Ce dimanche 25 août, Salif Keïta « l’albinos béni » a soufflé ses soixante quatre bougies.
Né le 25 août 1949 à Djoliba, Salif Keïta rêve de devenir instituteur, mais il est recalé à cause de sa mauvaise vue. Après avoir galéré dans les rues de Bamako, il intègre en 1968 le Rail Band du Buffet Hôtel de la gare, du saxophoniste Tidiane Koné. Cinq ans plus tard, il rejoint les Ambassadeurs du Motel de Bamako. Il explique ce départ.
« J’ai quitté le Rail Band pour les Ambassadeurs, parce que je voulais vraiment apprendre la chanson. J’avais besoin de m’engager complètement. Dans le Rail Band, on ne faisait que des interprétations du folklore transposé directement sur des instruments modernes. Mais avec les Ambassadeurs, on interprétait des musiques traditionnelles et aussi d’autres styles : le jazz, les musiques latino-américaines, européennes, etc. Quand je suis arrivé dans le groupe, Kanté Manfila et moi avons commencé à améliorer nos talents et à donner une nouvelle dimension aux musiques malienne et guinéenne. C’est Kanté Manfila qui m’a appris à composer. »
Avec l’aide de son mentor, le groupe voit les portes s’ouvrir et remporte succès sur succès. Il serait quelque peu fastidieux de suivre le fil de la riche carrière musicale de Salif Keïta, artiste atypique, qui à force de volonté et peut- être animé par la rage de prendre une revanche sur le destin. Aujourd’hui au sommet de la gloire, il faut souligner que la Guinée aura contribué pour une grande part dans l’ascension de ce chanteur Malien à la voix inaltérable.
En effet, grâce au Guinéen Manfila Kanté, qui nous a quitté l’année dernière, il aura appris les rudiments de la musique moderne. Ensuite, la carrière de Salif Keïta va prendre un tournant significatif à Bamako dans les années soixante, dix ans avant son exil à Abidjan. Ainsi, c’est à l’occasion d’un grand concert officiel au stade de Bamako que les Ambassadeurs trouvent leur nouveau supporter : le président Ahmed Sékou Touré.
Les accents déchirants de la voix de Salif, capable de transmettre l’émotion la plus pure, sont allés droit au cœur du chef d’Etat guinéen. Salif raconte
« À l’époque où je l’ai rencontré, j’étais une personne très déprimée, découragée, explique le chanteur albinos. Je n’avais pas confiance en moi-même. Sékou Touré a tout fait auprès des autorités maliennes pour m’emmener en Guinée, où il m’a décoré comme Officier de l’Ordre National Guinéen. Dès lors, on a commencé à m’attribuer plus d’importance, les gens ont commencé à me regarder comme une personne à part entière. C’est pourquoi, j’ai dédié la chanson ‘’ Mandjou ‘’ à la famille des Touré, à travers la personne de Sékou Touré ».
Un aveu qui se passe de commentaires.
Avec la complicité de Manfila Kanté, Salif va s’exiler à Abidjan en 1978. Ces années là, la capitale ivoirienne était devenue la ville carrefour du show biz africain. Bon nombre d’artistes s’y étaient installés.
A Abidjan, en compagnie de Manfila, Salif crée « les Ambassadeurs Internationaux ». En 1984, il quitte la Côte d’Ivoire pour s’installer en France, où il va mener une carrière solo.
Après la sortie de son album ‘’ Talé ‘’ en décembre dernier, Salif Keïta a annoncé qu’il envisageait d’arrêter définitivement la musique. Dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique du 8 décembre 2012, il déclare :
« Ça fait déjà longtemps que je joue. Aujourd’hui, la musique ne nourrit plus son homme à cause du téléchargement illégal et du piratage.
A peine un disque est-il mixé qu’il est recopié ! Et puis notre culture n’admet pas qu’un homme pratique ce métier jusqu’à sa mort. Je vis dans un pays musulman où l’on croit encore que mourir musicien, c’est périr dans une situation satanique. Une fois mort, on peut jeter votre corps. Personne ne viendra vous enterrer, sauf peut-être votre famille, car l’on considère qu’un musicien n’a aucun mérite’’.
Ainsi donc, après 40 ans d’une carrière musicale riche de près de trente albums, le rossignol de la chanson malienne va tirer un trait définitif sur sa vie de chanteur. Mais attendons de voir s’il va résister à l’attrait de la musique.
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