Le président rwandais Paul Kagame a évoqué « un nouveau chapitre » dans les relations entre son pays et l’Eglise catholique après sa rencontre au Vatican lundi 20 mars avec le pape François. Une rencontre au cours de laquelle le souverain pontife a demandé pardon « pour les péchés et les manquements » de ses membres lors du génocide. Le pape n’a pourtant pas évoqué de responsabilité directe du Vatican comme l’aurait espéré Kigali. Les relations se sont néanmoins apaisées après cette visite au Vatican.
En novembre dernier, le gouvernement rwandais jugeait « inadéquates » les excuses des évêques catholiques du pays pour la participation de certains fidèles et religieux dans le génocide. Lors de sa rencontre avec Paul Kagame, le pape François s’est pourtant placé dans la continuité de son prédécesseur Jean-Paul II et n’a pas évoqué de responsabilité directe du Vatican dans les massacres.
Néanmoins, le président rwandais est ressorti ravi de sa rencontre et le pape lui-même n’a pas caché son enthousiasme lors de leur tête-à-tête. Qu’est-ce qui a donc changé pour que le ciel s’éclaircisse entre Rome et Kigali ? Assurément du pragmatisme et la finesse diplomatique du pape François, qui en invitant le président rwandais a souhaité désamorcer la crise et instaurer une nouvelle base de dialogue.
“Je crois que cette visite a été un moyen de débloquer la situation, de créer des rapports moins tendus avec le régime de Kagame, explique Raffaello Zordan, journaliste à la revue Nigrizia, spécialisée dans l’actualité africaine. Ce qui a changé c’est que Kagame a compris que prendre frontalement l’Eglise institutionnelle ne lui apportait aucun bénéfice.”
En évoquant la “purification de la mémoire”, le pape François s’est bel et bien tourné vers un avenir apaisé, où les contentieux passés comme la mort de trois évêques ne doivent pas être source de blocage. Un avenir où l’Eglise du Rwanda, comme dans la RDC voisine cherche à être un pôle de réconciliation. Pour Rome, il en va aussi de l’avenir de l’Eglise sur place à l’heure où de nombreux catholiques se sont tournés vers les Eglises pentecôtistes.
“C’est un grand jour” et “un nouveau chapitre” dans les relation entre le
Rwanda et l’Eglise catholique s’est félicité le président rwandais sur son compte Twitter à l’issue de sa rencontre avec le pape François. Paul Kagame a ajouté que la faculté de s’excuser constituait “un acte de courage”.
“La reconnaissance par le Vatican des "manquements de l’Eglise" au-delà des responsabilités individuelles apaise les cœurs au Rwanda”, a renchéri - toujours sur le réseau social - Louise Mushikiwabo la ministre rwandaise des Affaires étrangères.
Même opinion pour Jean-Pierre Dusingizemungu le président de l’association de rescapés du génocide Ibuka : “Nous sommes très contents que cette déclaration ait été faite à la veille de la période de commémoration, je crois que c’est un message très fort pour nous les rescapés mais aussi tous les Rwandais et en général, pour la population du monde.”
Et dans la rue, dans un pays où près de la moitié de la population est toujours catholique, la demande de pardon du pape pour les crimes commis par l’Eglise et ses membres pendant le génocide, a aussi touché, comme cela a été le cas pour Odette : “Le pape a bien fait, il abonde dans le sens de Jésus-Christ qui s’est approprié nos péchés pour nous sauver, le pape aussi s’approprie les pêchés et les crimes de membres de l’Eglise pour demander à leur place pardon.” Un jour qualifié “d’historique” par le site internet pro-gouvernemental KTPress.
Avec Rfi.fr
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