Lorsque l’on aspire aux plus hautes fonctions de quelque Etat que ce soit, la parole publique ne peut laisser place à l’équivoque. Votre intervention dans un tweet paru le 1er avril fait accroire aux français que vous êtes « blanc comme neige », dans les circonstances malheureuses qui ont conduit au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Je vous cite : « Faire procès à la France de porter une part de responsabilité dans le génocide au Rwanda est une honte et une falsification historique ».
Cette déclaration n’est-elle pas un aveu ? Ne croyez-vous pas qu’elle pourrait être lue comme tel en Afrique ?
Qui est responsable : le gouvernement...............
Dans le gouvernement d’alors, à l’époque du second mandat de François MITTERRAND, une trentaine de personnalités, de droite comme de gauche - vous en étiez au titre de Ministre des Affaires Etrangères -, participent dans le plus grand secret aux décisions stratégiques de la France. Il est évident que la politique de l’Etat se définit en fonction des intérêts économiques et militaires de la France. L’intervention française au Rwanda n’y a pas fait exception et donc c’est cette petite « cellule » qui décide le soutien politique, diplomatique et militaire au régime génocidaire ainsi qu’aux extrémistes de « HUTU POWER ».
.........mais pas les Français.
La décision n’incombe pas au peuple de France dans la mesure où il ne sera pas consulté. L’engagement militaire de la France ne fera pas l’objet d’un vote au Parlement. Ne mettez pas la France et les français en cause, vos concitoyens n’étaient pas ou peu au courant de ce qui se passait en coulisse. Arrêtez de cacher un « déshonneur » derrière « l’honneur » de votre pays et de ses citoyens. A l’aube des élections Présidentielles, faites preuve d’un peu de courage et affrontez vos démons, plutôt que de vouloir faire porter votre propre fardeau par vos concitoyens. Un grand homme se mesure à son courage !
C’est pourquoi monsieur Juppé Les rwandais sont écoeurés par votre Tweet, car ils ont été les victimes et témoins oculaires des terribles massacres non empêchés par les troupes françaises. ?.
Une réalité si criante alors............
Sans revenir sur les multiples preuves de complicité qui ont déjà été révélées, ni sur l’« Opération Turquoise » qui masque une opération militaire, je voudrais simplement vous décrire l’accueil réservé à vos troupes, par les acteurs génocidaires eux-mêmes. Ce fut un véritable bain de foule, avec une joie indescriptible, des pancartes explicites où l’on pouvait lire « Merci la France », « Vive François MITTERRAND »
... Vos troupes ont été accueillies comme peuvent l’être des « libérateurs » ! Les criminels ne se sont pas enfuis, ils ont acclamé l’armée française, car elle était leur salut ! Vos soldats n’ont arrêté aucun de ces criminels, au contraire, ils apporteront la protection et une escorte jusqu’à la frontière de la RDC, où ils seront été réarmés, jusque à la mi-juillet 94, alors que le génocide a cessé. Les pires criminels-génocidaires, auront été même exfiltrés vers la France où un grand nombre vit aujourd’hui en liberté.
Si ce n’était que cela, lorsque le Gouvernement dont vous faites partie décide de faire évacuer l’Ambassade de France à Kigali, l’armée française prend en charge le personnel de nationalité française ainsi que les rwandais « Hutu ». En revanche les rwandais « Tutsi » qui travaillaient également à l’Ambassade, sont abandonnés aux mains des génocidaires Hutu qui les massacrent immédiatement.
La décision de quitter l’ambassade a été le signal d’un véritable permis de tuer donné aux milices et militaires du gouvernement Hutu en place
............qu’elle entraine aujourd’hui un besoin de vérité de la classe politique que conforte la presse
Comme l’indique la lettre adressée en 2015 par une cinquantaine de Députés, anciens Ministres, anciens Militaires, Journalistes, Historiens et Rescapés, au Président de la République et publiée par « Libération » « ...la connaissance des faits est établie, fondée sur des documents officiels, des enquêtes journalistiques, des recherches historiques et la mission d’information parlementaire de 1998, le silence officiel sur le génocide contre les Tutsis, en particulier sur les responsabilités d’une poignée d’anciens hauts responsables français, atteint des piliers fondamentaux de la démocratie. »
Il en résulte une interrogation sur la candidature à la magistrature suprême........
L’ancien ministre peut-il réellement prétendre à la Présidence d’un pays comme la France.
Des décisions de justice posent questions comme par exemple La condamnation à 14 mois de prison et un an d’inéligibilité dans l’affaire où il a été reconnu coupable de « prise illégale d’intérêt ». Mais pour ce qui concerne notre Rwanda c’est le jugement du 1er décembre 2004, de la cour d’appel de Versailles qui constitue un fait déterminant car la Cour déclare « "regrettable que M. Juppé, dont les qualités intellectuelles sont unanimement reconnues, n’ait pas cru devoir assumer devant la justice l’ensemble de ses responsabilités pénales et ait maintenu la négation de faits avérés".
La presse et des publications s’en font l’écho telle La journaliste Gaël Tchakaloff, dans son livre « Lapins et Merveilles » - 18 mois ferme avec Alain Juppé : « Je comprendrai plus tard que son acharnement politique répond aussi à la volonté d’échapper au réel, comme un déni des vérités personnelles qui l’entourent »
– C’est pourquoi j’invite tous les français à visionner l’émission de « MEDIAPART », avec Edwy PLENEL et Joseph CONFRAVEUX, la juriste Raphaëlle MAISON, et le journaliste Patrick de SAINT-EXUPERY. Or Patrick de SAINT-EXUPERY se trouvait sur place pour couvrir, en tant que « Grand Reporter », l’opération Turquoise. Il a été un témoin privilégié sur un des drames les plus épouvantables : le massacre de Bisesero*.
La video de Mediapart Rwanda la responsabilité de la France
Monsieur Juppé vous avez décidé de présenter votre candidature à la Présidence de la République. Il va de soi que votre destin se trouve entre les mains de vos compatriotes, ...ils doivent « savoir ».
Alain BILLEN est un observateur de cette partie de l’Afrique. Fin connaisseur du Rwanda, éditorialiste, il partage son temps entre Bruxelles et Kigali où il réside. [email protected]
*Le massacre de Bisesero : Le 27 juin, l’armée française arrive sur les lieux et « tels des fantômes sortis de nulle part », les rescapés Tutsi se précipitent à la rencontre des militaires en les suppliant de les emmener avec eux. Il leur est répondu que ce n’est possible, mais qu’ils reviendront dans trois jours ! Alors que les malheureux Tutsi rescapés étaient sortis de leurs cachettes, ils sont laissés sur place, sans la moindre protection. Les génocidaires Hutu n’ont évidemment pas attendu le retour des militaires français pour les massacrer jusqu’au dernier.
Nota, Les propos de la présente tribune n’engage que leur auteur
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