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LIVRES, The European Tribe

Redigé par Ngarambe A. Karirima
Le 25 avril 2012 à 04:45

Le journaliste-reporter d’IGIHE.com en Belgique, Karirima A. Ngarambe, a interviewé Mukasemwaga qui nous parle de Caryl Phillips, un des écrivains contemporains les plus importants du Commonwealth et de son livre The European Tribe.
A. Karirima, Igihe : Pourquoi nous faire partager la lecture de cet ouvrage de Caryl Phillips ? Mukasemwaga : Pour plusieurs raisons. Tout d’abord et surtout Caryl Phillips est un des écrivains britannique (originaire d’un pays du Commonwealth) les plus talentueux (...)


Le journaliste-reporter d’IGIHE.com en Belgique, Karirima A. Ngarambe, a interviewé Mukasemwaga qui nous parle de Caryl Phillips, un des écrivains contemporains les plus importants du Commonwealth et de son livre The European Tribe.


A. Karirima, Igihe : Pourquoi nous faire partager la lecture de cet ouvrage de Caryl Phillips ?
Mukasemwaga : Pour plusieurs raisons. Tout d’abord et surtout Caryl Phillips est un des écrivains britannique (originaire d’un pays du Commonwealth) les plus talentueux de notre époque. Un  critique du New York Times le qualifie même de « one of the literary giants of our times ».
Je pense que les livres d’écrivains comme Caryl Phillips peuvent intéresser les jeunes rwandais qu’ils soient au pays ou dans diaspora. Dans ses livres, il aborde les questions fondamentales que peuvent se poser des jeunes sur leur identité,  leur appartenance et l’exclusion.

Une
exclusion qui est le résultat du racisme ou de la xénophobie. Ses livres sont porteurs de leçons de
dignité, de courage et de détermination dans la lutte contre les
idéologies
racistes et d’extrême droite. Les jeunes peuvent apprendre de ses
expériences,
réflexions et analyses. Et puis ce qui ne gâche rien, son style moderne
et sa
langue anglaise accessible, emportent le lecteur de la première à la
dernière
page.

Pour revenir à « The European Tribe », l’auteur nous décrit une Europe d’avant la chute du mur de Berlin. Je conseille donc sa lecture aux jeunes qui n’ont pas connus la guerre froide.

Malheureusement, 28 ans après le périple
de Phillips, le racisme et l’extrême droite font encore des victimes en
Europe.
Certains groupuscules néo-nazi terrorisent les immigrés ou même les
assassinent.

Le 11 mai 2006, A Anvers, en Belgique, Hans Van Themsche,
un
skinhead a tué par balles une femme noire originaire du Mali et la
fillette
blanche de deux ans qu’elle gardait et blessé par balles une femme
turque. La
tante du meurtrier de dix-huit ans, était alors député fédéral pour le
parti
d’extrême droite, Vlams Belang. Son père était un militant de longue
date du
même parti.

En Allemagne, neufs immigrés (huit turcs et un grec) et une femme-policier allemande, ont été tués par un groupe néo-nazi d’Allemagne de l’Est entre 1998 et 2011.
Et à Oslo, en Norvège, Anders Breivik, un militant d’extrême droite, a tué 77 personnes en juillet 2011. Le procès de Breivik a commencé le 16 avril 2012.

Le premier jour de son procès, il a fait un salut nazi à son arrivée au
tribunal et a déclaré « Oui, je le ferais de nouveau ». Pour lui les
69 personnes qu’il a tué au camp des jeunes du Parti Travailliste à
Utoya
n’étaient « pas des enfants innocents mais de jeunes gens qui
militaient
pour promouvoir des valeurs multiculturelles ».

 
The European Tribe, Caryl Phillips, Farrar, Strauss & Giroux, New York, 1987

Caryl Phillips est un écrivain
britannique. Il est né à Saint Kitts (Saint-Christophe) dans les
Antilles, en
1958. Ses parents ont émigrés en Angleterre 
alors qu’il était âgé de quatre mois. Il a grandi à Leeds et
étudié
l’anglais à l’université d’Oxford.

Il est l’auteur de cinq essais et de
neuf
romans. Il a gagné plusieurs prix dont le PEN/Beyond Margins Award en
2006, le Commonwealth
Prize en 2004 et une bourse Guggenheim. The European Tribe s’est vu
décerné le
Martin Luther King Memorial Prize en 1987. “Brillant,  exigeant,
… Caryl Phillips se révèle être l’un
des meilleurs et des plus productifs parmi les écrivains de sa
génération » (New York Times). Depuis
2005, il est professeur d’anglais à l’université de Yale aux Etats-Unis
d’Amérique.

Le livre
Le petit ouvrage de Caryl Phillips relate avec génie son voyage initiatique, de près d’un an, à travers l’Europe en 1984. Le narrateur nous raconte comment un jeune homme qui a grandi en Europe en étant perçu comme noir tente de définir son identité grâce à un « Grand Tour » (d’Europe) des temps modernes. Le jeune homme noir et européen veut « démêler ses ressentis confus d’appartenance et d’exclusion de l’Europe. ».

Sa quête d’identité l’amène en Espagne,
à Venise et à son ghetto juif créé en 1516, en France, aux Pays-Bas et à
Amsterdam, la ville d’Anne Frank, Dublin et Belfast du temps du conflit
entre
l’IRA et la Grande-Bretagne. Il traverse aussi l’Allemagne de l’Ouest,
puis
celle de l’Est, la Pologne, la Norvège et l’Union Soviétique.

Il fait de belles et de mauvaises rencontres. Une de ces belles rencontres est son diner avec James Baldwin en Provence. Ils discutent des méandres de l’âme humaine. Il sympathise avec des enfants drôles et curieux en Espagne. Les petits sont des supporters de Barcelone. Puis ils se séparent avec des Adios, amigos !’ ‘Adios, el senor negro !

Les mauvaises rencontres sont celles
faites avec des racistes. Dans un restaurant à Munich, une femme d’une
soixantaine d’années qui est assise à une table voisine demande à voix
haute à
la serveuse « Le Schwarze. Est-il anglais ? ».

Dans la rue des
visages hostiles le regardent comme s’il était un criminel. A l’aéroport
d’Oslo, il est maltraité par les douaniers. Les hommes d’affaires
américains
qui le précèdent dans la file sont poliment traités et avec sourire.

 Mais son passeport britannique ne lui est
d’aucune aide puisqu’il est noir. Il est extrait de la file pour être
interrogé.
Il doit se mettre de côté et voir tous les autres passagers être bien
traités.
Il est le seul passager qui doit répondre à toutes ces questions.

Il est
fouillé comme s’il était un terroriste. Une semaine plus tard Desmond
Tutu
était attendu au même aéroport pour recevoir son Prix Nobel de la Paix.
Le
jeune voyageur excédé demande alors aux douaniers  s’ils
comptent traiter l’évêque D. Tutu de la
même manière. Mais il reçoit pour seul réponse, un « Vous pouvez-partir
maintenant. ».

Il traverse le Rideau de Fer et arrive à Berlin-Est. Il visite Leipzig et Dresde. En Allemagne de l’Est, l’hostilité est aussi bien motivée par le fait qu’il est noir que par le fait qu’il vient de l’Ouest. Il se rend ensuite à Moscou où il rencontre des juifs russes qui sont obligés d’utiliser un passeport interne qui mentionne Evrei (juif) comme nationalité et Israël comme patrie.

Après presqu’un an de voyage, il
retourne en Angleterre. Un jour, à Londres, il se rend à la piscine et
entend
une petite fille qui dit en pleurant « Maman, cet homme est en train de
salir l’eau ». Et la mère de répondre « Calmes-toi, Shelley. Ce n’est
qu’un noiraud.

Après son périple, il arrive à la conclusion que « politiquement en état de panique, n’étant plus économiquement dominante, l’Europe semble maintenant n’avoir qu’un rôle de leader moral à jouer ».Les européens sont en train d’être emprisonné par une vision eurocentrique de l’histoire. « Une histoire de ce type implique les notions de supériorité et d’infériorité.

Ainsi lorsque les japonais, qui
étaient inférieurs, se sont développés technologiquement et
économiquement, que
les arabes ont eu le pétrole, que les juifs ont eu un pays, il ne resta à
l’Europe que les noirs et elle-même à mépriser ». « Finalement, la
seule certitude pour l’Europe est qu’elle peut reconnaître un
« nègre » lorsque elle en voit un. Ce qu’elle devrait faire sans
difficulté puisque le « nègre » fut le fruit de son imagination et un
produit de son esprit créatif ».

Pour résumer, les chroniques de Caryl Phillips à propos de sa traversée de l’Europe, dans les années quatre-vingts, nous donnent un aperçu original de l’Europe et de son eurocentrisme.

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