui est un parti politique sorti des entrailles du Sahwanya FRODEBU.
si on regarde le nombre de personnalités qui ont déjà occupé le poste de premier vice-président de la République depuis 2010, il faut admettre que la collaboration n’a pas toujours été une partie de plaisir pour le président Pierre NKURUNZIZA, issu du CNDD-FDD. En effet, en 4 ans, depuis 2010, trois "Badasigana" ont déjà secondé Pierre NKURUNZIZA dans le poste de premier vice-président. Tous venant de l’UPRONA, Terence Sinunguruza a quitté ces fonctions en démissionnant, Bernard Busokoza destitué et actuellement Prosper Bazombanza occupe ce siège malgré les contestations du parti UPRONA dirigé par l’Honorable Charles Nditije.
Cet état de changement permanent des occupants de ce poste est-t-il dû à quoi ? Est-ce les occupants qui n’arrivent pas à la hauteur de leurs missions ? Est-ce le pouvoir du CNDD-FDD qui veut écarter ou phagocyter l’UPRONA ? Ou l’origine réside à l’instabilité que vient de subir l’UPRONA et qui ne semble pas encore pris fin ?
Une situation qui s’empire depuis le renvoie de Bernard Busokoza
Avant la venue de Bernard Busokoza destitué le 1 Février 2014, un uproniste occupé la première vice-présidence à savoir Terence Sinunguruza. Alors que son parti était déjà divisé en deux mais tenter de s’unir pour reformer un parti de Rwagasore soudé, son parti lui a lâché et l’obligeant à démissionner de ces fonctions. Le motif que la direction nationale du parti UPRONA et les parlementaires upronistes lui reprochaient étaient :
« l’adoption d’un comportement négatif consistant à mettre en avant ses propres intérêts au détriment de ceux de la population burundaise en général et des Badasigana en particulier. Mais également, son silence coupable face aux nombreux problèmes qui assaillent la nation burundaise. Ce même comportement négatif s’est manifesté de manière plus grave par son obstination à s’opposer au rassemblement des Badasigana, alors qu’il s’agit d’une option politique prise par les organes du parti, une volonté manifeste de tous les Badasigana et une solution salutaire pour l’avenir du parti UPRONA ».

Telles sont les reproches qui ont conduit Terence Sinunguruza à démissionner de ses fonctions de premier vice-président malgré qu’il avait nié ces reproches. Mais, n’ayant plus la confiance de son parti l’UPRONA, que pouvait-il envisagé d’autre en tant que Mudasigana ? Le Lundi 14 octobre 2013, Terence Sinunguruza a remis son tablier en promettant de continuer à servir son parti UPRONA. Deux jours après, le nom de son succès Bernard Busokoza est étudié par le parlement burundais. Les députés du CNDD-FDD reprochant Busokoza d’avoir commis et pris part dans le génocide de 1993, se retire de la séance. Après un avant-midi non-productif, son approbation officielle à Kigobe sortira en réalité d’une réunion de tous les députés du CNDD-FDD, à huit clos, dans la permanence nationale du parti au pouvoir.

La cohabitation du duo Pierre NKURUNZIZA- Bernard BUSOKOZA n’a pas tardé à présenter des signes inquiétants. D’un côté, un président que les opposants et les membres de la société civile reprochent d’ « silence complice » face aux actes d’un ministre de l’intérieur qui fait grincer les dents de l’opposition et de la société et de l’autre un premier vice-président discret, le voyage ensemble ne prédisait pas un long parcours.
Un UPRONA déjà dans un processus de réunification se heurte à un « plan » du ministre Edouard Nduwimana. Le ministre de l’intérieur est accusé ouvertement par le parti UPRONA de comploter contre sa réunification en usant de son rang et le pouvoir que lui accorde ses fonctions. Le camp Nditije et celui de Evariste Ngayimpenda semblant débuter la marche vers un compromis, un autre camp prend naissance dans un courant que certains ont baptisé la « nyakurization » : le camp Bonaventure Niyoyankana. La « nyakurization » qui a fait naître le FRODEBU Nyakuri et à laquelle l’UPD Zigamibanga, le FNL y connaissent quelque chose. Ces derniers, partis politiques de l’opposition sont actuellement subdivisé en deux chacun.

L’éruption qui a duré un bon temps s’est transformée en cratère crise politique quand, en fin janvier 2014, le ministre d’intérieur Edouard Nduwimana a déclaré, à travers un arrêt ministériel que le seul président de l’UPRONA que reconnait la loi est Bonaventure Niyoyankana. Une décision que le premier vice-président de l’époque, Bernard BUSOKOZA, supérieur direct d’Edouard Nduwimana, a vite annulé par un décret le 31 Janvier 2013. Ce décret de Busokoza n’a duré que 24 heures. De son retour de voyage à l’étranger, le président Pierre NKURUNZIZA a destitué et annulé le décret de Busokoza le 1 Février 2014. Et c’était parti pour une crise institutionnelle. Trois ministres upronistes, par l’appel de leur parti UPRONA, démissionnent de leurs fonctions.

La pomme de discorde de tout ce blocage politique qui est avancé est le projet portant révision de la constitution qui envisagerait d’accorder le droit à Pierre NKURUNZIZA d’aller à la quête d’un 3ème mandat à la présidence de la République du Burundi. Une autre loi qui constitue la base de cette crise politique est la nouvelle loi de la Commission Nationale Terres et autres Biens. Ces deux règlementations semblent constituer la poudre à déclencher le désordre dans le gouvernement de Bujumbura et le parti UPRONA.

A moins de 20 jours, les changements, les mutations qui se sont opérés au sein de l’UPRONA y sont allés à une vitesse vertigineuse, coup de théâtre s’accumulant après l’autre. Le ministre de l’intérieur Edouard Nduwimana a accordé la présidence de l’UPRONA à Bonaventure Niyoyanka et dégageant de « Ku Mugumya » le camp Charles Nditije et Evariste Ngayimpenda, mais quelques jours après Bonaventure Niyoyankana refuse le « cadeau » de Nduwimana. Geste salué par les upronistes mais quelques heures plus tard, les cartouches en restaient et les surprises de même, Concilie Nibigira, ancien vice-président du parti en 2009 s’autoproclame représentante de l’UPRONA devant la loi. Et le ministre Nduwimana n’a pas tardé à reconnaitre l’autorité de Concilie Nibigira. Celle-ci qui avait déclaré qu’il ne venait pas prendre les gouvernails de l’UPRONA pour donner des propositions de noms d’un successeur de Busokoza destitué n’a pas manqué à faire le contraire de ces propos. Concilie Nibigira a non-seulement proposé des noms pour le poste de premier vice-président mais elle a donné aussi des noms pour les 3 postes vacants de ministre.

En effet, parmi les noms proposés par Concilie Nibigira en est sorti le nouveau premier vice-président de la République, Prosper BAZOMBANZA qui, ce dernier, est sujet de contestation de l’UPRONA dirigé par Charles Nditije et la coalition ADC Ikibiri.
Sur les évènements encore frais, ils ont dit…
Honorable Domicien Ndayizeye

Se basant sur les divisions qui s’observent dans différents partis politiques. Il se remarque la création des branches de "Nyakuri" issus de partis politiques reconnus au Burundi. Des conséquences énormes peuvent toucher le parti CNDD-FDD car il s’avère que leur objectif est de rassembler toute la population burundaise dans un parti unique. Le sénateur Domitien Ndayizeye trouve que tôt ou tard les partis qui se sont divisés ou divisés par le gouvernement en place vont se réunifier. Que ce soit le parti FNL de Rwasa Agathon, scindé en deux branches avec d’un côté Jacques Bigirimana, le parti UPD divisé, d’un côté l’autorité de Mugwengezo et de l’autre Feruzi, la division du parti FRODEBU qui a donné naissance au FRODEBU Nyakuri ainsi que le cas récent de la division du parti UPRONA, tous ces partis vont tôt ou tard se réunifier.
Honorable Charles Nditije

Prosper BAZOMBANZA a été approuvé sans une seule voix d’un mudasigana (membres du parti UPRONA) sauf le parlementaire Bonaventure Niyoyankana. Hors, il est connu que ce dernier ne fait plus parti des Badasigana actuellement puisqu’il ne veut pas voir l’UPRONA unifiée, dit Charles Nditije. Nditije a ajouté, le lendemain de l’investiture de Prosper BAZOMBANZA que, celui-ci ne vient que pour défendre les intérêts du CNDD-FDD et surtout donner son approbation au 3em mandat de Pierre NKURUNZIZA. Selon Charles Nditije, le nouveau premier vice-président vient au compte du CNDD-FDD et non de l’UPRONA.
Pacifique Nininahazwe (Président du FOCODE)

Le Président de la République ne devrait pas faire le sourd d’oreille face à la crise qui règne au sein du parti UPRONA car ces deux partis, constituant le gouvernement du Burundi représentent deux ethnies différentes comme c’est inscris dans les Accords d’Arusha.Les désaccords entre ces deux partis pourraient suscités une certaine méfiance entre les Hutu et les Tutsi. Pacifique Nininahazwe demande au Président de la République d’ouvrir un dialogue dans les brefs délais entre ces deux branches du parti UPRONA afin de mettre un terme à cette crise car, comme c’est inscrit dans les Accords d’ARUSHA, toutes les ethnies doivent avoir une place au gouvernement. Hors, actuellement, l’UPRONA représente les Tutsi au gouvernement.
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