“Les Hommes debout” dans le cadre des 20ème commémorations du Génocide des Tutsis.

Redigé par Karirima A. Ngarambe-IGIHE/Belgique
Le 25 septembre 2013 à 07:22

De passage à Genève, Aimable Karirima d’Igihe a rencontré les membres de l’association RWA, jeunes rwandais de Suisse et a pu échanger avec eux sur le projet “les Hommes debout” sur lequel ils travaillent en collaboration avec IBUKA et le Collectif pour les Hommes debout dans le cadre des 20ème commemorations du Genocide des Tutsis.
IGIHE : Parlez-moi de ce projet
Association RWA : Les Hommes debout est un projet artistique issu d’une longue réflexion du plasticien Bruce Clarke, artiste (...)

De passage à Genève, Aimable Karirima d’Igihe a rencontré les membres de l’association RWA, jeunes rwandais de Suisse et a pu échanger avec eux sur le projet “les Hommes debout” sur lequel ils travaillent en collaboration avec IBUKA et le Collectif pour les Hommes debout dans le cadre des 20ème commemorations du Genocide des Tutsis.

Des représentants de l'Association RWA en Suisse

IGIHE : Parlez-moi de ce projet

Association RWA : Les Hommes debout est un projet artistique issu d’une longue réflexion du plasticien Bruce Clarke, artiste Sud-Africain, militant formé sur le terrain de la lutte anti-apartheid, fortement engagé dans différents projets au Rwanda notamment le « Jardin de la mémoire » , en cours de réalisation à Kigali.
Ce projet a pour but de rendre hommage aux victimes dans la dignité et de sensibiliser les peuples aux événements de 1994 afin de créer un pont entre les survivants et le reste du monde. En utilisant l’art, sous la forme de peintures de femmes, enfants et hommes debout, il s’agit de donner une image forte et belle du peuple rwandais afin de permettre un travail de reconstruction et d’affirmer que les rescapés restent debout et dignes malgré les épreuves. Le projet entend également donner une portée internationale au travail de mémoire nécessaire après un génocide, crime qui, par définition, vise l’ensemble de l’humanité.

Au Rwanda, avec des peintures d’hommes, de femmes et d’enfants, sur l’extérieur des lieux de mémoire (églises, écoles, mairies, hôpitaux), on souhaite représenter des symboles de la noblesse des disparus, dont on se souvient debout. Les sites de massacres seraient ainsi marqués, par ces images belles et dignes pour que personne ne puisse les oublier.

Au niveau international, la communauté internationale se doit de rendre hommage aux victimes, de saluer les rescapés et de se remémorer les implications. Ainsi, le 7 avril 2014 journée de commémoration mais également journée internationale des génocides, en simultané, des Hommes debout se dresseront sur des lieux symboliques (la Place des Nations à Genève, L’Abbaye de Neumünster au Luxembourg, La Cathédrale de Lausanne, à Bruxelles, Paris, etc.) grâce à des projections lumineuses et des bâches géantes. Plus de lieux dans le monde répondent à l’appel des Hommes debout, plus fort sera le message. Ces projections permettront de non seulement commémorer les nôtres mais aussi de lancer un message fort et commun pour d’autres communautés touchées.

L’implication du peuple rwandais est essentielle dans ce projet car, avant tout, ce projet est à nous. Dans ce sens, il est mis en œuvre en partenariat avec l’association IBUKA (en France, en Belgique et en Suisse) et par l’association RWA (association des jeunes rwandais de Suisse) et est soutenu par plusieurs Rwandais à titre individuel. D’ailleurs, le parrain du projet n’est autre que Gaël Faye, jeune artiste franco-rwandais dont le succès actuel annonce une belle carrière.

IGIHE  : Comment entendez vous faire connaitre ce projet au Rwanda et ailleurs ?

Association RWA  : Afin de faire connaître notre démarche à un large public, nous avons lancé une action de sensibilisation qui consiste à inviter le public à se photographier en pied, debout, posant de façon digne avec la mention « je suis debout » ceci en solidarité avec les victimes du génocide et d’autres crimes contre l’humanité. Ces photos sont diffusées sur les réseaux sociaux, et utilisées pour créer une grande image d’un Homme debout, constituée d’une multitude de photos, qui servira d’affiche pour annoncer les différentes manifestations du 7 avril 2014 à travers le monde. On veut faire passer le message au plus grand monde, pour que tous se sentent concernés par la mémoire et la dignité des victimes du génocide.

L’action photo a été aussi bien accueillie au Rwanda et ailleurs. En effet, depuis le début de l’action photo, nous avons reçu des photos d’hommes, femmes et d’enfants des quatre coins du monde.

Nous voudrions que nos compatriotes comprennent la beauté et la portée du message et qu’ils continuent de se prendre en photo et de nous envoyer, avant le 31 décembre 2013, leurs photos à [email protected].

IGIHE : En tant que Rwandais qu’est ce que ce projet vous inspire ?

Association RWA : Nous étions des enfants pendant le génocide, alors ce projet est pour nous comme un outil pour se souvenir des nôtres avec dignité, pour faire connaitre cette partie dramatique de notre histoire. Nous percevons ce projet comme un message de solidarité envers chaque rwandais et en particulier, envers les rescapés et les victimes du génocide.

De plus, ce projet est aussi un moyen de lutter contre le négationnisme, en rappelant au monde que le génocide a bel et bien eu lieu. Par exemple, le fait que des hommes debout seront dressés devant le Palais des Nations à Genève du 1er avril au 1er juin 2014 a une portée symbolique très puissante au regard du rôle que les Nations Unies ont eues pendant le génocide.
Ce projet nous touche. La démarche de Bruce Clarke est sensible et belle. Et nous voulons que le peuple rwandais puisse se sentir DEBOUT.

IGIHE : Que pensez-vous de l’idée d’utiliser l’art pour sensibiliser sur le génocide ?

Association RWA : Comme le rappelle souvent Bruce Clarke « c’est souvent l’art qui a inscrit des événements historiques dans la conscience populaire ». Nous pensons particulièrement que sa peinture parle facilement à tout un chacun. C’est surtout un moyen de rendre notre histoire accessible. Depuis la fin du génocide, l’art a à plusieurs reprises été un outil pour sensibiliser sur le génocide. A titre d’illustration le Groupov (qui d’ailleurs collabore avec les Hommes debout – Projection et représentation de la Cantate de Bisesero, Maison des Métallos, Paris, 7-13 oct.) a fait une pièce de théâtre sur le génocide intitulée RWANDA 94. Ou encore le collectif “Rwanda : écrire pour un devoir de mémoire”, a vu dix écrivains africains écrire des livres sur différents aspects du génocide qui ont permis au grand public de mieux comprendre. Le projet des Hommes debout s’inscrit donc dans cette démarche.
On croit qu’il peut aider chaque personne à se sentir touchée et concernée par l’histoire du Rwanda, par ce crime des crimes qu’est un génocide.
Nous vous invitons donc à découvrir notre action en visionnant la vidéo et à nous envoyer vos photos ! ([email protected].)

Pour plus d’info, voici la vidéo de lancement de l’action photo : http://www.youtube.com/watch?v=I69WdP0Kwdw


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