Au cours de la journée de ce dimanche 24 août 2014, deux événements de l’église catholique rwandaise portent à question. Il s’agit du Jubilée d’Or d’une Paroisse de Muganza en Diocèse catholique de Gikongoro et de contributions quasi obligatoires pour construction d’une cathédrale de la paroisse de Ruhuha de l’archidiocèse de Kigali.

Ces deux événements ont attiré la participation des grands officiels rwandais. Cela n’est que normal. Mais il est tout aussi étonnant d’entendre un discours des religieux qui vient carrément compléter celui de l’action gouvernementale. Signe que l’Eglise catholique, telle un caméléon, n’a rien perdu de sa superpuissance dans la société rwandaise où elle a évolué avec des hauts et des bas.

Un homme d’Etat main dans la main avec l’homme d’église. Intéressant de voir la nouvelle politique gouvernementale qui veut que l’Eglise soit listée parmi les ONGs poursuivant des intérêts économiques certains. Elle marche parfaitement bien avec cette idée pratique.

Ce dimanche 24 août 2014, la Paroisse de Muganza du Diocèse catholique de Gikongoro fête ses 50 ans d’existence. Une occasion pour Mgr Philipe Rukamba de rédiger des faire part aux grands notables du régime. Toute une cohorte ! Et ce n’est pas de refus. Le Premier Ministre Anastase Murekezi et sa suite répondront chaleureusement à l’invitation.

Simultanément, l’Archevêque de Kigali s’est déplacé ce même dimanche pour la Paroisse de Ruhuha pour montrer la grâce de Dieu à ses ouailles qui doivent construire elles-mêmes un bon temple, une paroisse bien avenante. Du coup, le fundraising fait ce jour-là récoltera quelques 5.400.000 Frw. Le maire de Buresera, les secrétaires exécutifs de secteurs, les institutions étatiques et fonds de commerce, tout ce beau monde aura accouru pour faire honneur à l’Archevêque catholique de Kigali, Mgr Thaddée Ntihinyurwa.

Intéressant est le discours des prélats de l’Eglise catholique romaine- chapitre rwandais. On vaque main dans la main avec les programmes du gouvernement actuel autant qu’elle l’a fait avec les régimes précédents. L’Eglise catholique sait s’accommoder avec les régimes qui passent et repassent. N’est-elle « une et universelle » ?

« Construisez vous-mêmes le temple de Dieu où vous le glorifierez », a-t-il lancé à ses ouailles qui ont eu une mauvaise saison culturale B. La sécheresse a tapé dur. Les cultures se sont asséchées et les greniers quasi vides sauf les plus entreprenants, combien sont-ils ?, qui ont compris que les marais du Bugesera peuvent être une source de réponse à leur inlassable labeur grâce à la promotion gouvernementale des produits maraîchers (oignons, aubergines, tomates, piment) sur le marché local et étranger.

Le Monseigneur vient-il lever son impôt en construction de la paroisse pour le bien être de ses prêtres ? Oui mais que donne-t-il en échange à ses paroissiens pour qu’ils aient des sources de revenus afin de contribuer à l’échafaudage de leur cathédrale ?

« Redoublez d’efforts de travail afin que vous produisiez davantage. Votre foi se verra dans votre productivité », a-t-il lancé à ses paroissiens en usant de la sophistique pour montrer que les voies de Dieu sont impénétrables.

Le clerc, lui, à travers le Maire de Bugesera, Rwagaju Louis, comprend le grand travail idéologique abattu par cette église qui recommande la sainteté à ses ouailles.
« Nous sommes reconnaissants à l’église pour ses enseignements à ses fidèles. Cette année a été caractérisée par l’absence de crimes familiaux dans les ménages de chrétiens », a dit le Maire recommandant aux paroissiens de construire eux-mêmes le temple où ils sanctifieront leur Dieu.

Le premier Ministre, invité d’honneur au Jubilée d’Or de Muganza- Un discours pragmatique.

Un peu plus loin au sud, saisissant l’occasion, le Premier Ministre Anastase Murekezi, hôte de marque de Mgr Philipe Rukamba, a appelé l’église catholique à poursuivre les actions destinées à améliorer les conditions de vie de ses paroissiens.

« Nous apprécions la contribution de l’église catholique. Ses activités de construction des hôpitaux, des centres de santé, des centres nutritionnels, des gardiennes, des écoles primaires, secondaires et universitaires contribuent grandement à l’amélioration de la santé et du niveau intellectuel des citoyens », a lancé le Premier ministre Murekezi ne pipant mot sur l’histoire récente douteuse de cette église pour laquelle beaucoup de rescapés du génocide des Tutsi n’oublieront pas que ces paroisses ont été leurs tristes hécatombes entre avril et juin 1994.

Le Premier ministre ira même plus loin pour suggérer : « Nous vous demandons une collaboration soutenue avec le gouvernement dans le secteur scolaire et promotion des métiers. Inaugurez également des salles d’internet dans votre paroisse, dans tous les établissements scolaires y compris dans les 12YBE (Système scolaire de 6 ans d’école primaire et 6 ans d’humanité) et 9YBE ( Etablissement scolaire à système d’école primaire plus 3 ans de Tronc Commun) ».

A Gikongoro comme à Ruhuha, ces grands “clercs”, Premier minister Murekezi ou Maire Rwagaju semblent suivre obsessionnellement de pratiques préoccupations terrestres pour leurs citoyens quand les ministres de Dieu recommandent des prières pour les âmes de ces derniers.

« Je demande à tous les Rwandais de participer à la prévention des accidents de circulation routière et de répondre tous au membership de la Mutuelle de santé. Dans cette Mutuelle de Santé les chrétiens qui en ont les moyens vont entrer en collaboration avec le Gouvernement pour couvrir l’assurance maladie à ceux qui en sont dépourvus de moyens de s’en approprier », a lancé le Premier ministre tentant une subtilité du langage clergical.

C’est bien clair, ce chef du gouvernement n’ira pas par quatre chemins. Vise-t-il l’impôt de plus en plus consistant d’une large base taxable, trouve-t-il normalement que les paroissiens doivent profiter des infrastructures de génie rural mises en place par le gouvernement ?

« Les terrasses radicales aménagées avec de la chaux sur les hautes collines de Gikongoro ont coûté fou au gouvernement… Je recommande aux habitants de Nyaruguru de mieux parfaire leur carrière de fermiers. Particulièrement j’insiste sur la culture du thé, du maïs, de la pomme de terre et du blé sur ces terrasses radicales et avoir une grande productivité ».

Mgr Rukamba a, dans son sermon, montré comment l’église est le prolongement des politiques publiques en inculquant des valeurs morales fondamentales dans la vie d’un citoyen catholique :

« L’église catholique vient de faire beaucoup de réalisations dans cette paroisse grâce à la collaboration avec ses ouailles. La chrétienté, c’est la culture, l’amitié et l’aide mutuelle », a-t-il dit montrant qu’elle tient au salut des âmes au moment où elle laisse au gouvernement les préoccupations de subvenir aux besoins charnels de ses paroissiens.