Les hommes subissent une forte baisse de leur fertilité.

Redigé par Olivier Kabalisa
Le 22 février 2012 à 02:25

Alfred Spira, de l’Institut de recherche en santé publique (Paris), rappelle ce mardi le 21 Février dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire"(BEH en sigle ) qu’au cours du dernier quart de siècle la dégradation de l’environnement et les risques qu’elle fait peser tant sur la santé humaine, animale et sur la biodiversité ont atteint un niveau inégalé dans l’histoire humaine.
Et que les craintes concernant la capacité des individus à se reproduire sont plus vives que jamais.
D’où la multiplication (...)

Alfred Spira, de l’Institut de recherche en santé publique (Paris), rappelle ce mardi le 21 Février dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire"(BEH en sigle ) qu’au cours du dernier quart de siècle la dégradation de l’environnement et les risques qu’elle fait peser tant sur la santé humaine, animale et sur la biodiversité ont atteint un niveau inégalé dans l’histoire humaine.

Et que les craintes concernant la capacité des individus à se reproduire sont plus vives que jamais.

D’où la multiplication de travaux pour tenter de savoir si notre espèce va réussir longtemps à se perpétuer.

Premier constat : près d’un quart des couples ne parvient pas à avoir un enfant après un an de tentatives et plus de 10 % n’y arrivent toujours pas au bout de deux ans.

Pour arriver à cette estimation, l’équipe de Rémy Slama (Inserm Grenoble) s’est appuyée sur l’Enquête nationale périnatale (ENP) de 2003, comprenant 14 187 femmes venant d’accoucher, et sur l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff) réalisé en 2007-2008 auprès de 867 couples n’utilisant pas de contraception.

Il en ressort que la fréquence de "l’infécondité involontaire après 12 mois sans contraception" était estimée à 18 % par l’ENP et à 24 % par l’Obseff. Au bout de 24 mois, ces proportions étaient respectivement de 8 et 11 %.

Le BEH s’intéresse également à la qualité du sperme et à son évolution. On peut y lire les résultats de trois études menées dans des Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) français.

La première a été réalisée au centre Paris-Bicêtre sur le don de 1 351 hommes entre 1973 et 1992. Une baisse significative de la concentration de spermatozoïdes, de l’ordre de 2,1 % par an, a été constatée.

Le nombre total de spermatozoïdes dans l’éjaculation, meilleur reflet du rendement de la spermatogenèse, a diminué d’un tiers au cours de la période d’étude. Il existait aussi une baisse significative du pourcentage de spermatozoïdes mobiles et de spermatozoïdes morphologiquement normaux, notamment chez les hommes jeunes.

La seconde étude, qui a eu lieu au Cecos de Toulouse, donne un résultat bien différent. Elle ne montre pas de diminution temporelle de la concentration de spermatozoïdes chez les 302 hommes féconds résidant dans le Sud-Ouest durant la période étudiée (1977-1992).

Toutefois, la concentration moyenne de spermatozoïdes sur l’ensemble des périodes d’étude était notablement plus basse qu’à Paris, ce qui suggère, selon les chercheurs, "l’existence de différences régionales de la production spermatique".

Enfin, le dernier travail a analysé les caractéristiques du sperme de 1 114 hommes du Cecos de Tours entre 1976 et 2009. Cette analyse sur une période de 34 ans a mis en évidence une nette diminution du nombre de spermatozoïdes. Le pourcentage de spermatozoïdes mobiles est passé de 64 à 44 %, celui de spermatozoïdes vivants de 88 à 80 %.

Plus globalement, une trentaine d’études rétrospectives dans des populations variées d’hommes ont été effectuées dans le monde depuis le milieu des années 1990. Seize montrent une diminution de la concentration des spermatozoïdes avec le temps, alors que douze ne montrent pas d’évolution significative et cinq concluent à une augmentation.

Les différences dans le type de populations recrutées, la taille des échantillons, les périodes d’études, la prise en compte ou non dans l’analyse d’autres variables susceptibles de modifier le sperme de l’homme rendent difficile une interprétation synthétique, estiment les auteurs.

Néanmoins, ces variations notables d’une région du monde à l’autre, dans des sous-populations grossièrement comparables, "ont fait émerger le postulat que, indépendamment de facteurs génétiques ou ethniques, ces variations pouvaient aussi être liées à des facteurs environnementaux".

Reste à les identifier avec précision et à mesurer leurs influences respectives.


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