Un chef de cellule de 18 ans nommé Mugisha Aaron a protégé les Tutsi dans sa cellule pendant le Génocide

Redigé par IGIHE
Le 16 avril 2018 à 10:19

Un chef de cellule âgé de 18 ans pendant le Génocide des Tutsi de 1994 a pris l’héroïque et salutaire initiative de protéger les Tutsi dans sa cellule de Ruli dans le district de Gakenke (Province du Nord) et personne d’entre eux et même des Tutsi qui avaient trouvé refuge dans cette cellule n’a été tué.

Ce chef de cellule est Mugisha Aaron qui dirigeait la cellule de Kibirizi où aucune personne et même un Tutsi n’a été tué.

Actuellement Mugisha a été nommé un Juste (Sauveteur) et un Protecteur du Pacte de l’Amitié des Rwandais.

Il a témoigné lors de la cérémonie de clôture de la 24ème Commémoration du Génocide des Tutsi. C’était au site mémorial du Mont Rebero qui surplombe la Ville de Kigali et où reposent les restes des politiciens de l’opposition qui ont été tués parce qu’ils ont lutté contre l’idéologie sectaire du régime qui a perpétré le Génocide.

Ils sont considérés comme des modèles et leur combat demeure une référence pour les Rwandais et l’humanité entière parce qu’ils ont refusé de cautionner un pouvoir responsable d’un crime collectif.

Mugisha est devenu un leader local en 1993 à l’âge de 18 ans. Il a puisé l’exemple chez son père qui avait dirigé comme conseiller le Secteur de Mpara.

« La chute de l’avion du président Habyarimana m’a fait peur suite aux tueries qui se préparaient sur l’ensemble du pays. Ma conscience m’a averti que j’allais affronter une rude épreuve. J’ai tenu ferme, car je sentais en moi la force de résister surtout que j’étais encore jeune, et que j’avais en moi la volonté de diriger. Quand les tueries ont débuté en date du 15 Avril 1994 dans la zone que j’habitais, j’ai tenu une réunion extraordinaire avec les habitants sous ma supervision. Je leur ai dit de ne pas se faire enrôler dans les tueries qui se commettaient. Les habitants m’ont approuvé. J’ai senti l’espoir me revigorer, car ils étaient venus nombreux à la rencontre. Nous nous sommes convenus que si quelqu’un apprend une information urgente, nous devions la partager, nous réunir et adopter des stratégies pour faire face, tout en restant soudés », témoigne-t-il.

Au mois de Mai, huit Tutsi qui avaient trouvé refuge dans la cellule Ruli ont été attaqués par des miliciens « Interahamwe » provenant de la circonscription de Baseso. Grâce à la force et à la solidarité dont a fait preuve la population, l’attaque a été repoussée à trois reprises. Sans dégâts. Parce que les habitants étaient unis et solidaires.

Quand la paix a été rétablie, Mugisha a été élu pour diriger en deux ans la cellule Ntara en 2000. Il a eu à faire face dans la suite aux gens qui ont pillé les biens des autres pendant le Génocide. Il a organisé une réunion et il a fait comprendre aux pillards qu’il fallait rembourser les biens d’autrui. Mais certains pillards n’ont pas été convaincus.

En 2004, lors des Juridictions Gacaca, Mugisha a joué un rôle pour que ceux qui ont pillé ou qui se sont appropriés les biens des autres les remettent. Il a été écouté et obéi. Les biens des autres ont été remis aux ayants droit. Dans toute la cellule de Ntare.

Mugisha a créé une Association pour l’Unité et la Réconciliation qui regroupe les rescapés du Génocide, et ceux qui n’étaient pas pourchassés. En 2012, il a bénéficié d’une formation axée sur la réhabilitation des cœurs et des familles. Cette Association rassemble 17 Protecteurs du Pacte de l’Amitié des Rwandais (Les Juste ou Sauveteurs) originaires du Secteur Ruli.

Dans son message lors de la clôture à Rebero de la 24ème Commémoration du Génocide des Tutsi, Mugisha a conseillé aux jeunes et aux politiciens de ne jamais tomber dans le piège de la division, et de privilégier la voie de la paix, afin que le pays respire le calme et le développement durable.

Avec ARI


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