Le paradoxe de la mission onusienne en République démocratique du Congo, c’est le fait qu’elle, qui aurait pu être la solution à cette crise, est bien sur le point d’en être un facteur aggravant.

Les 17.000 casques bleus de l’ONU qui évoluent en RDC depuis 1999 ont très souvent été accusés d’inefficacité. Beaucoup d’observateurs ne comprenant pas que les troubles dans ce pays s’éternisent au vu et au su de cet imposant et coûteux contingent onusien.

Cependant, jusqu’ici, ce paradoxe n’avait été relevé que par des intervenants plus ou moins extérieurs à ce conflit. Eh bien, ce sentiment selon lequel la Mission des Nations unies en RDC ne sert pas à grand-chose a fini par gagner les populations elles-mêmes. C’est du moins ce qu’on a observé ce samedi dernier. Ces populations en voulaient à ces casques bleus après que des obus tirés par le mouvement rebelle du M23, aient fait des victimes à Goma. Une exaspération que les habitants de Goma ont manifestée le week-end passé avec des attaques contre la base et les véhicules onusiens.
Mais au lieu d’améliorer la situation, cette protestation aura plutôt renforcé les doutes quant au professionnalisme des casques bleus. Au lieu de gérer la situation avec la sérénité requise, le contingent uruguayen en particulier aurait paniqué et tiré sur les manifestants. Naturellement, au stade actuel, il n’est pas formellement établi que les deux victimes seraient celles des tirs venant des soldats uruguayens, mais ce fut l’occasion de réaliser que cet contingent onusien n’est pas du tout à la hauteur d’une mission aussi délicate.

Malheureusement pour les casques bleus, la gestion de cette manifestation aura été meurtrière. Dans la mesure où il en a résulté deux victimes mortelles. Une bavure qui a encore une fois entaché l’image de cette agence onusienne.

La force de l’ONU, présente dans cette région depuis 1999, avait été critiquée fin 2012 pour n’avoir pas pu empêcher le M23 d’occuper Goma en novembre dernier. L’ONU compte à présent sur une nouvelle brigade d’intervention en cours de constitution dont les 3.000 hommes auront un mandat "offensif" pour désarmer et neutraliser les groupes armés de l’est de la RDC.
Cette brigade n’est cependant pas encore au complet, un millier de soldats malawites étant encore attendus pour rejoindre les Tanzaniens et les Sud-Africains. Le Mouvement du 23 mars 2009 est actif depuis mai 2012 au Nord-Kivu. Kinshasa et l’ONU accusent le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali a toujours démenti.