Serge Farnel : « La question de l’implication de la France dans le génocide à l’encontre des Tutsi du Rwanda n’est pas réductible à la question Barril. »

Redigé par Karirima À.Ngarambe
Le 11 septembre 2013 à 11:02

Au cours d’un entretien exclusif avec IGIHE, Serge Farnel s’exprime sur la question de l’implication de Paul Barril, en relation avec celle de la France officielle, dans le génocide perpétré à l’encontre des Tutsi du Rwanda. Serge Farnel est l’auteur de « Rwanda, 13 mai 1994. Un massacre français ? » (Aviso/ L’esprit frappeur, mars 2012) (site web du livre : www.rwanda13mai1994.net) [A ne pas manquer enfin, dans le dernier numéro de « Golias magazine » disponible courant septembre chez Ikirezi : un (...)


Au cours d’un entretien exclusif avec IGIHE, Serge Farnel s’exprime sur la question de l’implication de Paul Barril, en relation avec celle de la France officielle, dans le génocide perpétré à l’encontre des Tutsi du Rwanda. Serge Farnel est l’auteur de « Rwanda, 13 mai 1994. Un massacre français ? » (Aviso/ L’esprit frappeur, mars 2012) (site web du livre : www.rwanda13mai1994.net) [A ne pas manquer enfin, dans le dernier numéro de « Golias magazine » disponible courant septembre chez Ikirezi : un dossier de 20 pages signé Farnel sur Turquoise à Bisesero].

IGIHE : L’association Survie qui, au côté de la Ligue des droits de l’Homme et de la Fédération internationale des droits de l’Homme, a porté plainte en juin dernier contre Paul Barril pour complicité de génocide, reproduit dans un récent article une information datant de ce 26 juin selon laquelle plusieurs mercenaires français « semblent s’être trouvés sur les collines de Bisesero [ouest du Rwanda, ndlr] à la mi-mai 1994 pour conseiller l’extermination des Tutsi qui s’y étaient rassemblés au nombre d’environ 50 000. » Cette information vient-elle recouper votre enquête sur la participation française au génocide perpétré contre les Tutsi le 13 mai 1994 à Bisesero ?

Serge Farnel : Oui, si l’on s’en tient à la présence de Blancs français, ainsi qu’à l’utilisation d’armes lourdes au cours de ce massacre, l’article faisant état de l’utilisation de mortiers. Et cela est très bien. Pour ce qui concerne la présence de Blancs, il est toujours intéressant de découvrir de nouvelles sources la confirmant, même trois ans après, quand bien même mon enquête ainsi que celle de Bruno Boudiguet recense aujourd’hui près de cinquante témoins de cette présence.

Enfin, selon cette information, il se serait agi pour ces Blancs français de « conseiller » l’extermination des 50 000 Tutsi à Bisesero. Or les dizaines de témoins que nous avons interrogés sont clairs sur le fait que ces Blancs ne se sont pas contentés de « conseiller » les génocidaires rwandais, mais ont ouvert le feu sur les civils tutsi.

Pour ce qui concerne la question du mercenariat, lorsque le 26 février 2010 (plus de trois ans déjà !), le Wall Street journal publiait une pleine page sur la participation de soldats blancs, français, à ce massacre du 13 mai 1994 à Bisesero, la journaliste américaine Anne Jolis, qui avait couvert la deuxième partie de mon enquête au Rwanda, se posait déjà toutes les questions, dont celle de la possibilité que Paul Barril ait effectivement pu être impliqué dans cette affaire.

S’il est tout à fait légitime que toutes les questions soient posées, on gagnerait toutefois à faire connaître les éléments qui permettent d’affirmer telle ou telle chose. Or nous ne sommes malheureusement pas informés de ce qui permet à ce témoin d’affirmer que ces Blancs du 13 mai étaient des mercenaires. Nous ne savons pas plus quelle est la source de ce témoignage.

Quant à moi, je précise dans mon livre que les hommes du 13 mai étaient des soldats blancs, français, sans entrer dans la problématique consistant à savoir s’ils étaient ou non mercenaires. Je suis en effet parti du principe, et je le développe dans mon ouvrage, qu’il s’agit là d’une question piège.

IGIHE : On ne peut toutefois éviter de vous poser cette question : selon vous, ces soldats blancs, français, qui ont activement participé au massacre du 13 mai sont-ils des mercenaires ou des soldats de l’armée française ?

Serge Farnel : S’il faut bien sûr aller au bout de l’investigation, il ne faut pas moins garder à l’esprit que la question principale est celle de savoir si les génocidaires français du 13 mai étaient ou non liés, de quelque façon que ce soit, à l’état-major français. Est pour moi secondaire le fait que ce soit Barril ou un autre qui ait, à tel ou tel instant du génocide, figuré sur l’en-tête des factures de « services » contractés avec les autorités génocidaires rwandaises, ou bien encore que l’équipe formée pour massacrer les civils tutsi le 13 mai ait été constituée de soldats français en service ou non dans l’armée française au moment précis du massacre.

Ce massacre de civils a été conçu comme une opération militaire, et avec les moyens d’une opération militaire. On conviendra dès lors qu’il eût été improductif de se passer des services de soldats à même de manier les armes lourdes qui furent utilisés pour cette triste besogne. On conviendra également qu’il eût été improductif de recourir à d’autres personnes que ces soldats français qui avaient, dans les années précédentes, formé les militaires rwandais ainsi que les milices génocidaires, les premiers au côté desquels il s’agissait à nouveau, ce 13 mai, de faire feu, les seconds chargés d’encadrer la population hutu afin qu’elle participe à leurs côtés à encercler les civils tutsi, à traquer les fuyards et achever les blessés touchés par le feu des militaires.

Voilà probablement pourquoi Semi Bazimaziki, un ancien militaire rwandais dont le témoignage est retranscrit dans mon livre, a fait savoir qu’il avait retrouvé en ces soldats français du 13 mai des façons de fonctionner identiques aux méthodes de ceux qu’il avait longtemps côtoyés au cours des années précédant le génocide, que ce soit en formation à Bigogwe ou au combat dans l’Umutara en 1991.

La seule question importante est celle savoir si les hommes du 13 mai étaient liés à l’état-major français. Or au moment même où les génocidaires français se coordonnaient le 13 mai sur le terrain de Bisesero avec les militaires rwandais, le général français Huchon, alors chef de la mission militaire de coopération au ministère de la Coopération, se coordonnait lui avec le chef d’état-major des Forces armées rwandaises. Un téléphone crypté a ainsi été acheminé de Paris à Kigali pour leur permettre de dialoguer en tout sécurité. Paris ne pouvait dès lors ignorer ce que faisaient ces soldats blancs le 13 mai à Bisesero dans le cadre d’une opération militaire d’une si grande envergure au côté des forces militaires génocidaires rwandaises. C’est cela qui compte.

Quant à Barril ? Et bien Barril, c’est la France. Toutes ces questions le concernant, aussi nécessaires soient-elles pour avancer dans notre compréhension de l’Histoire, n’en sont pas moins susceptibles de nous éloigner de la question principale.

IGIHE : Qu’en est-il justement des liens de Paul Barril avec la France officielle ?

Serge Farnel
 : Barril a été parrainé au Rwanda par François de Grossouvre. De Grossouvre, c’est alors l’homme de confiance de François Mitterrand : il n’est pas que le parrain de Paul Barril au Rwanda, mais aussi celui de la fille cachée du président français. Alors vous imaginez les liens entre les deux hommes ! Dès octobre 1990, Grossouvre organise à Paris une rencontre entre Barril et le président rwandais. Cette rencontre aboutit à la mission consistant à infiltrer la rébellion du FPR [Front patriotique rwandais constitué en grande partie des exilés tutsi des pogroms rwandais des années soixante, ndlr].

Dans ces conditions, que ce soient des hommes de Barril ou des soldats français d’active – rien d’ailleurs n’empêchant ces derniers de travailler momentanément pour lui ! - qui aient, à tel ou tel moment du génocide, été aux basses œuvres, ne change pas grand-chose à l’affaire de l’implication française dans ce génocide.

IGIHE : L’article de Survie fait état de ce que Barril aurait procédé à la « location d’un avion utilisé par son équipe en mai 1994 ». De quoi s’agit-il ?

Serge Farnel : Je n’en sais rien pour le moment. Il est possible qu’il se soit agi là de participer un des convoyages d’armes et de munitions au moment où l’armée française ne pouvait plus le faire directement, étant donné l’embargo voté le 17 mai 1994. On sait que des armes ont été livrées à partir de l’aéroport de Goma par des soldats français aux forces génocidaires aussi bien en avril, en mai, qu’en juin 1994, des armes qui ont d’ailleurs, en juin, été livrées directement par les forces de Turquoise au moment précis où ces dernières sont entrées au Rwanda par Cyangugu.

Un ancien milicien, Jean-Damascène Uzabakiriho, date une livraison de cette nature au 29 avril 1994, se souvenant que l’avion était alors piloté par des militaires français (rapport Mucyo). Les notes que j’ai prises au cours de cette audition font ressortir que ces soldats parlaient français et portaient des uniformes militaires tachetés. Ca, c’est donc pour le 29 avril. Mais il a également fait savoir qu’il avait, au mois de mai cette fois, à nouveau déchargé des armes à l’aéroport de Goma.

Un autre ancien milicien, Emmanuel Nshogozabahizi, affirme lui y avoir également déchargé des armes en mai 1994 (rapport Mucyo). Mes notes font ressortir qu’il a précisé que cette livraison a eu lieu après le 20 mai. Dans mes notes toujours, il précise avoir alors vu à côté de l’avion au moins quatre militaires portant des uniformes français et parlant le français, une langue qu’il ne parle certes pas, mais dont il affirme pouvoir savoir quand on la parle. Il s’est enfin souvenu qu’on leur avait dit de faire vite, l’avion devant aussitôt retourner à Bangui [Capitale de la République centrafricaine, ndlr], une ville dont cet ancien milicien ignorait alors jusqu’à l’existence.

Selon l’agence rwandaise d’information, un autre milicien entendu par la commission Mucyo, Orose Nisengwe, établit que c’est à deux reprises (en avril et mai 1994) qu’il a lui été envoyé décharger des armes apportées par les Français à l’aéroport de Goma. Selon le rapport Mucyo, il y aurait trouvé trois avions (et non un seul !) appartenant aux militaires français, remplis de caisses contenant des armes et des grenades.

Alors la livraison d’armes par avion en mai 1994 a-t-elle ou non été opérée par Barril et ses hommes ? C’est une question à se poser. Peut-être aura-t-on dû recourir momentanément à ses services en raison de l’embargo voté le 17 mai 1994. Mais peut-être s’est-il agi d’autre chose. Je ne le sais pas. En tout cas, on voit bien que les armes n’ont semble-t-il en général pas eu besoin des services de Barril pour être livrées aux forces génocidaires pendant le génocide !

IGIHE  : Barril est-il, selon vous, impliqué dans la préparation même du génocide ?

Serge Farnel : Pas plus que nombre de soldats de l’armée française. Je m’explique. Barril n’est passé à l’Akazu - noyau qui préparait alors le génocide - qu’en 1992. Or c’est l’année précédente que les soldats français ont, au sein de l’armée rwandaise, créé le CRAP [Commandos de recherche et d’action en profondeur, ndlr] qui allait avoir un rôle prépondérant dans le déclenchement de ce génocide. Son recrutement s’est opéré à partir du bataillon paracommando du camp de Kanombe. Charles Bugirimfura, qui faisait partie de ce bataillon, a fait état de ce que le CRAP avait constitué les escadrons de la mort qui, immédiatement après l’attentat du 6 avril 1994 contre le président rwandais, furent chargés de l’assassinat sur liste des Tutsi ainsi que des Hutu susceptibles de s’opposer au gouvernement putschiste génocidaire. J’ai assisté à son audition devant la commission Mucyo. S’étant jusque-là exprimé en kinyarwanda, c’est subitement en français qu’il prononça l’expression « escadrons de la mort » ! Pourquoi donc la prononça-t-il en français, si ce n’est parce que ces escadrons avaient été non seulement mis en place mais également nommés ainsi par des Français ?

Si Barril et ses hommes avaient été les seuls Français à être impliqués dans la préparation du génocide au côté de l’Akazu, cela signifierait que Barril aurait utilisé ces CRAP à une fin autre que celle initialement pensée par l’armée française. Or cela supposerait qu’il ait pu le faire au nez et à la barbe des soldats français officiels de la mission Noroît, des soldats qui n’ont pourtant pas quitté le camp de Kanombe pendant tout le temps que dura l’élaboration du génocide ! Peu probable, non ?

Pour information, Barril nie implicitement avoir été impliqué dans la formation des CRAP. Dans les rushes du documentaire Tuez-les tous, il affirme en effet : « La France avait formé soixante-sept commandos de recherche et d’action en profondeur. Sur soixante-sept, il en restait vingt-cinq de vivants. Les vingt-cinq vivants, c’est la première chose que j’ai faite quand je suis arrivé : « Sortez des rangs, vous venez avec moi. » » Et de conclure : « On a retardé certainement d’un mois, de trois semaines, la prise de Kigali. On était les seuls à faire des opérations sur les arrières de Kagamé ». Est-ce là l’« opération insecticide » dont parle notamment Alison Des Forges ? Est-ce là en partie le « contrat d’assistance » signé le 28 mai ? Autant de question que la procédure permettra sans doute d’éclaircir.

Ces escadrons de la mort ont en tout cas été formés en amont du génocide par des soldats français. Ces escadrons, on le sait aujourd’hui, ont été les acteurs de la deuxième phase du génocide, la première ayant été l’attentat. Aussi, quelques minutes après que l’avion présidentiel eut été abattu, l’officier français Grégoire de Saint-Quentin, qui conseillait le bataillon paracommando dans le camp de Kanombe, obtint un passe-droit pour se rendre sur le lieu du crash, ce alors que la mission locale des Nations unies s’y était elle vu refuser l’accès. De Saint-Quentin s’y rendit avec le major Ntabakuze qui, de retour au camp Kanombe, donna le feu vert aux escadrons de la mort pour qu’ils démarrent les massacres, ce au prétexte de venger l’assassinat de leur président. Il venait là de déclencher, après l’attentat, la deuxième phase du génocide.

IGIHE : Faut-il donc considérer que la plainte est en deçà de la réalité ?

Serge Farnel  : On se trouve, il est vrai, dans un cas autrement plus grave que la complicité de génocide visant Paul Barril, d’abord en ce qu’il concerne la France officielle dont Barril n’est qu’un des acteurs, ensuite parce qu’il ne s’agit pas de complicité de génocide mais bien de sa planification puis de sa mise en œuvre conjointement avec le gouvernement putschiste rwandais. L’article de Survie mentionne que la plainte pour complicité de génocide contre Barril s’appuie sur la jurisprudence du Tribunal Pénal International selon laquelle on peut être accusé de complicité de génocide quand bien même on n’a pas eu « l’intention spécifique de détruire en tout ou en partie le groupe national, ethnique, racial ou religieux visé comme tel. » Or l’armée française a formé les commandos de la mort ainsi que les milices génocidaires dans le but précis de commettre ce génocide selon un scénario auquel ils ont pris part tour à tour. Aussi, s’il y a une stratégie juridique à se contenter de la complicité de génocide pour obtenir une condamnation, je crains qu’elle ne se fasse dans l’opinion au détriment de la vérité historique.
Il ne fait aucun doute que Barril est concrètement intervenu au côté du gouvernement génocidaire, ce qu’il a fait en parfaite entente avec l’armée française. L’article de Survie fait état de ce que Grégoire de Saint-Quentin a, en 1998, publié dans la revue Défense Nationale un texte « sur le recours de l’armée aux mercenaires ». Or on lit dans ce texte que l’officier français considère cela être « un moyen supplémentaire au service des puissances qui, devant recourir à l’action militaire, ne le peuvent que de façon indirecte. » Barril n’en remplit pas moins aujourd’hui une autre fonction : celle consistant à focaliser l’opinion sur sa seule responsabilité. Le fusible de la France officielle, en somme. Un classique du genre. Voilà d’ailleurs qui nous promet peut-être un intéressant bras de fer entre lui et l’armée française !

IGIHE : Cette procédure contre Barril risquerait-elle donc de troubler la lecture de ce génocide en ce qu’elle nous ferait perdre de vue la réelle responsabilité de l’Etat français ?

Serge Farnel  : Il faut veiller à ce que ce ne soit pas le cas, c’est tout. Elle doit nous aider à avancer vers la compréhension de l’Histoire. Et c’est une très bonne chose. Quant à Barril, il doit être jugé pour ce qu’il a fait au Rwanda. Autrement dit, il faut définir précisément ce qu’il y a fait.

S’il y a un risque dans cette procédure, il est, selon moi, de faire penser que la problématique de l’implication de la France dans le génocide à l’encontre des Tutsi du Rwanda se résumerait à une double question : celle de l’implication de Barril dans ce génocide ainsi que celle de ses liens avec la France officielle. Or cette problématique est loin de pouvoir se réduire à cela ! Il faut donc veiller à ne pas se laisser aveugler par ce débat, ce qui peut se faire simplement en prenant soin d’être précis et complet.

Ainsi, si nous reprenons l’article de Survie, et pour ce qui concerne « les enquêtes des organisations de défense des droits de l’homme en 1992 et 1993 sur les massacres qui avaient déjà eu lieu », je rappellerais pour ma part que celui perpétré en 1992 sur la communauté des Tutsi Bagogwe au nord du Rwanda a été une opération française en ce que des instructeurs français ont non seulement formé, dans le camp de Bigogwe, les miliciens rwandais à tuer des civils, mais les ont accompagnés chez les Bagogwe pour une mise en pratique nocturne de ce qu’ils venaient de leur enseigner dans la journée.

Pour ce qui concerne le rapport onusien qui « décrit déjà l’implication des autorités dans les massacres, la formation des miliciens par les FAR [Forces armées rwandaises] », j’ajouterais que ce sont les soldats français qui assuraient ces formations tout en s’appuyant, il est vrai, sur des militaires rwandais alors sous leurs ordres.

Enfin pour ce qui concerne le fait que « les miliciens et militaires de l’armée rwandaise (FAR) tuent (…) dans certain cas à l’aide de mortiers comme à Bisesero », je préciserais que des Blancs se trouvaient derrière les armes lourdes de ce massacre.

Quant à la perpétration du génocide, il ne faudrait pas que la procédure contre Barril nous fasse oublier tous ces éléments absolument confondants à l’endroit de la France officielle. Quelques exemples ? Quand des armes ont été distribuées aux milices génocidaires pendant Turquoise, elles l’ont été immédiatement par des soldats français après que ces derniers furent entrés au Rwanda par Cyangugu. Ce sont ces mêmes soldats, et non des hommes de Barril, qui ont ensuite couvert les miliciens lorsqu’ils les ont utilisées pour tuer les Tutsi. Les hélicoptères qui ont largué des civils tutsi vivants dans la forêt de Nyungwe sont bien des hélicoptères de Turquoise et non des hélicoptères affrétés par Barril. Voilà pour ne citer que quelques exemples.

Il faut certes saluer toute avancée vers la vérité, et le fait que Paul Barril soit aujourd’hui dans le collimateur de la justice va dans ce sens. Toutefois, la polarisation de l’opinion sur son cas risque d’aboutir à un des objectifs de sa présence au Rwanda : servir de leurre susceptible de nous faire croire que toutes les atrocités françaises auraient été commises par ses propres hommes. Encore une fois, Barril pourrait bien servir de fusible dans cette affaire. Or la question de l’implication de la France dans le génocide à l’encontre des Tutsi du Rwanda n’est pas réductible à la question Barril.


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