Michel Labrecque partage sa vaste expérience en vasectomie avec des médecins rwandais

Redigé par IGIHE
Le 1er novembre 2012 à 09:25

Au Rwanda, le nombre de vasectomies pratiquées annuellement a quintuplé entre 2008 et 2011, passant de 172 à 910. Cette soudaine hausse de popularité serait attribuable, en partie du moins, à une technique que le professeur de la Faculté de médecine Michel Labrecque a fait connaître dans ce pays.
En février 2010, à l’invitation de l’organisme de coopération internationale FHI 360, le professeur Labrecque a offert une formation intensive de cinq jours à trois médecins rwandais. L’objectif était de leur (...)

Au Rwanda, le nombre de vasectomies pratiquées annuellement a quintuplé entre 2008 et 2011, passant de 172 à 910. Cette soudaine hausse de popularité serait attribuable, en partie du moins, à une technique que le professeur de la Faculté de médecine Michel Labrecque a fait connaître dans ce pays.

En février 2010, à l’invitation de l’organisme de coopération internationale FHI 360, le professeur Labrecque a offert une formation intensive de cinq jours à trois médecins rwandais. L’objectif était de leur enseigner une intervention dont le nom n’a rien de rassurant : la vasectomie sans bistouri avec cautérisation thermique et interposition de fascia. Il s’agit en fait d’une version améliorée de la technique chinoise que Michel Labrecque a introduite au Canada en 1992 et qu’il a perfectionnée de fil en aiguille. « En 20 ans, j’ai dû pratiquer plus de 20 000 vasectomies, dont 1887 l’année dernière seulement, souligne-t-il. Et c’est quelque chose que je fais en marge de ma tâche de professeur. »

Cet à-côté lui en a tout de même appris un bout sur la vasectomie, notamment sur la façon de prévenir les recanalisations spontanées et les grossesses indésirées qui s’ensuivent, des événements trop fréquents qui ont donné mauvaise réputation à ce moyen contraceptif. Au Québec, le taux de succès de la vasectomie améliorée dépasse 99% alors que la simple ligature des canaux déférents conduit à une recanalisation spontanée chez 8 à 13% des patients. Malgré ces statistiques, la dernière méthode demeure la plus répandue dans le monde. « Le transfert de connaissances est un processus lent et laborieux, mais la technique de vasectomie que j’enseigne sera sous peu la procédure recommandée par l’American Urology Association », assure-t-il.

Sommairement, cette intervention va comme suit (les cœurs sensibles peuvent sauter directement au paragraphe suivant). Après avoir anesthésié le scrotum, le médecin y pratique une petite ouverture, à l’aide d’une pince chirurgicale aux extrémités acérées, qu’il écarte progressivement. Par la suite, il expose le canal déférent – le conduit emprunté par les spermatozoïdes pour se rendre des testicules à la prostate – et il le sectionne partiellement. À l’aide d’un cautère, un appareil qui a des allures de fer à souder, il brûle l’intérieur de chaque segment du canal avant de le sectionner complètement. Pour sceller le tout, la gaine (fascia) qui entoure le canal est ligaturée du côté prostatique. Une vidéo montrant le déroulement de l’intervention est affichée sur YouTube. Inutile de préciser qu’il ne faut pas tenter cette expérience à la maison.

Cette technique s’apprend en un tournemain, semble-t-il. En effet, après deux jours de formation, les trois médecins rwandais pouvaient effectuer une vasectomie sans assistance et ils étaient en mesure de l’enseigner à leur tour, rapporte Michel Labrecque dans un article publié par la revue scientifique Contraception. Au cours des mois suivants, ces trois médecins ont formé 46 collègues rwandais de sorte que cette vasectomie est maintenant offerte dans les 27 districts du pays.

Les quelque 1000 vasectomies effectuées annuellement par ce groupe de médecins semblent bien peu dans un pays à la démographie galopante qui compte plus de 11 millions d’habitants dont 43% ont moins de 15 ans. « C’est effectivement peu comparé au nombre de vasectomies pratiquées au Québec, mais pour le Rwanda, c’est une augmentation importante, fait valoir le professeur Labrecque. Le Rwanda est le premier pays africain à introduire cette méthode dans un programme national de stérilisation masculine. Les statistiques de 2011 prouvent que lorsqu’on offre des vasectomies efficaces et moins invasives, les hommes se prévalent du service. »

Le professeur croit tellement à l’importance de rendre ce moyen de contraception accessible aux populations des pays en voie de développement qu’il a entrepris de créer, avec son collègue Neil Pollock, et avec le concours de la Fondation de l’Université Laval, un fonds pour la santé reproductive masculine. Ce fonds servira à appuyer la formation de médecins désireux de maîtriser cette technique de vasectomie. Il pourrait aussi servir de levier pour établir au Rwanda un centre de formation qui accueillerait des médecins de toute l’Afrique.

Quant à savoir pourquoi il déploie tant d’énergie et de passion à faire connaître cette technique, le professeur coupe court aux spéculations. « Je pratique des vasectomies depuis 30 ans et je veux partager mes connaissances afin que mon expertise ne se perde pas le jour où je partirai à la retraite. Je crois aussi que le contrôle de la démographie est important pour l’avenir de la planète. »

Université Laval


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