Dans le cadre du procès en appel de François Bazaramba, un tribunal finlandais siégeant à Kigali a auditionné jeudi le procureur général Martin Ngoga. « Nous avons cité le procureur général du Rwanda pour avoir une vue plus large sur le fonctionnement du système judiciaire rwandais et infirmer certaines allégations de "motivation politique" données à ce procès », a expliqué le procureur Tom Laitinen.
En juin 2010, Bazaramba, un pasteur baptiste, a été condamné en première instance par le tribunal d’Itä-Uusimaa, qui l’a jugé coupable d’actes de génocide commis en 1994 avec « l’intention de détruire tout ou partie des Tutsi rwandais en tant que groupe (ethnique) », rapporte l’agence Hirondelle.
Répondant au procureur finlandais qui lui demandait comment les charges contre Bazaramba avaient été assemblées, Martin Ngoga a expliqué que face à la destruction de l’appareil judiciaire au lendemain du génocide, avait été adopté "un système traditionnel, gacaca qui, tout en punissant les coupables, a le devoir de faire la lumière sur la vérité et de maintenir l’harmonie sociale (...) Ce système a permis de constituer les dossiers des présumés génocidaires, dont des fugitifs comme Bazaramba ».
Contre interrogé par la défense sur la crédibilité à accorder aux preuves établies à partir d’un tel système, Martin Ngoga a expliqué : « Gacaca est une justice de proximité, certes sans procureur ni avocat. La communauté est responsable de tout. Un tel a été tué, et qui parmi nous en est responsable ? C’est un marché à conclure au sein de la communauté ».
La cour a ensuite entendu le 25ème témoin de l’accusation, un ancien condamné et supposé complice du pasteur Bazaramba, libéré après 8 ans de prison. Le témoin a affirmé que le pasteur baptiste « se comportait comme le chef des expéditions » qui ont incendié, tué et pillé.
« C’est de plein gré que j’ai donné ce témoignage même en 1ère instance », a réagit le témoin, un sexagénaire et ancien voisin de Bazaramba, aux allégations de la défense qu’il aurait subi des contraintes physiques ou morales pour faire sa déposition.
Ouvert en août dernier à Helsinki, le procès en appel se poursuit actuellement à Kigali dans une salle équipée d’un système de vidéo conférence, qui permet au pasteur accusé et à un second avocat resté à ses côtés en Finlande de participer aux débats et de contre-interroger les témoins.
L’accusation a prévu une cinquantaine de témoins dont 25 ont déjà été auditionnés, tandis que la défense en compte 37 dont 10 seront entendus à Kigali.
Après ces auditions qui dureront jusqu’au 5 octobre prochain, la cour se déplacera en Tanzanie, puis en Zambie pour entendre d’autres témoignages.
Ce procès est le premier pour génocide devant un tribunal finlandais en vertu du principe de compétence universelle.
Réfugié depuis 2003 en Finlande où il avait demandé l’asile, le pasteur a été arrêté en avril 2007. Au cours du procès en première instance entamé en septembre 2009, quelque 68 témoins avaient été entendus.
Photo : Le procureur général Martin Ngoga
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