Le protectionnisme de Trump s’invite au sommet des BRICS

Redigé par IGIHE
Le 25 juillet 2018 à 03:12

Les dirigeants des BRICS, les cinq grandes économies émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du Sud, se retrouvent ce mercredi à Johannesburg pour leur sommet annuel. Et une fois de plus c’est Donald Trump qui impose son ordre du jour.
Difficile en effet pour ces pays, qui à eux cinq pèsent 40 % de la population mondiale et pas loin d’un quart des richesses de la planète, de faire l’impasse sur la guerre commerciale que le locataire de la Maison-Blanche semble bien (...)

Les dirigeants des BRICS, les cinq grandes économies émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, et l’Afrique du Sud, se retrouvent ce mercredi à Johannesburg pour leur sommet annuel. Et une fois de plus c’est Donald Trump qui impose son ordre du jour.

Difficile en effet pour ces pays, qui à eux cinq pèsent 40 % de la population mondiale et pas loin d’un quart des richesses de la planète, de faire l’impasse sur la guerre commerciale que le locataire de la Maison-Blanche semble bien déterminé à mener aux quatre coins du globe au nom de son Amérique d’abord.

Et si la Chine a cristallisé ces dernières semaines le courroux de Washington, qui menace désormais de taxer l’ensemble de ses exportations vers les États-Unis pour réduire son déficit commercial abyssal, les quatre autres émergents savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’éventuelles mesures punitives que Washington pourrait décréter pour défendre ses intérêts.

Dès le mois de juin, ces cinq puissances ont donc dénoncé le protectionnisme des États-Unis qui, selon eux, mine la croissance mondiale. Le sommet de Johannesburg sera pour eux l’occasion de mieux coordonner leur position.

Présenter une alternative aux règles imposées par les occidentaux, c’est un peu la raison d’être des BRICS

Ce forum a en effet été lancé en 2009, soit quelques mois après la chute de la Lehmann Brothers et la débâcle qui a suivi.
Alors que les pays riches s’enfonçaient dans la pire crise de leur histoire, les émergents, moteur de l’économie mondiale, ont choisi de se rapprocher pour défendre leur vision du commerce international, pour défendre leurs intérêts. Une initiative qui fait plus que jamais sens aujourd’hui, à l’heure où la première économie de la planète rejette les règles qu’elle a pourtant pendant des décennies contribué à édifier.
Devenue de facto, chef de file des émergents, la Chine plaide aujourd’hui ouvertement pour un renforcement de la coopération au sein des BRICS.

Comment la Chine et les autres émergents comptent-ils s’y prendre ?

D’abord en multipliant les échanges commerciaux entre ces cinq grandes puissances. L’usine du monde qui a besoin de diversifier ses marchés à l’export n’a d’ailleurs pas attendu les tensions avec Donald Trump pour trouver de nouveaux débouchés en priorité chez ses alliés émergents. La Chine est ainsi devenue le premier partenaire commercial du Brésil. Si avant 2010 ses investissements étaient surtout destinés à assurer son approvisionnement en matières premières agricoles et en énergie, elle s’est depuis tournée vers des secteurs comme les télécommunications, l’automobile ou les services bancaires et financiers. En quinze ans, ce sont plus de 50 milliards qui ont été investis chez son partenaire brésilien.

Autre pays à bénéficier des largesses de la Chine, l’Afrique du Sud. Et pas plus tard qu’hier mardi, à l’occasion de la visite officielle de Xi-Jinping à Pretoria, des investissements portant sur 14 milliards de dollars ont été annoncés.

Mais les BRICS veulent aller encore plus loin en développant notamment le commerce en devises nationales.

Un moyen de s’affranchir du roi dollar et des risques qui pèsent sur les transactions libellées en monnaie américaine. On l’a vu encore récemment dans le dossier iranien puisqu’au nom de l’extraterritorialité du droit américain, les États-Unis peuvent poursuivre une entreprise ou un État qui commercent avec ce pays frappé de sanctions. Il suffit pour cela que le billet vert soit la monnaie d’échange. Un risque qu’un géant comme Total, par exemple, n’a pas voulu prendre. Or aujourd’hui plus de 80 % du commerce mondial se fait en dollar, une suprématie à laquelle les BRICS, au premier rang desquelles la Russie -elle aussi frappée de sanctions-, aimerait bien pouvoir s’attaquer. Une chose est sûre, en lançant sa guerre commerciale au nom de l’Amérique d’abord, Donald Trump a poussé les BRICS mais aussi l’Europe, le Japon et d’autre pays encore à redéfinir leurs priorités, c’est bien la carte du commerce mondiale qui est en train d’être redessinée.

Avec rfi.fr


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