Le journal Umuseke.rw rapporte que l’Abbé Incimatata a donné un témoignage de la situation qui prévalait avant et pendant le génocide ajoutant qu’avec Octavien Ngenzi,il entretenait de bonnes relations d’amitié.

Il a dit en outre qu’aucours des années 1992-1994, les partis de l’opposition avaient pris beaucoup d’envergure sur l’espace de la commune, que les bourgmestres d’alors étaient tous issus du parti au Pouvoir, le MRND/Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement du Président Juvénal Habyarimana.

"On reprochera au régime d’alors le ségrégationnisme ethnique à outrance où les Tutsi étaient pris pour des parias. Ils étaient épi Les autorités d’alors les épiaient dans leurs moindres gestes sous l’oeil d’aigle du Colonel Pierre Célestin Rwagafilita qui avait juré de réduire en cendre la Commune de Kabarondo", a dit l’abbé.

La situation s’est empirée quand les guérilleros du FPR ont avancé sur le front, a-t-il continué disant qu’à ce moment-là les Tutsi, véritables parias et boucs émissaires, ont perdu leurs postes da la fonction publique.

L’Abbé raconte les activités de Ngenzi son ex-ami durant les premiers jours de massacres qui l’a accompagné au chef lieu de préfecture Kibungo afin de rationner les milliers de réfugiés Tutsi qui avaient envahi son presbytère. Il va plus loin parlant de réunion de sécurité de préfecture à la quelle tous les bourgmestres de la préfecture Kibungo ont assisté et, en passant, il montre que le préfet d’alors était opposé aux tueries de masse de Tutsi.

Son ami Ngenzi change comme un cameléon
"Le 11 avril, Ngenzi est venu chez moi me dire qu’il a convoqué tous les dirigeants de la base communautaire de sa commune. La réunion s’est effectivement tenue à 10.00 le lendemain sur la place de marché local. L’ancien Bourgmestre Barahira a, au cours de la réunion, alors demandé que les Tutsi de la Commune soient tous tués. Circulant dans sa commune, Ngenzi s’est rendu au lieudit Rukira pour rassembler les paysans et leur dire qu’une guerre est ouverte entre les hutu et les tutsi, que l’ennemi est le Tutsi. Dans la nuit du 11 au 12 avril, une chasse aux tutsi a alors commencé", a dit Incimatata montrant comment son ex-ami Ngenzi est devenu génocidaire et comment l’enclos de sa paroisse a été submergé de plus de 1500 fuyards tutsi ne portant aucune arme, même blanche.

Il raconte que depuis le 12 avril 1994, il n’a plus revu le bourgmestre Ngenzi, que le jour qui a suivi, le 13 a été le jour le plus noir dans les annales de la paroisse.

"Plus de cinq cents tueurs ont fait irruption dans les enceintes de la paroisse. Policiers, militaires et gendarmes ont commencé à tirer dans la foule des réfugiés tutsi massés dans l’église. Ils sont passés à une vitesse supérieure en tirant des requettes sur ces pauvres tutsi qui n’avaient aucune arme", a-t-il dit indiquant en passant que vers la fin de ladite journée, les tueurs ont fait irruption dans l’église et ont sommé ceux qui n’étaient pas morts de sortir et de différencier les Tutsi des hutu pour achever les premiers avant de les jeter dans une fosse commune sur ordre du bourgmestre Ngenzi.

Un témoignage accablant
L’abbé Incimatat dit que lui aussi a échappé de justesse à ce pogrom, qu’il a fui dans le parc Akagera.

"Ngenzi savait tout de cette attaque sur l’église de Kabarondo et il n’a rien fait pour l’empêcher et sauver les milliers de gens qui en sont mortes", a asséné l’abbé Incimatata qui a fait face aux question de la défense. Le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda rapporte que la séance de questions de la défense a continué hier jeudi 31mai.