Le journal belge en ligne Le Vif/L’Express du 16 novembre 2012, sous la plume de Gérald Papy ‘‘Afrique Centrale ; où est la Belgique ?’’, se pose la question de savoir le rôle approprié que la Belgique, ancienne puissance tutélaire du Congo-Ruanda-Urundi , doit jouer dans la crise qui embrase la région des Grands Lacs africains.
D’après lui, « … Avec un taux de croissance de plus de 8 % l’année dernière, le Rwanda suit cette trajectoire, un bilan d’autant plus appréciable que le pays a été ravagé, il y a dix-huit ans, par un génocide qui l’a privé d’un million de ses citoyens… ce redressement spectaculaire est écorné par le soupçon qu’il ait été forgé peu ou prou par l’instabilité chronique entretenue au Congo-Kinshasa.
Le Rwanda devrait une partie de sa prospérité aux rapines qu’il a organisées dans les ressources naturelles de l’est de la RDC voisine… Le Rwanda pouvait alors justifier son action par la menace que, dans l’indifférence de Kinshasa et de la communauté internationale, faisaient peser sur sa pacification les groupes de génocidaires ayant fui le pays des Mille Collines en 1994. Aujourd’hui, Kigali peut difficilement exciper des mêmes arguments alors que ses opposants armés ne constituent plus une menace directe… »
Le journaliste fait allusion aux menaçantes FDLR/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda qui écument l’Est de la RDC en quête d’un éventuel coup de pousse pour rentrer dignement la gâchette braquée sur le régime bien en place à Kigali.
Ce n’est pas tout ! Le journaliste qui est aussi Rédacteur en chef adjoint de sa revue entre dans les sentiers battus et enfourche le discours stéréotypé comme quoi le Régime de Kigali est privé des aides occidentales pour ne pas cesser de soutenir le M23, mouvement de mutins des FARDC, qui développe une logique particulière de gérer de façon sécuritaire satisfaisante l’Est de la RDC.
Au-delà d’une polémique autour de qui soutient ou non ce mouvement, le journaliste belge bien branché sur le contentieux en question est à même de remonter le fil de l’histoire et de comprendre avec ses lecteurs la cause de tout ce gâchis. Il montre que la Belgique se ressaisit tardivement face à une soi disante détermination du Rwanda à occuper le devant de la scène pour le rétablissement durable de la paix et de la sécurité dans cet Est de la RDC. Ça c’est très mauvais pour cette ancienne puissance tutélaire qui ne fait que suspendre une coopération militaire belgo-rwandaise de faible intensité. « …Cette mesure traduit la perte progressive de leadership de la Belgique en Afrique Centrale… »
Par ailleurs, le journaliste se ressaisit et il distribue les torts. « … le Rwanda est loin d’être le seul responsable du fiasco dans l’est du Congo. Renversements d’alliances, incapacité de bâtir une armée loyale, échec de l’intégration des groupes rebelles armés, corruption... : c’est aussi l’échec du président Joseph Kabila que consacre l’insurrection des Tutsi congolais du M23… »
Le journaliste montre que la Belgique a tort pour avoir abandonné « la politique d’équidistance longtemps prisée par Louis Michel, ancien ministre libéral », une politique consistant à écouter et amener sur une table de dialogue les deux parties congolaise et rwandaise.
Est-ce une façon de dire qu’en parlant de « renversement des alliances », le camp des Kabila a chassé ses amis rwandais qui les ont hissés au pouvoir pour s’attirer les bonnes faveurs de leurs irréductibles adversaires hutus qui posent de sérieuses menaces contre le régime de Kigali ?
Notre journaliste ne le pense pas de cette façon. Il déclare qu’ils sont maintenant édentés, que par conséquent, le régime de Kigali n’a plus à brandir une telle menace pour justifier tout possible appui qu’il réfute aux mutins congolais du M23.
Pourtant une brève revue de presse montre que les adversaires au régime de Kigali sont de rusés et fins militaires qui savent exploiter les stéréotypes de la Communauté internationale. La radio onusienne OKAPI opérant spécialement dans l’Est de la RDC, fait un monitoring presque au quotidien pour montrer que ces Fdlr n’ont rien perdu de leur force de frappe.
Ainsi Radio OKAPI du 14 novembre dernier annonçait que « Plus de deux cents soixante-quatre civils dont quatre-vingt-trois enfants ont été arbitrairement exécutés au Sud du Masisi dans la province du Nord Kivu entre avril et septembre 2012, selon le rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNDH) rendu public mercredi 14 novembre à Kinshasa… Il (le représentant de la Haute commission des Nations unies aux droits de l’Homme, Scott Campbell) a également dénoncé « l’extrême violence » avec laquelle ces crimes ont été commis, désignant également les Maï-Maï Nyatura comme responsables de beaucoup de meurtres dans le territoire de Masisi. Ces violations des droits de l’homme, a-t-il dit, sont opérées en collaboration avec les rebelles rwandais des FDLR… »
Une autre dépêche publiée le même jour rapportait que « La société civile de Lubero demande à l’armée congolaise de reprendre le contrôle des villages de Bunama, Miriki, Kimaka et Katinga, occupés par les FDLR depuis le départ des militaires congolais à Rutshuru pour combattre la rébellion du M23… »
Il faut également dire qu’avec « le renversement des alliances opéré par le camp des Kabila », la responsabilité de la puissance tutélaire belge pourrait être questionnée car il se fait que lesdites Fdlr se sont alliées aux communautés locales partageant les mêmes sensibilités socio politiques jusqu’à réveiller une xénophobie contre d’autres groupes ethniques locales. Radio OKAPI du 4 novembre dernier rapportait que « Une équipe de policiers et des jeunes du village Shoa ont retrouvé le corps de six femmes et d’un bébé le vendredi 3 novembre. Les victimes, tuées à coups de machettes, étaient à la recherche de nourriture pour leurs familles dans les champs situés sur la colline Bushuhi, selon des témoins. Les combattants Hutu Nyatura, alliés aux FDLR rwandais, sont pointés du doigt dans ce massacre… La population en colère souhaite voir un engagement soutenu de l’armée congolaise pour combattre les combattants Hutu Nyatura qui agissent souvent en collaboration avec les FDLR. Les responsables locaux tentent de calmer la population. »
Il s’avère donc impérieux que les médias occidentaux prennent un recul et qu’ils comprennent que la catastrophe qui secoue l’Est de la RDC se fonde sur des causes lointaines, qu’avec un effort soutenu, il y a lieu de contribuer à une bonne et exhaustive compréhension du problème quitte à pouvoir éclairer la Communauté internationale à asseoir des stratégies idoines de sa solution.
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