Une vie désemparée d’enfants trouvés à côté des corps des victimes du génocide des Tutsi

Redigé par IGIHE
Le 13 avril 2018 à 12:21

La société rwandaise aura long à se rétablir et se vacciner de ce génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Des sections entières restent toujours désemparées et ne comprennent pas ce qui leur est arrivé. C’est le cas d’enfants orphelins de ce génocide et, encore nourrissons, trouvés à côté de leurs parents génocidés et élevés dans des orphelinats et plus tard, dans des familles d’accueil.

Ces nourrissons du temps du génocide sont devenus des jeunes filles et garçons de 24 ans. Quinze d’entre eux ont fondé une association Hope of Future family dans laquelle ils essayent de comprendre ce qui leur est arrivé en 1994 et les conséquences qu’ils vivent en ce moment.

Ils se sont confiés avec dépit à IGIHE pour étaler leur amertume de ne pas être reconnus par le FARG/Fonds d’Assistance aux Rescapés du Génocide comme des rescapés devant bénéficier d’aide à l’éducation, aux soins de santé et autre autant que les autres rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi de 1994.

Dans les familles d’accueil où ils vivent après avoir quitté les orphelinats, ils disent ne pas mener une vie digne. Et, ils ne savent pas leur âge. Ils ne peuvent qu’approximativer entre 24 et 27 ans parce qu’avec l’irruption du génocide ils ne savaient pas encore discerner les événements. Aussi n’ont-ils pas aucune image de leurs parents.

David Ndayambaje est le fondateur de cette association. Il confie avoir été adopté par une mère âgée qui est venue le prendre à l’orphelinat Centre Gisimba de Nyakabanda, quartier du Sud de Kigali. "La mère ayant l’âge très avancé, ses enfants sont venus la récupérer pour l’emmener avec eux. Je vis actuellement seul", a-t-il indiqué à IGIHE.

Il a un gros dilemme quand survient la date fatidique de commémoration du génocide des tutsi de 1994. Il se force de se souvenir et nourrit des doutes :

"Je vais me souvenir des événements de 1994 de quelle façon ? Je dois me souvenir de qui ? Si mes pensées vont à ma mère, à mon père, ont-ils rééllement été tués ? Moi et mes camarades d’association, ce problème, nous le soulevons. Il nous fait de la peine", a dit Ndayambaje soulevant une question existentialiste de ne pas connaître ses origines.

Pour la plupart d’entre eux, il y a eu des abandons scolaires. Ils n’ont pas accès aux soins de santé....

Il partage ce problème avec un autre rescapé Jean Marie Muhirwa qui, tout nourrisson, a été trouvé lui aussi â côté de ses parents génocidés et élevé dans un orphelinat TUMURERE de Ndera, quartier Est de la Ville de Kigali et récupéré en 1997 par une famille adoptive qui, il est vrai qu’il était difficile, n’a fait aucun effort de chercher à connaître qui étaient ses parents.
Au sortir de ses études de cycle inférieur des humanités, la cohabitation a été difficile avec ma famille adoptive et nous nous sommes séparés, a dit Jean Marie qui vit seul dans la précarité de la vie.

"Nous souhaitons être entourés de sollicitude comme d’autres jeunes rescapés", a-t-il laissé entendre disant vivre une vive difficile.

Presque tous les jeunes interviewés ne connaissant pas leurs parents n’ont pas bien vécu leur vie dans les familles adoptives. C’est le cas aussi de Claudine Uwamahoro qui était élevée dans un orphelinat de Gahini en province de l’Est, a été confié en adoption en 1999 à une famille qui l’a chassée en 2005 parce que les promesses dudit orphelinat de continuer à faire le suivi en fournissant vivres et autres biens de première nécessité n’ont pas été tenues.

"Après m’avoir fait une employée de maison à Kigali, j’ai quitté pour me constituer enfant de la rue", a dit Claudine hantée par le manque d’affection maternelle et seule dans la vie loin de savoir ses origines parentales.

"La vie ne nous est pas facile. On est dans cette famille aujourd’hui pour s’attacher à une autre demain", a dit Claudine qui dit avoir été récupérée par une autre famille qui l’a aidé à poursuivre ses études d’école secondaire jusqu’en quatrième année mais qu’une autre famille qui l’a encore une fois adoptée tente de lui chercher de l’aide par le biais de la CNLG (Commission Nationale de Lutte contre le génocide).

Ces jeunes gens disent que tout leur problème vient du fait que leurs familles adoptives n’ont rien fait pour connaître leurs origines et que cette adoption qu’ils ont connue n’a jamais été reconnue légalement.

Le comble, et cela les travaille beacoup, dans leurs CV, à la question de Père et Mère, il est écrit SANS !!!

"Nous avons reçu de la CNLG une requête d’aide de ces enfants. Nous sommes entrain de rassembler des informations sur ce sujet", a confié à IGIHE Théophile Runerangeyo, DG de FARG disant que même si ces informations viendraient à manquer, ces enfants recevront de l’ ;aide de FARG autant qu’il le fait pour d’autres.
Il a néanmoins soulevé un manquement de ces parents qui n’ont pas entrepris la procédure d’adoption de leurs enfants disant que cela est punissable par la loi.


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