• Depuis des années, des rumeurs couraient sur l’enrichissement excessif de la famille du Premier ministre Wen Jiabao. Documents à l’appui, le New York Times publie les résultats d’une enquête approfondie et corrobore les soupçons. Cette enquête paraît à douze jours du XVIIIe Congrès du Parti communiste, qui doit entériner un total renouvellement de la direction chinoise. La préparation de la succession a déjà été entachée par le scandale Bo Xilai.
De Pékin - La mère du Premier ministre chinois était institutrice dans le nord du pays. Son père se retrouva affecté dans une porcherie lors de l’une des campagnes politiques de Mao. Et pendant son enfance, "ma famille était extrêmement pauvre", a déclaré le Premier ministre Wen Jiabao dans un discours l’an dernier.
Mais pour sa mère, Yang Zhiyun, aujourd’hui âgée de 90 ans, la misère n’est plus qu’un lointain souvenir. Elle est devenue incroyablement riche, du moins sur le papier. Il y a cinq ans, un investissement effectué à son nom dans une grande entreprise de services financiers chinoise se serait monté à 92 millions d’euros.
On ne sait pas exactement comme Yang, qui est veuve, a pu accumuler une telle richesse, ni même si elle est au courant des opérations réalisées en son nom. Mais tout cela s’est produit depuis que son fils est entré dans les rangs de l’élite dirigeante du pays, d’abord en 1998 en tant que vice-premier ministre, puis, cinq ans plus tard, au poste de Premier ministre.
De nombreux proches de Wen Jiabao, dont son fils, sa fille, son frère cadet et son beau-frère, se sont fabuleusement enrichis du temps de son mandat [qui doit prendre fin en mars prochain], ce que révèle une enquête du New York Times. En étudiant les archives de certaines sociétés et des autorités de réglementation, on s’aperçoit que les parents du Premier ministre, dont quelques-uns, comme son épouse, ont un goût prononcé pour des méthodes entrepreneuriales agressives, et contrôleraient des actifs d’une valeur d’au moins 2 milliards d’euros.
Bien souvent, leurs identités sont dissimulées derrière de multiples écrans de partenariat et des vecteurs d’investissements qui passent par des amis, des collègues et des associés. Quand on démêle cet écheveau financier, on découvre des détails rarement exposés au grand jour sur la manière dont des gens disposant d’appuis politiques ont profité de la connexion entre le gouvernement et les affaires, l’influence de l’Etat et les fortunes privées ayant tendance à aller de pair dans une économie chinoise croissant à une vitesse galopante.
Contrairement à la plupart des jeunes entreprises en Chine, les affaires de la famille de Wen ont obtenu le soutien financier d’entreprises d’Etat, dont China Mobile, un des plus grands opérateurs téléphoniques du pays, selon ces documents. Ces entreprises ont aussi été épaulées par certains des magnats les plus puissants d’Asie. Le New York Times a appris que des proches de Wen avaient accumulé des parts dans des banques, des joailleries, des sites balnéaires, des sociétés de télécommunications et des projets d’infrastructures, parfois par le biais d’entités off-shore. Parmi leurs biens, citons également une zone résidentielle à Pékin, une usine de pneus dans le nord de la Chine, une société impliquée dans la construction de quelques-uns des stades olympiques de la capitale, dont le célèbre "Nid d’oiseau", et Ping An Insurance, un des plus grands prestataires de services financiers du monde.
En tant que Premier ministre dans une économie qui reste majoritairement étatique, Wen, pourtant connu pour sa simplicité et son réalisme, dispose d’une autorité incontestée sur les grandes industries où ses proches ont fait fortune. Par exemple, les entreprises chinoises ne peuvent entrer en bourse sans l’accord d’organismes supervisés par Wen. Il a en outre le pouvoir d’influencer les investissements dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et les télécommunications.
Les délibérations du gouvernement chinois étant rarement étalées au grand jour, on ne sait pas quel rôle Wen, aujourd’hui âgé de 70 ans, a pu jouer - si même il en a joué un - dans la plupart des décisions politiques et de réglementation. Mais dans certains cas, ses proches ont tout fait pour tirer parti des chances qu’offraient ces décisions.
Le frère cadet du Premier ministre, par exemple, est propriétaire d’une société qui s’est vu attribuer plus de 23 millions d’euros de contrats et de subventions de l’Etat pour gérer le traitement des eaux usées et des déchets médicaux dans certaines des plus grandes villes de Chine, d’après des estimations tirées de données gouvernementales. Les contrats ont été annoncés après que Wen a ordonné le renforcement de réglementations sur le traitement des déchets médicaux en 2003, au lendemain de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).
The New York Times/Le Courrier International
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