Des femmes vendeuses de pagnes ont protesté seins nus au marché City Market dit chez Siyoni à Bujumbura, la semaine dernière contre la saisie des pagnes importés illégalement. Une scène pour le moins surréaliste quand on connaît la culture et les moeurs burundaises. Ce que le Professeur Nicodème Bugwabari, spécialiste en sociologie politique et professeur d’universités qualifie de « dernière carte à jouer par une femme ».

« Ce qu’elles ont fait, c’était la voix de la douleur, la voix de la vulnérabilité extrême. C’est une expression de ras-le-bol, une expression de l’illégitimité des pouvoirs publics et cela n’augure rien de bon à la veille des élections de 2015 », a renchéri Nicodème Bugwabari. Ce dernier explique que depuis le 27 janvier 2013, date où ces femmes ont assisté impuissamment à l’incendie du marché central de Bujumbura, emportant avec lui tout leur business, elles n’ont donc cessé de lutter pour leur survie. Et comme par hasard, jour pour jour, voilà que ce 27 septembre 2013, les agents de l’OBR accompagnés par les policiers décident de saisir les pagnes au seul motif qu’elles n’ont pas payé des droits de douane. « Aux yeux de ces femmes, c’en est trop !C’est leur survie et leur dignité qui sont attaquées », lance ce professeur de l’université du Burundi. « Quand les femmes burundaises font cela, cela veut dire que la situation dans laquelle elles se trouvent est tellement stressante et préoccupante que préserver, cacher leur nudité devient une affaire seconde ».

Nicodème Bugwabari va même juqu’à alerter qu’il faut faire attention parce que ces femmes peuvent envisager à se suicider. Pour toutes les personnes qui les traiteraient de malades, ce professeur dit qu’elles ne sont pas malades mais que la situation les a rendues tellement vulnérables qu’elles en sont devenues malades.
Protester seins nus, une première au Burundi ?
Bugwabari dit que ce n’est pas la première fois et pas aussi la dernière fois. Il indique qu’en 1966, après le coup d’Etat qui a renversé la monarchie, le ministre de l’intérieur de cette époque aurait invité la population au stade pour leur expliquer ce renversement, et les femmes auraient enlevé leurs habits pour exprimer leur exaspération.
Nicodème Bugwabari rappelle que les êtres humains ne sont pas des vaches à traire. Il souligne, « la docilité envers les pouvoirs publics s’évanouit en cas d’extrême vulnérabilité ».
Le Professeur Bugwabari appelle plutôt le gouvernement à repanser les plaies de cette mémoire récente.
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