Le District de Rulindo a décidément adopté une stratégie de développement qui promeut les ressources locales et les potentialités de son environnement. Il ne manque pas de personnalités natives du district pour entreprendre des activités de transformation des produits d’agro élevage du coin. C’est le cas de Pierre Damien Mbatezimana, propriétaire de Shekina Ltd. Il a investi dans la production de l’Isombe en poudre parfaitement conservable. Son Usine de séchage de feuilles de manioc et autres produits, il a érigé à Nyirangarama à un Kilomètre du chef-lieu de district Rulindo.

Sa stratégie consiste à renforcer la capacité des fermiers agricoles qui lui fournissent des denrées agricoles. Il transforme la plupart d’entre eux en produits finis conservables sur plus de trois ans et destinés à l’exportation. D’autres sont exportés en l’état vers l’Occident.
Interview
IGIHE : Monsieur Pierre Damien Mbatezimana, vous êtes dans la transformation agroalimentaire, sur quoi porte vos prestations ?
Pierre Damien Mbatezimana (P.D.M) :
Nous avons cherché à exploiter les feuilles de manioc produites dans tout le district de Rulindo. Après avoir construit l’usine et l’avoir équipé, nous avons construit 5 centres de collecte de feuilles de manioc un peu partout dans le district où nous travaillons avec des coopératives essentiellement faites de femmes.
IGIHE : Votre capital initial ?
PDM : Nous avons démarré les activités avec des moyens de bord en 2009 avec un capital de quelque 3 millions. Petit à petit, le patrimoine de Shekina s’élève environ à 80 millions de Francs.
Quels sont vos produits ?

PDM : Actuellement nous avons 5 produits AKEZA dont Akeza- Feuilles de Manioc Pilées et Séchées, Akeza, Farine de Manioc FOUFOU, Akeza- Farine de Blé, Akeza-Farine de Soja Grillé, Akeza-Farine de Blé Entier et Akeza-Farine d’Arachides.
L’Isombe en poudre, que nous produisons a une période de conservation d’ au moins deux ans avant sa consommation. Nous avons également la farine de blé, Akeza, l’aubergine en poudre.

Votre production annuelle progresse-t-elle d’année en année ?
Parfaitement. Depuis que nous avons commencé en 2009 cette activité de transformation alimentaire, nous n’avons cessé d’accroître la production. L’année 2009 s’est terminée avec une tonne de produits finis prêts pour la consommation. De 2010 à 2014, nous avons régulièrement exporté chaque année un conteneur de Vingt pieds. Pour ce seul premier trimestre de 2015, nous nous préparons à exporter 2 conteneurs. Nos prévisions montrent qu’il en sera autant pour les trimestres prochains.
IGIHE : Comment sont appréciés vos produits sur le marché international ?
Ils sont très prisés. Nous les exportons au Canada, aux USA, en Grande Bretagne, en Suède. Nous avons également des commandes de la part de nos pays voisins.

IGIHE : Quelles sont les voies d’exportations ?
Toutes ! Terrestres, maritimes, aériennes. Nous avons également des clients qui préfèrent la voie postale.
Votre industrie profite-t-elle aux habitants de votre district ?
Parfaitement ! Les habitants du district de Rulindo fournissent à l’Usine les matières premières : les feuilles de manioc qu’ils collectent dans leurs champs, le blé, le soja, le manioc et l’arachide qu’ils cultivent.
Actuellement ils sont capables verser leurs contributions à l’assurance-maladie Mutuelle de Santé. Leurs enfants, ils couvrent aisément les petits frais scolaires pour leurs enfants.
IGIHE : Quelle action estimez-vous essentielle de votre usine pour la promotion des habitants de Rulindo ?
Notre action porte essentiellement sur la promotion de la femme. Les cinq centres de collecte d’Isombe dans le district sont gérés en partenariat avec les associations coopératives des femmes.
A ces associations, nous leur exposons les besoins en denrées et leur quantité. Elles prennent soin de ces commandes. Des fois nous leur demandons de nous livrer des légumes frais ; les aubergines et les Dodo qui sont exportés en l’état.
Elles gagnent, réalisent des recettes familiales et font marcher l’usine.
IGIHE : Vous avez beaucoup de commandes à l’étranger, combien de capitaux de réinvestissement sont-ils nécessaires pour satisfaire votre marché ?

L’extension de l’usine et la multiplication des collectes de denrées partout dans Rulindo et dans d’autres districts alentour, le papier d’emballage, et autres me prendraient au moins 700 millions de francs.
IGIHE : D’après vous quelles sont les défis à relever pour que beaucoup d’investisseurs rwandais et étrangers versent leurs capitaux dans la transformation agro alimentaire ?
Quand on investit dans l’agroalimentaire, cela demande un soin et une grande qualité dûment contrôlée des produits. L’emballage compte également. Nous pensons que les pouvoirs publics devraient nous aider à monter une usine d’emballage dans le pays. Les emballages nous coûtent cher là où nous les faisons faire.
Ça c’est un. Ensuite, il est une autre grande urgence : la mise sur pied d’une Banque d’investissements agricoles. Celle-ci est importante car les taux des banques commerciales de la place sont très élevés, 17 à 18%. Il est pratiquement impossible pour nous de demander des prêts importants pour la construction d’usines. Les taux d’intérêts sont faramineux.
Il est facile pour un opérateur en commerce général import-export de s’octroyer des crédits énormes nécessaires pour son business car il réalise immédiatement des profits et paye ses crédits. Nous, cela nous prend tout au moins deux ans pour pouvoir commencer le remboursement de ces crédits.
IGIHE : Dans le cadre de votre activité industrielle, êtes-vous appelé à faire recours au monde de la recherche universitaire ?
Oui. Actuellement nous sommes entrain de mettre sur pied un cadre de collaboration avec les chercheurs de l’Université du Rwanda avec son Collège d’ISAE Busogo. Ils vont travailler sur l’Amélioration des produits agricoles des fermiers agricoles de Rulindo pour qu’ils puissent fournir toute quantité et qualité que nous leur demandons.
IGIHE : Quels sont vos autres partenariats ?
Nous avons une coopération avec une ONG hollandaise PUM faite de vieux retraités. Elle nous envoie des experts en sciences alimentaires pour améliorer nos produits. Ces experts viennent appuyer les prestations de notre ingénieur en sciences alimentaires. Celui-ci est épaulé par un personnel d’appui de 35 agents.
IGIHE : Le Plaidoyer fait par la Fédération nationale du Secteur Privé (PSF) ?
Le PSF fait beaucoup pour nous. Il nous appuie et facilite beaucoup de démarches quand nous sommes invités dans des expositions internationales de produits agroindustriels. Les coûts de participation sont divisés en deux. Le PSF en paie une partie et nous, une autre. D’autres fois, il paye le stand d’exposition ou le ticket d’avion.
IGIHE : Etes-vous content de votre qualité d’industriel rwandais ?
Oui et cela ne fait que commencer. Je me sens utile pour le pays et pour l’amélioration du pouvoir d’achat des habitants de ma région. J’encourage d’autres investisseurs dans le domaine. Il est vaste et promet de confortables profits. Mais il faut être patient pour y arriver.
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