RDC : l’ONU confirme la présence de l’armée burundaise à Kiliba

Redigé par rfi
Le 5 octobre 2014 à 12:01

La mission des Nations unies au Congo (Monusco) confirme la présence d’un détachement de l’armée burundaise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), basé à Kiliba, dans le Sud-Kivu. RFI s’était rendu sur place, il y a quelques semaines, et avait constaté cette présence d’hommes en armes et en uniformes burundais. Une présence démentie par les gouvernements congolais et burundais ainsi que, dans un premier temps, par la mission des Nations unies au Congo. Joint par RFI, le général Abdallah (...)

La mission des Nations unies au Congo (Monusco) confirme la présence d’un détachement de l’armée burundaise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), basé à Kiliba, dans le Sud-Kivu. RFI s’était rendu sur place, il y a quelques semaines, et avait constaté cette présence d’hommes en armes et en uniformes burundais. Une présence démentie par les gouvernements congolais et burundais ainsi que, dans un premier temps, par la mission des Nations unies au Congo. Joint par RFI, le général Abdallah Wafy, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC, confirme la présence de ces troupes burundaises.

Général Abdallah Wafy Représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC. 03/10/2014 - par Sonia Rolley écouter

« Je pense que vous faites allusion à la présence de ce détachement de l’armée burundaise qui se trouve au pont de Kiliba, dans la région d’Uvira », a déclaré, à RFI, le général Abdallah Wafy. « Nous ne sommes pas restés silencieux ; nous avons constaté la présence de ces militaires burundais et, à ce que je sache, cette présence n’est pas si nouvelle que cela », ajoute-t-il. Selon le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC, depuis quelques années, l’armée burundaise et les FARDC, l’armée congolaise, font des opérations conjointes dans le cas de la sécurisation de leurs frontières communes. « Vous savez aussi qu’il y a la présence des FNL sur les hauts plateaux, dans la région d’Uvira », précise le général Abdallah Wafy.

La gêne de la Monusco

Depuis des mois, les gouvernements burundais et congolais démentent cette présence. Ce qui, selon plusieurs sources onusiennes, explique pourquoi la Monusco avait dans un premier temps démenti l’information. Depuis la déclaration de l’ONU, le gouvernement congolais persiste et signe. « Nous avons une coopération sous forme d’échanges de renseignements », a expliqué à RFI Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement congolais. « Il est possible que des observateurs de la Monusco soient tombés sur une réunion », précise-t-il ajoutant que pour ses réunions, les officiers burundais venaient accompagner de leurs escortes. « Mais la Monusco ne vous a pas dit qu’il y avait des militaires en garnison en RDC pour combattre les FNL de manière permanente, cela est faux », insiste Lambert Mendé. Contacté par RFI, les autorités burundaises n’ont pas encore réagi à l’information.

Les témoignages se multiplent

RFI avait constaté il y a quelques mois cette présence d’hommes en armes et en uniformes burundais. De nombreuses organisations de la société civile de part et d’autres de la frontière ont régulièrement témoigné de cette présence. Des militaires burundais ont été signalés pour la première fois en 2011. Au départ, ils étaient une centaine. Aujourd’hui, ils seraient entre 700 et 900 selon les sources. Cette présence a été particulièrement médiatisée au Burundi au premier trimestre 2014. L’opposition, la société civile et la presse privée burundaise dénonçaient la présence d’entraînement de jeunes en uniformes militaires burundais sous couvert de cette présence de l’armée régulière.

C’est pour avoir affirmé cela que Pierre Claver Mbonimpa, figure de la société civile au Burundi, a été arrêté et accusé d’atteinte à la sécurité de l’Etat. La Monusco, qui avait envoyé des missions sur place à l’époque, dit ne pas être en mesure de confirmer ou d’infirmer ces informations. L’ONU dit simplement ne pas avoir constaté de tels entraînements. Quant aux exactions contre la population locale, évoquées par la société civile congolaise, la Monusco dit ne pas disposer d’information. « Nous n’avons pas eu vent d’exactions commises par ces militaires burundais dans cette région », a déclaré à RFI le général Abdallah Wafy.

Que font ces militaires burundais ?

Des sources de part et d’autres de la frontière évoquaient un accord secret pour permettre un droit de poursuite contre les rebelles burundais se revendiquant des FNL. Ce groupe armé se trouve sur les moyens plateaux du territoire d’Uvira alors que les militaires burundais sont , eux, à Kiliba dans la plaine de la Ruzizi. Depuis près d’un an, les soldats burundais n’ont pas fait d’opérations contre le groupe rebelle qui, lui, en revanche, a attaqué à plusieurs reprises le contingent burundais dans la plaine depuis janvier. Le gouvernement congolais a d’ailleurs fait savoir qu’il n’y avait pas d’opérations conjointes des armées burundaise et congolaise contre les groupes armés. Ce sont les FARDC et surtout les MaÎ-Maï qui de temps à autre s’accrochent avec les rebelles burundais.

La dernière grosse opération congolaise dans leur secteur « Kamilisha Usalama »[Renforcer la paix], date de septembre 2013. « Quant à l’absence d’opérations contre les FNL, vous le savez, nous-mêmes, au niveau de la Monusco, nous avons mandat d’appuyer les FARDC. Une fois que les préparatifs seront fin prêts, alors nous allons tous contribuer à soit désarmer volontairement ces éléments soit à engager la pression militaire pour qu’ils puissent désarmer », a ajouté le général Abdallah Wafy, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RDC.

Surveillance de la frontière en question

Les armées burundaise et congolaise font-elles des patrouilles conjointes de surveillance de frontière, comme le prétend la Monusco ? Pas vraiment non plus. Selon plusieurs sources, les FARDC, dont la présence est minime à Kiliba, n’ont pas le droit de pénétrer dans la zone militaire burundaise, se plaignent de ne pas pouvoir fouiller les véhicules des officiers burundais et évoquent de possibles trafics. Selon le dernier rapport final du groupe d’experts des Nations unies sur le Congo en 2013, le trafic de minerais, notamment, à destination du Burundi serait en hausse, particulièrement en ce qui concerne la production d’or dans le Sud-Kivu. Information démentie par les deux gouvernements à la sortie du rapport.


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