Une démocratie est-elle possible dans une société où règne un climat belliqueux ? Pourra-t-on arriver à construire un Etat véritablement démocratique rwandais quand l’opposition oublie de recourir au principe de financement interne et de limiter les influences étrangères au strict minimum ?
Beaucoup de questions assaillent les observateurs et autres politologues de la situation rwandaise à ce sujet où il se constate des formations politiques de la diaspora affichant un comportement qui table sur les sponsors occidentaux au lieu de baser leurs activités sur l’esprit de la citoyenneté rwandaise.
Les transes de l’opposition politique rwandaise
Beaucoup de contradicteurs de l’opposition politique rwandaise penchent sur le fait que celle-ci est caractérisée par un infantilisme politique qui ne finit pas.

D’une part, dit-on, il s’observe une inconsistance des structures des formations politiques dangereusement hypothéquée par l’absence criante de ligne idéologique rationnelle.
Pourtant, la plupart des formations politiques de la diaspora rwandaise opèrent dans un Occident démocratique qui roule sur des principes idéologiques clairs. Soit on est libéral, soit on est de gauche, centriste, d’extrême droite, écologiste, … Et c’est cette ligne idéologique qui générera un programme politique à présenter à son électorat potentiel sous forme de projet de société à l’occasion de différents rendez-vous électoraux.
Contrairement aux politiciens rwandais qui affichent les sentiments de jalousie frisant une plate haine de son adversaire politique qu’ici on a une forte tendance à qualifier d’ennemi, l ’Occident démocratique roule sur un nationalisme cher à l’esprit des citoyens hautement cultivés. Toute la classe politique s’entend sur des principes transversaux comme le nationalisme, la propriété privée, la protection du pouvoir d’achat du citoyen, les relations de production de richesses sociales, le respect de la constitution nationale, un débat houleux mais qui ne sort pas des limites culturelles courtoises malgré les différences idéologiques criantes des uns et des autres.
Il semble donc que les ambitieux politiques rwandais n’exploitent pas ce cheminement politicien qui galvaniserait une arène politique rwandaise où des mouvements armés dont les FDLR trichent avec une envie de faire tonner les armes tout en faisant des déclarations contraires.
« Nous avons déposé les armes depuis décembre 2013. Nous invitons le régime de Kigali à entrer en dialogue avec nous pour que nous continuions nos activités politiques. Nous tenons à lutter pour renverser le régime de Kigali quoi qu’il en coûte par des moyens pacifiques », confiait à la RFI ce 1er février 14 le Colonel Wilson Irategeka des FDLR qui se proclamait Président ad intérim des FDLR.
Cette boutade montre une impasse difficile de ce mouvement armé rwandais qui ne s’est jamais désolidarisé de ses faucons, véritables idéologues de l’ethnocentrisme hutu pouvant facilement mener à la réédition du génocide des Tutsi du Rwanda déstabilisant ainsi les efforts de reconstruction des structures démocratiques qui se mettent tant bien que mal en place dans le pays.
La structure dirigeante militaire de ces FDLR s’est-elle épurée des présumés commandants génocidaires ? Y aura-t-il eu des changements dans la structure politique de ce mouvement armé après que Président et Vice président respectivement Dr Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni aient été mis sous les verrous dans les geôles allemandes pour leur discours et actes aux relents tristement négationnistes si pas génocidaires qu’ils répandaient sur la région des Grands-Lacs ?
Voilà où en sont les politiciens rwandais qui n’ont aucune envie de peaufiner leurs stratégies politiques reconstruisant le tissu social rwandais. Leur discours incendiaire devra-t-il être sanctionné par les citoyens rwandais ?
« Le système politique rwandais actuel investit dans l’organisation matérielle du peuple rwandais non de façon démagogique comme dans le temps. Tout tourne à la nouvelle connotation qu’il est entrain de donner à la notion de ‘Nyamwinshi’ (la majorité populaire). Cette notion ne désigne plus l’ethnie majoritaire mais plutôt la majorité démocratique de par les intérêts que les citoyens rwandais doivent défendre et protéger », confie à IGIHE, Vénuste Karambizi, politologue et professeur à l’Université Libre de Kigali.
Ce politologue tente de comprendre les efforts du Gouvernement qui met en place les prémisses pour une véritable démocratie durable dans le pays : création des infrastructures socio économiques de plus en plus nombreuses et donc accroissement des richesses sociales, remorquer la masse des Rwandais de l’économie de subsistance à l’économie de marché en passant par l’amélioration des infrastructures éducationnelles et professionnelles accessibles à toutes les classes sociales des citoyens Rwandais.

Twagiramungu entre dans la bagarre
Certains politiciens rwandais trouvent que la modération dans leur discours n’est pas une vertu. Ils tiennent à être des tribuns du peuple à la traditionnelle. Possible ! Mais comment peut-on se permettre un discours extrémiste comme si l’adversaire que vous attaquez n’a d’autre voie que de se courber à tes volontés ? Le journal tanzanien Daima rapporte les propos tenus par le vieux politicien Faustin Twagiramungu dont les années n’ont pas ébréché la verve. Ce journal montre des personnalités politiques qui n’acceptent pas des coups fourrés dans lesquels ces politiciens rwandais entraînent la classe politique tanzanienne.
« … l’ex-Premier ministre rwandais Faustin Twagiramungu avait séjourné à Dar-es-salaam, le 19 janvier, où il a quitté pour Lyon en France, d’après un journal de Kigali. Après sa rencontre avec l’Etat major de son parti à qui il a rapporté l’objet de sa visite de Tanzanie, après des ovations prolongées de la part de ses lieutenants, il a déclaré que le temps est venu pour renverser le gouvernement rwandais, par voie armée au besoin, a indiqué Wenje, le député du CHADEMA (Chama Cha Demokrasiya na Maendeleo) pour la Circonscription de Nyamagana de la région de Mwanza. Il mettait ainsi en garde le Gouvernement tanzanien contre les conséquences néfastes possibles d’une telle complicité contre un Etat voisin », rapporte le journal tanzanien Daima.

De telles déclarations ne sont pas du tout une invitation à la voie démocratique d’un régime dont les hauts cadres n’ont rien perdu de leur alan et vivacité qui leur ont permis de se draper d’un courage hors du commun pour supporter et vaincre un adversaire cent fois plus fort qu’eux en 1994.
Par contre, ce discours créerait chez ce dernier des sentiments de rejet de cette opposition qui se veut démocratique tout en n’oubliant pas complètement le recours à la voie armée pour prendre le pouvoir.
En effet, le vieux politicien Faustin Twagiramungu, lui ou ses sponsors, a commis une erreur d’annoncer sa coalition avec les FDLR armées. Il a attiré dans ce traquenard un autre parti politique rwandais, la Faction Bakunzibake du PS Imberakuri officiellement agréé au Rwanda pour former le FCLR (Forces Coalisées de Libération du Rwanda).
Les analystes politiques de la scène politique rwandaise jugent mal un vieux politicien rwandais, Faustin Twagiramungu qui a toujours usé de sa verve, subitement basculer dans le possible recours à la voie armée pour la capture du pouvoir.

D’autres n’hésitent pas à pointer du doigt certains lobbies occidentaux proches de certains régimes occidentaux qui voient d’un mauvais œil une dynamique de changements de fond en comble et d’autosuffisance économique que l’actuel régime de Kigali tente d’imprimer à un capitalisme rwandais qui se reconstruit.
« Les formations de l’opposition politique rwandaise ne remplissent pas les conditions nécessaires pour se qualifier comme telles à savoir se constituer elles seules des moyens de lutte, concevoir des projets de société mais aussi le membership (avoir de nombreux adhérents). Elles font du voyoutisme politique. Les ténors de ces clubs politiques qu’ils prennent pour des partis politiques croient qu’entrer dans l’opposition revient à sortir du langage politique courtois. Ce sont des partis alimentaires qui tiennent juste à la figure politique qui les crée », ainsi analyse-t-il le politologue Vénuste Karambizi qui trouve qu’autant ces formations, la plupart d’entre elles, développent-elles l’idéologie incendiaire de ‘Ndi Umuhutu’ (Ethnocentrisme hutu), le régime actuel oppose le ‘Ndi Umunyarwanda’ (la citoyenneté rwandaise).
Nécessité de tempérer le discours et de tolérance
En l’absence de compréhension mutuelle qui est une autre culture autrement difficile à s’incruster vu la classe politique rwandaise actuelle qui aura suivi des cheminements socio culturels divers de confrontation sur fond de profonds divisionnismes, les personnalités les plus en vue de la diaspora devraient prendre les devants pour comprendre qu’elles ont tout à gagner en se tournant vers les préoccupations des citoyens rwandais tout en se désolidarisant de l’eurocentrisme.

Elles ont beaucoup à éviter les sponsors et financements de leurs activités politiques par des étrangers. Ceux-ci pourraient financer les ONG de ces Rwandais quitte à ce que ces derniers pensent d’eux-mêmes le regard et le projet politiques qu’elles peuvent entreprendre.
Avec cette démarche, elles traceraient elles-mêmes la voie idéologique rationnelle. Elles dépasseraient ainsi les sarcasmes de mauvais goût qui se profilent sur les divers fora online et adopteraient-ils un discours posé et pourquoi pas apprécié comme un nouveau pas dans l’évolution de la maturité de l’arène politique rwandaise.
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