Libye : le Parlement attaqué par un groupe armé

Redigé par BFMTV
Le 20 mai 2014 à 06:42

Plusieurs milices rivales se sont affrontées dimanche dans la capitale libyenne. Plus haute autorité du pays, le Congrès général national (CGN) aurait même été "suspendu".
Est-ce un coup d’Etat ? La confusion règne, ce lundi, en Libye. Dimanche, un groupe armé a attaqué le parlement à Tripoli, plus haute autorité du pays, en réclamant sa suspension.
Un événement qui intervient au moment où le chef d’une force paramilitaire se dit engagé dans une offensive contre les groupes islamistes à Benghazi, à l’est, (...)

Plusieurs milices rivales se sont affrontées dimanche dans la capitale libyenne. Plus haute autorité du pays, le Congrès général national (CGN) aurait même été "suspendu".

Est-ce un coup d’Etat ? La confusion règne, ce lundi, en Libye. Dimanche, un groupe armé a attaqué le parlement à Tripoli, plus haute autorité du pays, en réclamant sa suspension.

Un événement qui intervient au moment où le chef d’une force paramilitaire se dit engagé dans une offensive contre les groupes islamistes à Benghazi, à l’est, qu’il a qualifiés de "terroristes".
Un pays en proie à l’anarchie

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, la Libye est en proie à l’anarchie, les autorités de transition ne parvenant pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. Réunissant d’anciens rebelles et dominées par les islamistes, elles comblent le vide en matière de sécurité laissé par un Etat qui peine à construire ses institutions.

Le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein, n’a pas écarté que l’attaque contre le Parlement ait été commandée par l’ancien général Khalifa Haftar, mais le gouvernement a affirmé plus tard dans un communiqué qu’il n’y avait "aucun lien réel" entre les évènements de Tripoli et Benghazi, à 1.000 km à l’est.

Selon plusieurs témoins, consultés par l’AFP, les assaillants qui ont visé le Parlement faisaient partie des puissantes brigades de Zenten, connues pour leur opposition aux islamistes. Un groupe armé qui s’était déjà attaqué le CGN par le passé. Ces brigades se sont retirées des lieux peu de temps après l’attaque, et des affrontements les ont opposés plus tard à des milices rivales sur la route de l’aéroport. Ces violences ont fait deux morts et 55 blessés, selon un bilan du gouvernement.

Le CGN "suspendu" ?

Dans la soirée, un colonel disant parler au nom de l’armée a accentué encore la confusion, en annonçant la "suspension" du CGN, la plus haute autorité politique du pays. "Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN", a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, précisant qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat.

Ce colonel, originaire de la ville de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), n’a pas indiqué comment cette annonce allait être mise en oeuvre, en l’absence d’une armée professionnelle dans un pays où les milices font la loi. Le pouvoir législatif serait en revanche assuré par le Comité des 60, la Constituante élue en février dernier pour établir la nouvelle constitution du pays, a-t-il précisé, comme le rapporte Le Monde.

Plus tard, une des deux télévisions qui ont diffusé le communiqué, Libya International, a été la cible d’une attaque à la roquette, provoquant des dégâts matériels, mais sans faire de victimes, selon la télévision, considérée comme le bras médiatique des brigades de Zenten.

Un précédent

En février, les brigades de Zenten avaient donné au CGN quelques heures pour quitter le pouvoir, sans toutefois passer à l’action après l’expiration de leur ultimatum. Le Congrès avait aussitôt dénoncé une menace de "coup d’Etat".

Elu en juillet 2012 pour 18 mois, le CGN a provoqué la colère d’une grande partie de la population en décidant de prolonger son mandat jusqu’à décembre 2014. Sous la pression de la rue, il a cependant annoncé qu’il allait céder la place à un nouveau Parlement, à l’issue d’élections dont la date n’a pas encore été fixée.

Des combats à Benghazi

Cette attaque du Parlement est intervenue alors que de féroces combats ont éclaté, à plusieurs de centaines de kilomètres de là, à Benghazi. Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a lancé vendredi matin une opération contre des groupes islamistes lourdement armés qui ont fait de cette ville leur fief. Ces affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés.

Plusieurs officiers de la région orientale, y compris de l’armée de l’air, ont rejoint la force de Haftar qui avait mené des raids aériens contre des positions de groupes radicaux. En réponse, la base aérienne de Benina a été la cible dans la nuit de dimanche à lundi, d’une attaque à la roquette qui n’a pas fait de victimes, selon le commandant de la base, Saad Al-Werfalli, qui a accusé des islamistes radicaux d’en être responsables.

Si Khalifa Haftar a retiré ses troupes de Benghazi vendredi, il affirme qu’il ne s’agit pas d’un "abandon". "Chaque bataille est suivie d’une réorganisation de nos unités. Et nous allons revenir avec force", a-t-il déclaré samedi.

Un autre "coup d’Etat" ?

Tripoli considère cette offensive comme une tentative de coup d’Etat, selon un communiqué lu samedi par le président du CGN, soit un jour avant l’attaque du Parlement.

Khalifa Haftar a rejeté en bloc ces accusations et martelé que son objectif n’était pas de prendre le pouvoir mais de combattre le terrorisme. Après avoir été accusé d’être à l’origine de l’attaque du Parlement, le gouvernement en place a finalement déclaré dimanche soir que les événements de Tripoli et de Benghazi n’étaient pas liés.

Originaire de l’Est, Khalifa Haftar a été un cadre de l’armée de Kadhafi avant de se faire capturer lors de la guerre libyo-tchadienne (1978-1987). Il a obtenu plus tard l’asile politique aux Etats-Unis où il a passé près de 20 ans avant de rentrer pour participer à la rébellion de 2011.


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