La France a déclassifié les archives de l’Elysée pour la période 1990-94, relatives au génocide des Tutsis du Rwanda (un million de morts). Il s’agirait essentiellement d’archives "émanant de conseillers diplomatiques et militaires" du président Mitterrand et de "comptes rendus de conseils restreints de Défense". La décision s’inscrit dans un "souci de transparence", indique-t-on à l’Elysée.
La France était alors l’alliée du régime génocidaire. La déclassification de ces documents permettra-t-elle d’améliorer les relations entre Paris et Kigali, où l’ancienne guérilla tutsie du Front patriotique est aujourd’hui au pouvoir ?
Une déclassification totale ?
Le Rwanda accuse la France d’avoir été un acteur du génocide ; Paris concède des "erreurs d’appréciation" mais nie vigoureusement toute participation. "Peut-être cela va-t-il finalement rendre accessible ce qui se passait à l’époque et éclaircir les nombreux points noirs ou gris laissés en suspens jusqu’ici", a déclaré mercredi le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye. "On espère seulement que la déclassification sera totale", a-t-il ajouté.
C’est bien là que le bât blesse. L’ONG française Survie, qui combat pour la transparence sur le rôle de la France dans le génocide rwandais et avait organisé une pétition (7 000 signatures) pour demander une déclassification au ministère de la Défense, juge "vraisemblable que les documents mentionnés soient déjà connus", une "sélection" effectuée par une collaboratrice de M. Mitterrand, Françoise Carle - et déjà publiée.
"Il n’y a donc pour le moment aucune certitude que l’ensemble des archives de l’Elysée concernant la politique menée au Rwanda, si tant est que toutes aient été conservées, soit rendu public", écrit Survie.
"Il est donc à craindre que les questions à nouveau soulevées en 2014, lors de la vingtième commémoration [du génocide], restent sans réponses", juge l’ONG. Et de citer notamment les questions portant sur "la formation du gouvernement génocidaire dans les locaux de l’ambassade de France à Kigali ; les livraisons d’armes pendant toute la durée du génocide, y compris pendant l’opération Turquoise ; les objectifs réels de cette opération présentée comme ‘humanitaire’."
Survie rappelle que, jusqu’ici, "dans les dossiers instruits par le pôle ‘crimes contre l’humanité et génocides’ du tribunal de Paris mettant potentiellement en cause des militaires et des responsables français, des demandes de déclassification de documents essentiels n’ont pas abouti."
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