Les Français sont-ils des enfants gâtés ?

Redigé par Emmanuel Schafroth Yahoo ! Finance France
Le 15 décembre 2012 à 10:43

Quand une journaliste britannique promène son oeil sur la situation économique française, il y a de quoi faire grincer quelques dents de ce côté-ci du "Channel"... mais sans doute quelques éléments à en tirer
Jusqu’ici tout va bien ! Quand on marche dans le brouillard en direction d’un précipice, on peut se faire ce même raisonnement jusqu’au moment fatidique où l’on tombe dans l’abîme. A l’heure de la crise généralisée des économies développées, la France n’est-elle pas un peu dans cette situation ? (...)

Quand une journaliste britannique promène son oeil sur la situation économique française, il y a de quoi faire grincer quelques dents de ce côté-ci du "Channel"... mais sans doute quelques éléments à en tirer

Jusqu’ici tout va bien ! Quand on marche dans le brouillard en direction d’un précipice, on peut se faire ce même raisonnement jusqu’au moment fatidique où l’on tombe dans l’abîme. A l’heure de la crise généralisée des économies développées, la France n’est-elle pas un peu dans cette situation ?

Serions-nous les derniers enfants gâtés de l’Europe ? C’est la thèse que soutient Sophie Pedder, directrice du bureau parisien du magazine The Economist, dans son livre "Le déni français". Mais qu’on ne s’y trompe pas sur son intention, qui est bien de nous mettre en garde, pas de nous pousser dans le vide.

La France a des atouts indéniables...

D’ailleurs, Sophie Pedder reconnaît volontiers les qualités françaises, rappelant ses réussites technologiques majeures, du TGV à l’industrie nucléaire, tout comme le fait que le pays a su faire naître un grand nombre d’entreprises leaders et compte plus de sociétés que n’importe quel autre pays européen au sein du classement des plus grandes entreprises du magazine Fortune.

Autre point à l’actif de noter pays, des inégalités entre riches et pauvres plutôt moindres qu’ailleurs et qui ne se sont pas creusées. "L’écart entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres, après transferts sociaux et taxes, est resté stable sur 10 ans", souligne Sophie Pedder, citant l’Observatoire des inégalités et rappelant par contraste que l’écart de richesse s’est creusé ces dernières décennies dans la plupart des pays de l’OCDE.

... mais n’aime pas le changement

En revanche, la journaliste note que les Français sont plus enclins à vivre en se souvenant d’un passé glorieux qu’à préparer efficacement l’avenir. En témoigne l’incapacité des politiques à engager des réformes structurelles, malgré le constat clair que la France se situe "en zone dangereuse", comme le dit Didier Migaud, président de la Cour de comptes.

Sophie Pedder rappelle a contrario l’honnêteté d’un Mario Monti attribuant la faute de l’immense dette publique italienne aux Italiens, non à l’Europe et accordant ses actes à son constat. "Entre 2011 et 2012, d’après les prévisions du FMI, l’Italie aura réduit son déficit de 40%, l’Espagne de 29% et l’Allemagne de 23%, écrit la journaliste. L’effort de la France se limitera à 15%."

Sophie Pedder pointe notamment dans les défauts français un système d’allocations chômage trop généreux... avec les riches, le plafond d’indemnité mensuel de 6.000 euros permettant à certaines personnes aisées de vivre royalement sans travailler. "A titre de comparaison, au Danemark, pays de la "flexisécurité" tant vantée en France (...), un chômeur ne peut toucher plus de 2.145 euros par mois", note Sophie Pedder. En revanche, le taux d’indemnisation atteint là-bas 90% du salaire, contre 75% en France.

Les travailleurs moins aisés perdant leur emploi sont mieux protégés. Le système social français n’est donc pas forcément la référence parfaite. Et l’auteur de prendre en exemple la Suède, qui après ses graves difficultés du début des années 1990 (un déficit budgétaire de 11% du PIB) a compris que c’est de la rigueur budgétaire que viendrait la sauvegarde de son modèle social...


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